S’il existe bien évidemment quelques exceptions, il semblerait que la mode soit tout de même aujourd’hui aux albums courts. Prenons par exemple le cas des Californiens de Kommand qui après trois ans d’absence reviennent faire parler d’eux avec la récente sortie d’un nouvel album dont la durée ne dépasse même pas les trente minutes. Alors oui, je suis d’accord, mieux vaut un album court mais satisfaisant (quitte effectivement à ressentir un poil de frustration) qu’un disque trop long que l’on rechigne à lancer parce que l’on sait qu’il va falloir y consacrer une demi-journée... Bouclée en un tout petit peu plus de vingt-six minutes (soit tout de même trois de plus que son excellent prédécesseur), cette nouvelle livraison des Américains à le mérite d’aller une fois encore droit au but. Pour autant, je ne me mouille pas trop en avançant que personne n’aurait craché sur un titre ou deux supplémentaires.
Intitulé
Death Age, ce deuxième album marque l’arrivée du groupe de Los Angeles sur le label 20 Buck Spin qui n’en finit pas d’enchaîner les signatures et autres annonces de qualité. Enregistré par Mike Kriebel avec qui la formation a déjà collaboré par le passé ainsi que par le prolifique Andrew Oswald (Adzalaan, Astriferous, Dagger Lust, Mortiferum, Serum Dreg, Triumvir Foul...),
Death Age est également passé entre les mains expertes de monsieur Arthur Rizk. Les trois hommes signent une production musclée idéale pour ce genre de Death Metal à la sauce Space Marine / Warhammer 40000. Enfin quant à l’illustration, celle-ci est l’œuvre de l’Indonésien Bharata Danu dont on a déjà pu apercevoir les travaux chez Sign Of Evil, Devil Master, Deathrite, The Body, Uniform et j’en passe... Celui-ci signe pour l’occasion un artwork chargé pour ne pas dire brouillon mais qui colle on ne peut mieux à la musique des Californiens.
Comme on pouvait s’y attendre, on ne peut pas dire que
Death Age soit l’expression d’un groupe véritablement transcendé. Si trois ans (ou presque) séparent les deux albums de la formation, les évolutions constatées tout au long de ces vingt-six minutes restent relativement mineures. Malgré tout, on appréciera de voir Kommand opter pour une approche mélodique plus consistante. Un travail évidemment toujours aussi marqué par l’influence des Anglais de Bolt Thrower qui demeure une fois de plus la principale source d’inspiration des Californiens. Un constat facile à dresser à l’écoute des trois premiers titres de l’album sur lesquels les leads dispensés (qui d’ailleurs sur "Chimera Soldiers" et "Global Death" ne sont finalement que des variations de mélodies déjà entendues chez le groupe de Coventry) renvoient invariablement à ce fameux Death Metal char d’assaut et les images qu’ils évoquent à ces champs de batailles désolés qui puent la mort, la défaite et l’amertume...
Désormais encore un petit peu plus évident, ce lien de parenté continue également de s’affirmer à travers la dynamique de certaines séquences mid-tempo lourdes mais néanmoins entrainantes. Des premiers et derniers instants de "Final Virus" à "Chimera Soldiers" et son entame galvanisante au son de cette mélodie absolument imparable en passant par l’essentiel du très bon "Global Death", "Polar Holdout" à 2:34 ou bien encore "Fleeing Western Territories" à 0:45, c’est bel et bien l’image d’un puissant char d’assaut qui s’impose face à l’auditeur définitivement résolu à se faire rouler dessus.
Là où Kommand se démarque néanmoins des Anglais c’est par le biais d’une approche à la fois plus brutale et plus chaloupée trahissant pour cette dernière l’héritage Hardcore de certains de ses membres. Si les mid-tempos imposants remplissent parfaitement leur office, on ne crachera pas sur ces nombreux coups de boutoirs qui ponctuent le Death Metal des Californiens. Des accélérations franches et viriles qui vont naturellement dynamiser l’ensemble et apporter cette nuance et ce relief nécessaires au bon déroulement des opérations. Assurément bien en jambes, Kommand y va ainsi de ces moments forts menés à coups de blasts ("Final Virus" à 3:10, "Chimera Soldiers" à 0:58, 1:50 ou 3:03, "Global Death" à 4:16, "Fleeing Western Territories" à 0:06, 1:16 ou 2:07...) et autres démonstrations de force un poil moins virulentes ("Final Virus" à 0:59, "Global Death" à 2:36, "Polar Holdout" à 0:29 et 1:58, l’entame en fanfare de "Collapse Metropolis" ou encore un petit peu plus loin à 2:48 et 3:43).
Restent enfin ces quelques instants au groove absolument redoutable. Des moments à la fibre Hardcore évidente qui comme pour
Terrorscape donnent envie de tout déglinguer en roulant des mécaniques. Difficile en effet de rester de marbre face à de telles séquences aussi punitives que celles entendues et vécues sur "Final Virus" à 2:12, "Chimera Soldiers" à 2:18, "Global Death" à 3:41 ou "Fleeing Western Territories" à 2:34. Bref, attendez-vous à transpirer.
Digne successeur du déjà très convaincant
Terrorscape,
Death Age s’impose comme une suite tout à fait logique en prenant soin cependant d’approfondir certains aspects, notamment mélodiques, pour un résultat encore un poil plus convaincant. On retrouve en effet ici tout ce qui fait le charme de Bolt Thrower associé néanmoins à une formule plus moderne, brutale et groovy. Alors effectivement, vingt-six minutes lorsque les choses se goupillent aussi bien semblent toujours trop courtes mais l’avantage est qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer ni de trouver le temps trop long. Des formations marchant allègrement dans les traces du groupe de Coventry, on en compte aujourd’hui un paquet, pour autant tous ne sont pas pour autant dignes d’intérêt. Ce n’est pas le cas des Américains de Kommand qui tout en s’inspirant généreusement des Anglais ont su y apporter une touche plus moderne et brutale tout sauf inutile et malvenue.
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