Severe Torture - Torn From The Jaws Of Death
Chronique
Severe Torture Torn From The Jaws Of Death
Après des débuts tonitruants marqués par la publication de cinq albums en à peine dix ans le combo batave a ensuite totalement disparu des radars pendant plus d’une décennie, au point de se faire pratiquement oublier par le public qui finissait par croire que ce silence serait définitif. Et pourtant en 2022 le quintet signait un retour inattendu mais particulièrement convaincant avec l’Ep
« Fisting The Sockets », qui malgré sa durée éphémère montrait qu’il n’avait rien perdu de sa puissance comme de sa force de frappe, tant on y retrouvait tous les éléments qui ont fait son charme par le passé. Du coup l’annonce de l’arrivée de ce nouveau long-format allait être scrutée de près vu qu’on se demandait si les gars allaient arriver à garder cette cohésion sur une période plus longue, vu qu’il leur a fallu quatorze années pour enfin donner un successeur à l’impeccable
« Slaughtered ». Une longue période où chacun des membres en a profité pour se recentrer majoritairement sur sa vie privée, et ainsi recharger ses batteries pour revenir plus fort et motivé que jamais, et l’on ne peut que leur donner raison.
Car le moins que l’on puisse dire c’est que les mecs vont nous offrir près de quarante minutes de Death Metal furieux et homogène, tant cette galette va être d’un équilibre à toute épreuve sans jamais avoir de moments faibles vu que l’on va prendre des baffes permanentes durant toute sa durée. Et l’enchaînement des coups va débuter dès le démarrage du dense et équilibré « The Death Of Everything », où l’on va avoir droit à une succession de parties au tabassage intense et auxquelles se succèdent d’autres bien lentes et écrasantes, où les accents syncopés permettent ainsi d’ajouter de la densité à l’ambiance générale d’où émergent quelques relents tribaux du plus bel effet. Tout ça sans compter une production granuleuse et sobre qui complète ainsi cette férocité générale, et cela conviendra ainsi à tout le monde vu que ce disque est clairement un des meilleurs jamais publiés par ses créateurs. Si ceux-ci comme d’habitude jouent majoritairement sur la vitesse et les blasts ils ont aussi ajouté un soupçon de ralentissements supplémentaires, obtenant donc une homogénéité sans doute jamais atteinte auparavant à un tel niveau vu que ça ne va jamais relâcher son étreinte, et ce sans aucune lassitude. En effet après ce début tonitruant « Marked By Blood And Darkness » va rester sur cette même base tout en montrant un côté plus direct et radical tant l’allure ne faiblit jamais, mais d’où émerge également un dynamisme constant où là-encore on a furieusement envie de taper du pied. D’ailleurs ce groove affolant va se faire entendre régulièrement, que ce soit sur l’épique et implacable « Torn From The Jaws Of Death » (où la variété atteint ici des sommets) ou le débridé « Putrid Remains », porté par une vague de mid-tempo affolante pour la résistance des cervicales.
D’ailleurs celles-ci vont encore être plus mises à l’épreuve quand le rendu global s’assombrit massivement, à l’instar du suffocant et obscur « Hogtied In Rope » où le grand-écart rythmique (accentué par des relents martiaux) fait des dégâts, et envoie ainsi l’auditoire en pleine tempête comme au milieu d’un orage imminent, où l’humidité et la noirceur sont prépondérants. Donnant une sensation d’écrasement et de suffocation encore plus conséquente cette plage (comme son impeccable et tout aussi réussi petit-frère « Christ Immersion ») va lancer parfaitement celles plus primitives, comme le court et efficace « The Pinnacle Of Suffering » où ça se met en action de manière encore plus frontale avec toujours cette attractivité sans failles... à l’instar du déchaîné « Those Who Wished Me Dead », où ça blaste presque en continu sans signe de fatigue. Car outre ce côté défouloir il faut noter que l’entité a décidé d’aller à l’essentiel, laissant sur le bas-côté les classiques intro, outro et interludes... trop souvent présents aujourd’hui et qui cassent plus la dynamique qu’autre chose. Nulle trace de cela ici et c’est tant mieux et ça n’est pas avec les équilibrés « Through Pain And Emptiness » et « Tear All The Flesh Off The Earth » (aux légères influences CANNIBAL CORPSE) que les choses seront différentes, vu qu’avec leur équilibre rythmique imperturbable tout cela montre une vision aussi glaciale qu’obscure du côté de l’écriture, qui sait allier technicité et efficacité sans forcément être dans l’excès de trop-plein comme de dépouillement.
Si évidemment on aurait aimé ne pas avoir à attendre aussi longuement pour être en possession de cet enregistrement on ne fera pas la fine bouche, tant on a de quoi être satisfait du rendu proposé qui plaira facilement aux amateurs purs et durs du style, où le contenu se voit taillé pour la scène. Il est évident en tout cas que ces nouvelles compositions y trouveront facilement leur place avec les anciennes, et il va y avoir de la réflexion pour les choisir vu que toutes ici peuvent l’être dans le futur. Signant sans contestation possible une des meilleures sorties de cette première moitié de 2024 (et de sa carrière tout court) l’entité prouve que le temps n’a pas d’emprise sur elle, tant elle se bonifie avec l’âge (on est loin de la primitivité de ses débuts) et vu comme c’est parti il n’y a pas de raison que sa prochaine livraison ne soit pas du même tonneau. En espérant désormais quand même ne pas avoir à patienter aussi longtemps, car vu l’âge des mecs actuellement ça risque sans doute de poser à terme quelques problèmes... mais bon quand on voit que les ROLLING STONES tournent toujours aujourd’hui on se dit que tout est possible.
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