Hate Eternal - Fury & Flames
Chronique
Hate Eternal Fury & Flames
S'il est un reproche qu'on ne peut pas faire envers Hate Eternal, c'est de faire exactement la même chose, en gardant le même son et les mêmes musiciens d'albums en albums. Les détracteurs et autres hermétiques à la musique du groupe seront confortés dans leur opinion que « Hate Eternal = bruit » et ce n'est pas avec cet album que cette réputation va changer. Mais autant mettre les choses au clair pour ces personnes, Hate Eternal est un groupe extrême et de ce fait il n'est pas fait pour toutes les oreilles. Certains groupes donnent dans la guimauve, une erreur que ne commettra jamais une formation du calibre d'Hate Eternal. Alors comme toute nouvelle livrée du (maintenant) quatuor américain, les changements sont nombreux et de taille.
Exit Earache pour déménager chez Metal Blade, fini les titres à consonances royales et encore un line-up différent par rapport à I, Monarch. Randy Piro quitte le navire pour se consacrer à son propre groupe du nom de Gigan, Derek Roddy jette l'éponge pour des raisons plus ou moins obscures (économique semblerait-il...) ce qui fait qu'Erik Rutan se retrouve seul à bord du navire. Qu'à cela ne tienne puisqu'il lui suffit de rappeler deux musiciens qu'il connait de longue date : Alex Webster en guest à la basse (n'oublions pas à l'origine que le gaillard faisait partie du groupe sur la démo) et Shaune Kelley, guitariste de Dim Mak et Ripping Corpse qui était la première formation d'Erik. Quant au batteur, le choix se porte sur un jeune canadien du nom de Jade Simonetto officiant dans Camilla Rhodes & The Plasma Rifle, groupes nettement moins teintés de death que ceux pré-cités. On remarquera tout de même que la formation reste fidèle au même studio et au même illustrateur, en l'occurrence Paul Romano avec un splendide pochette.
Et comme tout nouvel album des américains, quelques aspects importants vont faire couler beaucoup d'encre et n'ont pas fini de diviser les fans. Le plus important : la production. Le changement est radical par rapport à I, Monarch puisqu'il va falloir développer son oreille et jouer des équalizers sur votre chaine pour en saisir toute la substantifique moelle. Difficile de s'acclimater à ce son pour le moins étrange, grondant et gavé de graves où la batterie bénéficie d'un son pour le moins particulier (mais nous en reparlerons plus tard). Le mixage arrive étonnamment à garder chacun à sa place, on entend même Alex Webster chose qui n'était pas gagné d'avance vu le volume pris par le marteleur de futs. De ce fait, ce Fury & Flames est bien moins facile d'accès que son prédécesseur car sonnant comme du magma grondant et instable faisant trembler le sol sous vos pieds.
Le changement est de taille au niveau sonore, et dans une moindre mesure au niveau musical. Il est clair que le style particulier d'Hate Eternal est toujours intact mais cette fois-ci, le combo tombe dans une furie sans précédent à cause de la production mais aussi à cause du batteur. Ce dernier possède un jeu moins varié que Derek Roddy, l'un reste très souvent bloqué en sixième vitesse là où l'autre amenait quelques rythmiques inédites avec deux caisses claires ou des patterns peu communs par exemple. La vitesse ne fait pourtant pas défaut sur cet album mais je regrette le manque d'inventivité des rythmiques et aussi (et surtout) un son de tom pour le moins étrange. Très naturel sur I, Monarch il est ici difficile de différencier les toms de la caisse claire ce qui est décidément un effet à la mode (la critique est valable pour le dernier Hour Of Penance par exemple).
Au niveau musical, on renoue avec l'obscurité d'un King Of All Kings en laissant tomber la linéarité d'I, Monarch. Les structures sont plus aventureuses et alambiquées, les accélérations sont toujours dévastatrices, les backings incisifs et judicieusement utilisés le tout mélangé une touche personnelle et une émotion palpable. La brutalité et la sauvagerie s'en retrouve rehaussée d'un petit cran ce qui rend cet album plus difficile à assimiler que tout les autres du groupe. D'ailleurs j'avoue avoir été rebuté au début pour les raisons évoqués mais à force de persévérance, cet album a fini par revenir souvent dans ma chaine.
Cette chronique ne serait pas complète sans mentionner l'essence même de cet album, il n'aurait pas été le même sans le décès de Jared Anderson, ami très proche d'Erik et ancien membre du groupe qui parait-il était sur le point de réintégrer la formation. Cet évènement a visiblement beaucoup touché le père Rutan qui nous délivre un album chargé de sentiments tels que la rage ou la douleur liée à la perte d'un être cher. L'émotion est palpable sur le dernier titre de l'album, le final est très personnel avec un solo très profond et inspiré.
Fury & Flames porte son nom à merveille. Plus déchainé que jamais, il ne laissera personne indifférent car dans un style où l'évolution est pour la moins difficile, Hate Eternal ne tourne pas en rond et fait encore preuve d'un grand potentiel créatif. Une chose est sure, Hate Eternal reste fidèle à lui-même en conservant sur tout les plans un comportement plus extrême que jamais et on ne peut que féliciter l'attachement et le dévouement pour ces valeurs qui font du groupe un pilier de la scène mondiale.
| Scum 18 Janvier 2009 - 4449 lectures |
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