Ruin Lust - Choir Of Babel
Chronique
Ruin Lust Choir Of Babel
Alors, celle-là, je ne l’avais pas vu venir, pour être honnête. On a beau être habitué, écouter du metal depuis des décennies et à longueur de temps, il nous arrive encore de tomber sur LA pépite du moment. Celle dont je vais vous parler ici fait aussi mal qu’un baiser breton sur le coin d’un parpaing. Il est vrai que dit comme ça, je vous enlève tout suspens, et que les plus fainéants ou les plus malins, voire les deux, vont derechef passer à une autre chronique. Seulement, z’auriez tort de me squeezer de la sorte, car de surprises, ce troisième longue durée des New-Yorkais de Ruin Lust ne manque pourtant pas.
C’est en 2011 que se forme le groupe, enchainant directement avec la sortie d’une première démo. Restés jusque là dans un relatif anonymat, il se pourrait bien que les loustics voient enfin leurs efforts récompensés. S’ouvrant sur le morceau-titre, le disque nous fait entrer de plain-pied dans un monde anxiogène, oppressant et sans compromis. Les gars ne font pas dans la figuration ; non, ici, on a affaire à de vrais acteurs, à des mecs qui transpirent véritablement leur musique, et qui la vomissent au travers de vocaux malsains au possible, très souvent doublés. « Choir Of Babel » puisque c’est lui, envoie la sauce dès 1’30, après une « intro », ou plutôt une absence de vocaux, puis c’est la déflagration. On notera d’ailleurs la typicité de ce groupe à proposer des accélérations foudroyantes quand on s’y attend le moins (« Bestial Magnetism », gras et…bestial justement, en mode mid-tempo avant d’envoyer le fulguro-poing vers 2’17).
Le disque est resserré, à peine trente minutes pour cinq titres, un peu dans l’esprit du premier full des Turcs de Burial Invocation, sauf qu’ici on ne donne pas dans le metal de mort à la finlandaise. Que nenni, ici on fait allégeance aux pontes de la scène U.S., Incantation en tête, mais pas seulement. Ainsi, la noirceur d’Immolation n’est jamais absente des débats, mixée à la virulence d’un Angelcorpse/Revenge/Perdition Temple (rayez la mention inutile –‘tention, y’a un piège). Evidemment, le tout est noyé dans un son d’une épaisseur à faire passer un sumo pour un 36 fillette, et sent le soufre à 666 lieux à la ronde. L’album défile ainsi, et déroule ses douces complaintes sans équivoque (« Worm », le bien-nommé, ou « Prison Of Sentient Horror », très judicieusement choisi en guise d’extrait). Imparable. Tout semble si naturel et millimétré malgré cette sauvagerie et ce professionnalisme, que se forme alors une dichotomie, lugubre espace où l’on est aspiré, et où viennent s’agglomérer des images de guerre, de désolation, de caveaux remplis ras la gueule de corps démembrés.
Fier défenseur d’un death/black sans compromis, on peut dire que Ruin Lust n’a pas changé son fusil d’épaule depuis l’avant-dernier « Sacrifice », mais seulement changé de calibre, pour un gros truc à défourailler tout ce qui bouge. Automatiquement, l’impact est plus gros, faisant du dégât collatéral un but, plutôt qu’une conséquence ; j’ai d’ailleurs omis de vous parler de « Rites Of Binding » et ses presque neuf minutes de descente aux Enfers (riffing vicieux, atmosphères lugubres où Autopsy fornique avec Abscess sur fond de funeral doom), point d’orgue infernal de cet aller sans retour.
Abouti, aussi bien construit que composé, vécu autant qu’interprété, Ruin Lust nous offre là un disque essentiel, qui ravira tout autant le fan des groupes précités, que chaque amateur de sauvagerie sonore qualitative, ou de boucherie soigneusement appliquée. Assurément, un must have dans le style, et d’ores et déjà une des tueries de cette année 2020, décidément riche en moments forts.
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