Derogatory - Above All Else
Chronique
Derogatory Above All Else
Dernière trouvaille en date du label FDA Rekotz, Derogatory voit le jour en Californie sous l'impulsion de quatre américains moustachus d'origine mexicaine. Formé en 2010, le groupe suit un parcours des plus classiques en sortant l'année suivante sa toute première démo. Dès lors, Derogatory entame la composition de son premier album tout en sollicitant le soutien d'un quelconque label chargé, à terme, de le mettre à disposition dans les meilleures distros. Les Allemands de FDA Rekotz répondront à l'appel, proposant ainsi depuis quelques semaines Above All Else, premier album des Californiens particulièrement marqué par les années 90.
Attiré par un artwork plutôt réussi rappelant les œuvres étranges et tourmentées de Dan Seagrave, la musique de Derogatory dont le logo transpire lui aussi les années 90, ne trahit ni ses influences ni ses aspirations. L'auditeur sera ainsi frappé dès les premières écoutes par le poids d'un certain Morbid Angel (période Blessed Are The Sick/Formulas Fatal To The Flesh) sur les compositions de ces jeunes californiens. Une influence pas toujours évidente à digérer et surtout très encombrante en terme d'identité lorsque l'on cherche à tirer son épingle du jeu. Mais comme c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes, pourquoi en vouloir à Derogatory de s'inspirer de l'un des plus grands groupes de Death Metal de ces vingt cinq dernières années?
Ce mimétisme, Derogatory le cultive grâce à un riffing plutôt complexe et dénué de véritable sens harmonique. Il y a dans le jeu de Joe Viwatkurkul et Christian Ordonez quelque chose qui rend assez difficile l'assimilation de chaque morceau. Comme Trey Azagthoth chez Morbid Angel, les riffs se multiplient dans un enchevêtrement tordu et dissonant de mélodies alambiquées que l'auditeur aura bien du mal à retenir de prime abord. Des compositions à tiroir qu’il faudra apprivoiser avant d’en saisir l’essentiel. À cela s'ajoute un sens rythmique tout aussi tordu et impénétrable : superposition de séquences rapides et de parties mid tempo, un certain goût pour les riffs saccadés, enchainement de blast beats, de tchouka tchouka et de passages groovy etc... Bref, il faudra faire des efforts sous peine de se sentir bien vite dépasser par ces compositions dont il n’est pas toujours évident de s’imprégner.
Heureusement, Derogatory a aussi hérité du sens mélodique de l’Ange Morbide. Above All Else est ainsi truffé de riffs mélodiques ("Into The Depth Of Time" à 1:26, "Above All Else" à 3:31, les premières secondes de "To Escape What Is Now") et surtout de soli rappelant là encore le jeu de Trey Azagthoth. Des soli assez chaotiques et agressifs comme l’attestent "Cryopreservation" à 1:40, "Above All Else" à 3:03, "Immortal Divine" à 2:27, "Foretold In My House Of Seance" à 1:21 et 3:14, "Cenotaph" à 1:48 et 2:41, "To Escape What Is Now" à 3:05. On retrouve ainsi ce petit côté dissonant et parfois démonstratif qui ponctue également chaque disque de Morbid Angel. Un mimétisme de tous les instants qui passe par un growl rappelant également les premières heures de David Vincent que ce soit dans le timbre de voix que dans la façon de poser ses lignes de chant.
Au delà d’un manque de personnalité évident qui en rebutera sûrement quelques uns, le véritable défaut de ce premier album est sa production beaucoup trop approximative. Le son de batterie est beaucoup trop flou et manque sérieusement d’attaque. La basse se confond notamment avec le son de la grosse caisse dans une impression de mou généralisée qui vient un peu gâcher la fête. C’est dommage car pour le reste, la production sonne plutôt naturelle avec ce petit côté décharné assez typique des années 90.
Copie carbone du Morbid Angel des années 90, Derogatory n’a pas pour vocation de changer la face du monde avec ce premier album. Above All Else se destine ainsi à tous les nostalgiques du groupe floridien aujourd’hui perdu dans les méandres d’une musique pseudo électronique, pseudo martiale, tout à fait abominable. Bien qu’assez difficile à appréhender lors des premières écoutes, cet album révèle un certain potentiel (structure de riffs assez complexe, une belle qualité de soli, des mélodies intéressantes, un esprit 90's) que les Californiens devront toutefois affiner car pour le moment le manque de personnalité évident, la qualité de certains riffs parfois quelconque et la production plutôt approximative font de Derogatory un groupe sympathique mais pas mémorable. Essai transformé mais doit faire ses preuves.
| AxGxB 16 Février 2014 - 1377 lectures |
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