Kompost - Pallor Mortis
Chronique
Kompost Pallor Mortis
Ah !!! On s’est bien gaussé de moi, hein, quand j’ai parlé de KOMPOST la première fois ! Moquez-vous ! Vous rigolerez moins quand vous serez passés à la déchiqueteuse, en mode Fargo des frères Coen, par le trio de Kokkola ! Eh oui, bien sûr, je vois déjà vos sourires en coin en découvrant la pochette de Pallor Mortis, fruit d’un dur labeur de dix minutes top chrono sous Paint ! Trêve de plaisanterie, on a beau se prémunir, mais on reproduit souvent cette erreur : ne pas jeter une oreille attentive à un disque en raison d’un nom et/ou d’un artwork qui ne vend(ent) pas du rêve. J’aurais pu, moi aussi, passer mon chemin cette fois encore, parce qu’il faut bien reconnaître que nos Finlandais n’ont pas fait de gros efforts pour soigner l’emballage éco+ de leur premier album, mais la curiosité a été plus forte. Bien m’en a pris !
Si la Finlande n’a plus rien à prouver en matière de Black Metal, la scène Death Metal, bien que prolifique, peine à voir émerger de grands noms, bon nombre de groupes restant dans une relative confidentialité, certainement en raison d’une qualité musicale assez moyenne. Bien peu peuvent à ce jour prétendre au statut de « référence » qui colle aux basques des (trop) anciennes gloires que sont ABHORRENCE, CONVULSE, DEMIGOD ou autre DEMILICH (ne me remerciez pas pour le méchant coup de vieux, c’est gratuit). Un avenir radieux s’ouvrirait-il devant KOMPOST ? S’imposeront-ils comme l’un des fers de lance de la nouvelle génération du Death Metal finlandais ? Peut-être bien.
Ce qui est certain, c’est que ces gars ont poussé comme du chiendent enragé sur le terreau putride répandu salement par des groupes de la trempe de CANNIBAL CORPSE ou de SUFFOCATION au début des années 1990. Moi qui suis « née » avec le Death Metal, le pur, l’originel (et mourrai probablement avec), j’ai souvent bien du mal ces dernières années à m’enflammer durablement pour un genre dont j’ai même pensé à certains moments qu’il était dans un état de décomposition avancée et malgré les pelletées de groupes qui sortent tous les jours, cela nécessite constamment de faire un tri sélectif, laborieux et drastique. La bonne nouvelle, c’est qu’il y en aura toujours quelques-uns pour sortir des ornières monotones, qui arriveront à me malmener les tympans, me fracasser la tête, me broyer les côtes comme pouvaient le faire DEICIDE, IMMOLATION et consorts. Tout ça pour dire que KOMPOST fait partie de cette poignée de groupes qui me redonne foi en le genre deathmetalique car il s’est implanté, a germé, s’est épanoui dans l’humus fertile des fondamentaux : un Death Metal frontal et brutal, sans concession, tempéré d’une juste dose de technique.
C’est clair qu’on ne batifole pas dans le jardin de la délicatesse avec KOMPOST ! Pallor Mortis est un parangon de vélocité dont l’intensité ne faiblit que rarement, le pilonnage ne cessant que de brefs instants, les riffs brise-nuque s’enchaînent sans répit, si ce n’est le temps de quelques plages dédiées aux très bons soli avec parfois de faux airs de DYING FETUS (« Rangaistuksellinen ylilyönti »). Quant au growl, puissant et profond (en finnois, même si on est bien en peine de le distinguer), il est aboyé avec des lignes juste ce qu’il faut de nuancé pour fissurer l’aspect monolithique de l’ensemble. Cependant, quelques bouffées de relative finesse viennent oxygéner le propos, grâce à cette basse (mon Dieu, cette basse !), caressée avec un doigté expert, propre à me donner des prémisses de vapeurs (« Hehku » « Veritöiden toinen motiivi »), que seule une poignée de bassistes a pu m’offrir (coucou Alex Webster, Derek Boyer, Damon Good ou Mike Flores), mais aussi à cet épandage subtil de mélodies et de variations afin d’éviter l’asphyxie auditive.
Mais boudiou ! Notre trio ne s’est quand même pas embarrassé de fioritures inutiles, ne perd pas une seconde lorsqu’il s’agit de nous réduire en bouillie bordelaise : « 112 », cette première piste ultra accrocheuse, incarne l’immédiateté de cette correction qui se poursuit trente minutes durant. Si l’EP Vastareaktio sorti 2017 était une jeune pousse prometteuse en phase de développement, Pallor Mortis est devenu une belle plante, bien grasse, jusqu’à devenir carnivore, sur lequel on retrouve la quasi-totalité des titres de son prédécesseur, qui ont sans conteste gagné en densité et en brutalité grâce à un son massif et propre, j’oserais dire « moderne », bien que ce terme sonne souvent comme un gros mot à mes oreilles quand il s’agit de l’accoler au Death Metal. A tort peut-être. A l’instar d’un autre trio qui a poussé à vitesse grand V pour éclore dans toute sa splendeur l’année dernière, le bien nommé UNDEATH, ou de TOMB MOLD qui a, à mon sens, amorcé cette nouvelle vague Death Metal, KOMPOST semble bien parti pour rejoindre le clan de ces formations qui font admirablement le pont entre le vénérable OSDM et le Death Metal de la décennie qui s’ouvre. Si les Finlandais n’ont pas forcé le trait sur le côté groovy dans leurs compositions comme leurs collègues d’outre-Atlantique, ils ne déméritent pas dans cette résolution hautement louable d’aller à l’essentiel, de ne pas produire de déchets inutiles. Les douze titres de Pallor Mortis tiennent fermement en haleine, le matraquage brutal et technique cessant juste avant que ne s’installe la lassitude, car oui, « Hypoksia » est néanmoins une dernière piste trop longue et bien moins inspirée.
Si vous vous sentez l’âme d’une Greta Thunberg du Death Metal, je n’aurais qu’une injonction : Save the Planet, écoutez KOMPOST ! Si l’envie vous prend subitement d’assouvir ce besoin primaire de vous faire fouetter le cul à coups de pelle, avec votre consentement éclairé bien entendu, KOMPOST y parviendra sans aucun doute ! Rhhhooo, les fumiers !
| ERZEWYN 19 Octobre 2021 - 1018 lectures |
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