Nous avions quitté les Belges de Bones il y a un petit peu plus d’un an et demi à l’occasion d’une chronique tardive de leur second EP. Un disque aussi court qu’efficace intitulé
Gate Of Night dont la sortie s’était faite quelques mois plus tôt chez Blood Harvest Records (avril 2020). Aujourd’hui, après déjà douze ans de carrière (et quelques années passées à végéter dans l’ombre), le groupe originaire d’Anvers se décide enfin à passer à l’étape supérieure avec la parution la semaine dernière d’un premier album intitulé
Sombre Opulence sous la bannière cette fois-ci du label irlandais Invictus Productions.
Pour illustrer ce premier essai "longue durée", les Belges n’ont pas eu à chercher de midi à quatorze heures puisqu’une fois encore c’est le guitariste Jeroen de Pauw qui s’y est collé. Pour l’occasion, ce dernier signe dans un registre différent une oeuvre évoquant là encore d’anciennes civilisations aujourd’hui oubliées (chose qui était déjà plus ou moins le cas sur
Gate Of Night ainsi que sur les démos de 2013 et de 2018). Côté production, Bones à fait appel aux services de Jonas Nyaarr des studios Go To 11 (avec l’aide du batteur Viktor Walschaerts) pour l’enregistrement, de l’Américain Chris Common (These Arms Are Snakes, Minus The Bear, Helms Alee, Narrows, Nocturnus A.D., Exhumed, Gruesome...) pour le mixage et de l’inévitable Dan Lowndes pour le mastering. Tous les trois signent une production à la fois moderne, puissante et équilibrée mais suffisamment rugueuse et naturelle pour que transpire malgré tout de ces neuf nouvelles compositions un brin de caractère et d’authenticité.
Moins déglingué qu’à l’époque de
Gate Of Night où transparaissait notamment des sonorités évoquant les Californiens d’Autopsy, le Death Metal de Bones tend désormais beaucoup plus du côté du Morbid Angel de la grande époque (grosso modo de
Altars Of Madness jusqu’à
Domination). Un lien de parenté évident qui va prendre ici plusieurs formes à commencer par ces discrets clins d’oeil présents au tracklisting : "Great Altars Of Ascension" et "Formulas Of Condemnation". Évidemment, le parallèle ne s’arrête pas là puisque de cette urgence de tous les instants à ces quelques titres mid-tempo à la lourdeur sulfureuse en passant par ce riffing diabolique et torturé (et non dénué de mélodies chaotiques) sur lequel est construit ce premier album, tout rappelle en effet la célèbre formation floridienne.
Effectivement, c’est plutôt pied au plancher que Bones mène ici sa barque. Un rythme relativement soutenu (sans pour autant frôler l’excès de vitesse) que les Belges vont entretenir le plus clair du temps à coups de blasts punitifs ("Funerary Magic" et son entame en fanfare, "Twilight Divination" à 2:08 et 3:05, les premières mesures de "Primordial Idolatry", "Composite Deities" à 0:30...) et autres accélérations thrashisantes savamment exécutées ("Execration Rites" à 1:14, les courts soubresauts de "Composite Deities" à 0:35 0:47, 0:54, 1:11 ou 1:23, "Great Altars Of Ascension" à 4:08). Une dynamique haletante dont l’urgence est habilement soulignée par un riffing absolument infernal et hystérique qui finirait presque par donner mal à la tête s’il n’était finalement pas aussi jouissif. À ce titre, Jeroen de Pauw et Stef Aertsen s’en donnent à coeur joie en offrant aux auditeurs avides de ce genre de délices et autres gâteries une succession de riffs particulièrement coriaces, tantôt extrêmement nerveux ("Execration Rites", "Funerary Magic" ou "Primordial Idolatry"...), tantôt beaucoup plus tortueux ("Twilight Divination" et ses faux airs de Blood Incantation, "Deserts Of Eternity" ou "Great Altars Of Ascension"...). Bref, vous l’aurez compris, pas trop l’temps d’niaiser du côté de Bones qui régale autant qu’il agresse.
Comme il n’est pas qu’une brute épaisse qui aime cogner, le groupe belge prend également le temps de calmer les esprits. Le titre "Withering" va ainsi servir d’interlude instrumental judicieusement placé à mi-parcours histoire d’apaiser les ardeurs de chacun sans pour autant sacrifier à l’atmosphère sombre et menaçante qui plane sur le reste des titres de ce premier album. Cependant, on retiendra surtout les excellents "Deserts Of Eternity" et "Great Altars Of Ascension" qui vont amener le groupe sur un autre registre toujours très inspiré par Morbid Angel, celui de titres mid-tempo extrêmement lourds et malsains. En cela, "Deserts Of Eternity" n’est pas sans rappeler le côté particulièrement vicieux et menaçant de compositions telles que "God Of Emptiness" et "Where The Slime Live".
Enfin, on appréciera également les prédispositions mélodiques dont font preuve les Belges tout au long de ce
Sombre Opulence, cela par le biais de leads et autres solos chaotiques qui, forcément, vont rappeler le jeu hystérique et possédé d’un Trey Azagthoth sous hallucinogènes ("Execration Rites" à 0:29, 2:01 et 3:05, "Twilight Divination" à 0:47, 1:12 et 2:59, "Deserts Of Eternity" à 0:32, 2:01 et 5:12, "Primordial Idolatry" à 0:34 et 2:39, "Composite Deities" à 1:56 et 3:14...).
Effectivement, il aura fallu quelques années à Bones pour accoucher de son premier album à tel point que certains amateurs de la première heure ne les attendaient probablement plus. Cependant, c’est désormais chose faite. Enfin. Et pour le coup, même si le spectre de Morbid Angel plane lourdement sur ces neuf compositions, ce
Sombre Opulence, n’en demeure pas moins une véritable réussite que les écoutes répétées et successives ne viendront probablement jamais dénaturer, bien au contraire. Ainsi habités par le souci du détail et le désir de bien faire, les Belges livrent ainsi avec ce premier album un disque sauvage et ultra efficace dont l’intensité ne faiblit presque jamais et où le travail d’atmosphères est tel que celles-ci viennent peser lourdement sur nos épaules tout au long de ces quarante trois minutes particulièrement menaçantes.
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