Pyrexia - Feast Of Iniquity
Chronique
Pyrexia Feast Of Iniquity
Suffocation ceci, Immolation cela... On oublie trop souvent que la scène new-yorkaise apparue à la toute fin des années 80 compte également d'autres groupes peut-être moins renommés mais tout aussi recommandables. Skinless, Internal Bleeding, Dying Fetus mais aussi Pyrexia.
Formé en 1990 à New-York, le groupe a connu une carrière particulièrement compliqué notamment à cause de problèmes de line-up récurrents. Résultat, seulement quatre albums en vingt trois ans et un seul membre originel toujours dans les rangs, Chris Basile. Ajoutez à ces difficultés un choix de label pas toujours très judicieux et un changement de nom (le groupe s'est rebaptisé Catastrophic l'espace de quelques mois) et vous obtenez la caricature même du groupe plein de talent mais toujours incapable de dépasser le statut de second couteau... Six ans après le déjà très bon Age Of The Wicked, Pyrexia revient avec Feast Of Iniquity pour une leçon expéditive de Death Metal new-yorkais.
Si Unique Leader reste encore aujourd'hui le label de Pyrexia, le groupe à donc une nouvelle fois connu quelques changements internes avec l'arrivée de Dough Bohn (ex-Suffocation période Pierced From Within) à la batterie et de Shaun Kennedy à la basse (même si ce dernier n'a pas participé à l'enregistrement de ce quatrième album). Pour ce qui est de l'artwork, les New-Yorkais on une fois de plus fait appel aux services de Toshihiro Egawa pour un résultat plutôt convaincant mais peut-être un peu trop similaire à celui de Age Of The Wicked.
Parmi ces choses qui restent les mêmes, il y a bien entendu la musique de Pyrexia: un Death Metal moderne, incisif et urbain à qui l'on attribue volontiers la dénomination de Deathcore. Jouant ainsi dans la même cours qu'un certain Dying Fetus, Pyrexia propose pourtant quelque chose de sensiblement différent. Moins brutal, moins massif, moins étouffant... En somme plus accessible, notamment grâce à l'aspect certainement plus mélodique qui s'en dégage. En effet, malgré une production compacte et la vélocité dont fait preuve le groupe new-yorkais, jamais on ne ressent le poids des compositions comme cela peut-être le cas avec Dying Fetus. Il faut dire que les riffs de Chris Basile sont également moins tarabiscotés (pas de descente de notes par exemple) et privilégient ici une certaine simplicité pour sans pour autant sacrifier à l'impact. Une lisibilité évidente qui donne à Feast Of Iniquity un caractère plus immédiat et donc assimilable plus facilement même si l'on peut retrouver ici et là quelques soli un peu dissonants. Malgré ce que je viens d'écrire, n'allez surtout pas croire que ça riff pas chez Pyrexia. Au contraire, le groupe fait preuve d'une énergie incroyable, enchainant avec virulence des séquences foutrement jouissives à coup de riffs nerveux et particulièrement rapides ou de passages plus lourds mais non moins efficaces.
Là où les deux se groupes se rejoignent indubitablement c'est sur les séquences rythmiques et l'atmosphère générale qui se dégage de leurs albums. Malgré un côté peut-être plus catchy, Pyrexia n'est certainement pas là pour enfiler des perles. Dough Bohn le prouve très vite grâce à une prestation impeccable. Son jeu, technique et varié, ne tombe jamais dans la surenchère, proposant séquences de blasts punitives et passages beaucoup plus groovy comme pour mieux briser des nuques. Il est a noter que Dave Culross de Suffocation participe également à l'album sur les titres "The Pendulum", "Death Wish", "Wheel Of Impunity" et The Feast". Le bonhomme, souvent en mode mitraille, impressionne par sa précision et sa vitesse de frappe. Certes, la production à ce niveau manque un peu de chaleur et de naturel, surtout au niveau de l'attaque, mais au final, rien de vraiment handicapant.
Pour le reste, et même si je n'aime pas la dénomination Deathcore, force est de constater que Pyrexia partage en effet quelques points commun avec certains standards de la scène Hardcore (Metal): une multitude de riffs en palm mute comme pour mieux donner du rythme, des breaks/riffs écrasants qui n'auraient pas fait tâche sur un album de Beatdown ("Infliction" à 2:47, les premières secondes de "Death Wish" ou "Panzer Tank Lobotomy", "Cocoon Of Shame" à 0:16, "Cryptic Summoning" à 1:15, "Thy Minion" à 0:46, "Panzer Tank Lobotomy à 1:40), de la mosh part à rendre dingue n'importe quel mosher ("Infliction" à 2:35, "Death Wish" à 1:53, "Thy Minion" à 3:34), un format de composition plutôt expéditif (dix titres, vingt-neuf minutes avec un bonne moyenne des morceaux en dessous des trois minutes), des vocalises qui naviguent aux grès des envies d'Eric Shute entre growl puissant et crie hargneux, enfin une atmosphère urbaine sale, menaçante et froide et qui, fantasme ou non, vous rappellera les bas fonds de New-York.
Après six ans d'absence, Feast Of Iniquity constitue donc une excellente surprise. Car malgré les nombreux problèmes de line-up auxquels continue de faire face Pyrexia aujourd'hui, le groupe prouve qu'il est encore capable de livrer un album efficace et parfaitement équilibré entre d'un côté la brutalité et la puissance d'un Death Metal moderne et de l'autre le groove et l'immédiateté d'un Hardcore Metal dansant et catchy. Au final, pas grand chose à reprocher à ce quatrième album qui en plus d'être particulièrement efficace vous rappelle à lui assez souvent. Un gage de qualité évident, tout style confondu.
| AxGxB 19 Décembre 2013 - 2038 lectures |
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