Si la carrière de MASSACRA fut bien plus courte que celle des anglais de NAPALM DEATH, leurs discographies respectives se rejoignent en deux points singuliers : en 1992, les deux groupes se sont chacun fendus d'un album surpassant leurs oeuvres précédentes en termes de violence et de technique. A tel point que deux ans plus tard, les mêmes protagonistes éprouveront une certaine lassitude à enchaîner les plans alambiqués et opteront pour une approche plus basique en composant
« Sick » (très orienté rock/power thrash) et « Fear, Emptiness, Despair » (aux sonorités plus industrielles). Et si la bande à Barney a de nouveau enclenché la cinquième à compter de « Enemy Of The Music Business » en 2000, MASSACRA n'a pas survécu à la disparition de son guitariste Fred « Death » Duval, décédé en 1997. « Signs Of The Decline » reste donc l'ultime témoignage death metal du combo franco-allemand, sur lequel le batteur Chris Palengat (ici auteur de la plupart des lyrics) cède sa place à Matthias Limmer.
D'un bombardement death thrash en règle, MASSACRA délaisse la politique de la terre brûlée pour une guerre plus propre, menée au coup pour coup par le biais de frappes chirurgicales. La brutalité sans partage de « Evidence Of Abominations » ne laisse pourtant planer aucun doute sur les intentions de ses géniteurs : désireux de frapper vite et fort, ils ne s'encombrent même plus d'artifices introductifs façon
« Enjoy The Violence » et visent droit aux articulations, le drumming martial de Matthias (du bon blast à l'ancienne, pas mal de roulements et un jeu tout sauf linéaire) lançant d'emblée l'album sur des bases rythmiques très élevées. Et si l'apport de la nouvelle recrue est incontestable (le groupe variant bien plus le tempo au sein d'un même titre), l'excellente production de Tim Buktu propulse MASSACRA dans une nouvelle dimension sonore, encore que le groupe gagne en clarté et concision ce qu'il perd en sauvagerie pure. On peut regretter l'atmosphère glaciale revêtant un skeud beaucoup plus sec que
« Enjoy The Violence » (qui garde ma préférence malgré ses imperfections) mais d'un autre côté, reconnaissons qu'avec une telle prod, ce troisième album a bien mieux passé le cap des années (avec Colin Richardson – encore un point commun avec Napalm - au mix, ça aide grandement). Moins de taches pour un rendu plus clean donc, les nombreux morceaux à tiroirs appelant une attention de tous les instants pour mémoriser les passages les plus redoutables du lot. Premier break à couper le souffle sur « Traumatic Paralized Mind », un des deux titres sur lequel chante Fred Death, comparable dans l'approche au « Imperiled Eyes » d'ANNIHILATOR pour cette alternance de passages acoustiques (très brefs) entre deux accélérations vengeresses. Un morceau fantastique qui combine à merveille plans thrash assassins et death brutal à l'américaine, magnifié par un solo superbe de Jean Marc Tristani. Par ailleurs, l'exercice habituel qui consiste à minuter l'entrée en gare des meilleurs locomotives riffesques relève ici de l'impossible tant chacun des titres de « Signs » est frappé du sceau de l'excellence. Ainsi, on retrouve avec un plaisir sadique tous les éléments qui faisaient de
« Enjoy The Violence » une boucherie sans nom, du chant death intelligible de Pascal Jorgensen (parfait de bout en bout sur « Civilization In Regression », descente de basse à l'appui) aux solis décadents de Jean Marc Tristani (qui assurent le quota de mélodies accrocheuses dans un paysage musical des plus sombres) en passant par le mur de guitares aux allures de tribunal du jugement dernier érigé par Fred Death.
Dans l'intervalle, MASSACRA en a profité pour se frotter à des structures plus complexes et gommer un de ses rares points faibles, démontrant une plus grande maîtrise des parties plus lentes (« Mortify Their Flesh »), il est vrai en nombre restrein. A un sample fugitif (sur « Defying Man's Creation ») et un spoken words près (le final de « Baptized In Decadence »), les artifices ont également été remisés au placard et renforcent le caractère monolithique d'un « Signs Of The Decline » impressionnant de rigueur et de concision. Unique en son genre, MASSACRA, qui n'a sorti que cinq albums dans sa trop courte carrière (dont un « Humanize Human » très anecdotique), n'a jamais été remplacé malgré une scène extrême foisonnante depuis bon nombre d'années. Une raison de plus pour vous pencher sur cet indispensable du death des années 90.
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