Chronique
Bones Gate Of Night (EP)
Contrairement à ce que l’on pourrait légitimement penser, Bones n’est pas un patronyme particulièrement usité dans ces musiques qui nous intéressent (en tout cas ici sur Thrashocore). À vrai dire Metal Archives ne recense que deux formations usant de ce nom, un groupe américain dont j’ai déjà croisé le chemin sans trop m’y intéresser pour autant et un groupe belge plus confidentiel. C’est de ce dernier dont nous allons parler aujourd’hui.
Originaire d’Anvers, Bones se forme en 2010 mais ne sortira sa toute première démo que trois ans plus tard. En 2014, le quatuor signe un deal avec Blood Harvest Records pour la sortie de leur premier EP intitulé Awaiting Rebirth. Un disque dont je passerai complètement à côté malgré mon intérêt pour le label et l’influence évidente de Death et Pestilence, au moins en ce qui concerne le chant... Après un léger remaniement de line-up en 2015 (exit Lukas Huybrechts des excellents Bütcher), les Belges poursuivront leurs aventures avec la sortie en 2018 d’une Rehearsal Tape passée là encore à la trappe (en tout cas en ce qui me concerne) puis en 2020 avec un nouveau EP, toujours sur le label suédois, intitulé Gate Of Night.
Allez savoir pourquoi, celui-ci m’a tout de suite interpellé. Peut-être est-ce à cause de cette illustration signée du chanteur/guitariste Jeroen de Pauw (on lui doit déjà l’artwork du split Cadaveric Fumes / Demonic Oath) ? En attendant, ce dernier a bel et bien trouvé le chemin de mes oreilles et même de mes étagères. Et je m’en félicite encore puisque si Bones n’a pas grand chose de neuf à nous proposer, ses deux compositions présentées ici via un très chouette vinyle coloré dont la face B est gravée du logo ont tout pour séduire l’amateur de Death Metal putride et poussiéreux que je suis.
Pour autant, s’il émane effectivement de ces deux compositions un grand classicisme, que se soit à travers la production abrasive ou à travers les éléments de langage utilisés propre au genre, on va retrouver chez Bones une certaine liberté d’expression qui fait de Gate Of Night un disque plus personnel et original que la moyenne. Cela se ressent notamment dans cette manière un peu particulière d’agencer ses morceaux avec d’un côté de nombreux passages à l’ancienne menés avec une frénésie et une intensité pouvant effectivement rappeler des groupes tels que Necrovation, Verminous, Vorum, Beyond et compagnie et de l’autre des séquences un brin plus déglinguées (à la Autopsy, en tout cas dans l’esprit) et atmosphériques qui au-delà de rompre habilement avec ces moments les plus soutenus, vont apporter une pointe de caractère et d’originalité permettant à Bones de faire la différence ou en tout cas de marquer les esprits ("Utterance Beyond Death" de 1:58 à 3:25 et "Gate Of Night" à 2:18). Et c’est d’autant plus vrai que depuis la sortie de Awaiting Rebirth en 2014, les Belges se sont clairement détachés de leurs influences les plus évidentes, notamment dans ce chant désormais bien moins marqué par le spectre de Chuck Schuldiner.
Varié, le Death Metal de Bones l’est donc assurément et offre derrière ses atours peut-être relativement convenus (en tout cas de prime abord) un sens particulièrement affûté de la dynamique avec en sus des atmosphères pour le moins saisissantes ainsi qu’une personnalité relativement marquée (même si la formule semble en ce qui me concerne se situer à cheval entre les deux albums de Necrovation). Dans tous les cas, ces deux compositions s’avèrent en effet particulièrement convaincantes et cela pour tout un tas de raisons. De cette production abrasive bien dans l’esprit de ce qui se faisait autrefois à cette tripotée de riffs aussi nerveux qu’incisifs et quelques leads mélodiques bien sentis qui tous, puent le caveau humide et poussiéreux en passant par cette intensité redoutable mais néanmoins maitrisée, ces voix délicieusement habitées ou bien encore cette évidente diversité on sent chez Bones un désir de se distinguer tout en restant profondément attaché à une certaine vision du Death Metal. Ce jeu d’équilibre parfaitement maitrisé devrait en tout cas pouvoir séduire autant les indécrottables puristes adeptes du non-changement que tous ceux un peu plus enclins à apprécier les choses qui sortent quelque peu de l’ordinaire.
| AxGxB 25 Janvier 2021 - 910 lectures |
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