Pyrexia - Gravitas Maximus
Chronique
Pyrexia Gravitas Maximus
Malgré plus de trente ans d’expérience au compteur et une certaine réputation dans l’underground la formation menée par l’inusable Chris Basile est encore aujourd’hui considérée comme un éternel outsider au sein de la scène de New-York, malgré l’acharnement de celui-ci à faire perdurer ce nom malgré les galères de personnel et une discographie inégale. Cependant on attendait quand même avec une certaine impatience mais aussi beaucoup de nervosité ce nouvel opus du quintet, qui avait à se faire pardonner trois ans après le calamiteux « Unholy Requiem » au manque total d’inspiration et plombé par une production catastrophique qui filait un mal de crâne instantané. Si ce point a été corrigé sur ce cru 2021 en revanche les Américains continuent de se foutre de la gueule du monde en matière de durée générale, vu que celle-ci trouve le moyen d’être encore plus courte que sur la précédente sortie avec seulement vingt-quatre minutes de musique au total pour à peine huit morceaux expéditifs. Heureusement contrairement à son prédécesseur ce sixième album bien que n’étant pas exempt de défauts tient plus la route même si l’on regrette que la bande n’y ait pas ajouté au moins deux ou trois titres supplémentaires, afin de ne pas avoir ce sentiment de trop-peu une fois arrivé au bout de l’écoute. Ayant vu encore une fois du mouvement en interne (arrivée du batteur Ryan Hilerio – remplacé depuis la fin de l’enregistrement par John Glassbrenner) cette livraison sans atteindre la qualité de « Age Of The Wicked » et
« Feast Of Iniquity » va néanmoins montrer de bien belles choses, sans pour autant sortir du schéma musical de ses créateurs qui reste balisé et sans surprises.
En effet dès les premiers riffs typiquement Hardcore de « We Are Many » on sait facilement où l’on va avec ces plans où la vitesse et le tabassage sont joués en alternance, et portés par des rythmiques écrasantes parfaites pour écraser les nuques les plus récalcitrantes. Reprenant ce qu’on a pu entendre auparavant chez l’entité cette plage d’ouverture fait le boulot simplement sans prendre de risque particulier, même si les bons points entendus ici vont déjà s’effacer dans la foulée via les décevants « Apostles To The Grave » et « The Day The Earth Shook (Survival Of The Fittest) ». Car usant et abusant des patterns bridés et des passages massifs le groupe trouve le moyen de se montrer répétitif (malgré que tout cela ne s’éternise pas en longueur), tout en ayant franchement du mal à décoller du fait d’un manque criant de vitesse et d’alternance, les gars se contentant de reprendre les mêmes choses en continu. On regrette effectivement que cela n’explose pas assez comme on le voudrait et que cette sensation de roue-libre soit si imposante, car on sait que les mecs ont le potentiel pour faire mieux… encore faut-il le vouloir et s’en donner les moyens, chose qui intervient sur les très réussis et énervés « Pawn To King », « Rule Of 2 » et « Bludgeoned By Deformity ».
Point de routine ici même si on reconnaît facilement la patte du combo, car entre le premier volet de ce triptyque qui voit le retour à une explosivité remplie de violence et ponctuée de nombreuses variations (où l’on entend le seul et unique solo de cette galette), le second où le grand-écart entre passages rampants et tabassage imposant fait plaisir à entendre, et le troisième où les accélérations et décélérations s’enchaînent avec brio et sans coup férir il y’a vraiment de quoi passer un bon moment sans être hyper exigeant. Bref tout cela réhausse le niveau qui sans être transcendant montre que le guitariste et ses acolytes en ont toujours sous la semelle quand ils se décident à lâcher les chevaux, et l’on regrette que cela n’intervienne pas plus fréquemment et qu’ils se contentent de réciter leurs gammes. Car entre « Art Of Infamy » à la monotonie constante et surtout le radical « Gravitas Maximus » (qui bien que montrant des passages agréables se termine trop brutalement et comme un cheveu sur la soupe pour qu’on ait le temps d’en profiter pleinement), tout cela fait franchement enrager et renforce ainsi ce ressenti de déception légitime.
Du coup un drôle de sentiment prédomine au final celui de vieux briscards capables de nettement mieux mais qui ont visiblement décidé de ne pas se casser le cul en termes d’écriture, vu que ça donne fréquemment l’idée que tout a été composé et mis en boîte à l’arrache alors qu’il y’avait tous les éléments pour que ce soit bien plus accrocheur. Comme quoi il semble désormais évident que les new-yorkais malgré tant d’années n’arriveront plus à viser plus haut que là où ils sont actuellement, à la place de l’outsider crédible et sincère mais dont on oublie la prestation comme les disques dès qu’on en est arrivé au bout. Autant dire que tout ça ne marquera pas l’année de son empreinte malgré les bons points évoqués, du fait d’un manque global d’homogénéité et de baisses de régime régulières, ce qui est une constante dans une carrière désormais fort longue et en dent de scie où il a toujours manqué à ses créateurs le petit plus qui les auraient installés plus haut dans la hiérarchie.
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