Martyrdoom - Grievous Psychosis
Chronique
Martyrdoom Grievous Psychosis
J'avoue, je n'ai écouté cet album que parce que le nom du groupe m'a fait penser à Dead Congregation. "Martyrdoom" est en effet le titre d'ouverture du premier album des Grecs, Graves Of The Archangels. C'est également le nom du label du leader Anastasis Valtsanis. La pochette plutôt classe ne m'a pas non plus repoussé, tout comme la nationalité polonaise du groupe, souvent gage de qualité. Sauf que Martyrdoom brouille les pistes. S'il s'agit bien de death metal, la musique du combo ne ressemble pas vraiment à celle de Dead Congregation. Elle n'a même pas grand chose en commun avec celle de son pays, connu pour son amour des blast-beats, de la haine millimétrée et de Morbid Angel. Par contre il y a bien du doom là-dedans, c'est déjà ça que l'on pouvait deviner!
Martyrdoom donne en fait dans le death old-school. C'est d'ailleurs écrit sur le troisième morceau "Oldschool Death". Comme quoi il y avait bien quelques indices finalement et plutôt explicites! Ce qu'il y a de bien aussi avec Martyrdoom, c'est que c'est tout con. Pas besoin d'écouter l'album dix fois pour commencer à comprendre ou retenir quelque chose. Les écoutes successives ne révèlent pas non plus au fur et à mesure des trésors insoupçonnés (bon ça c'est plutôt dommage pour la longévité de la bête). Non, Martyrdoom donne tout ce qu'il a, tout de suite. Pas de fioriture ou de faux-semblant. On accroche direct ou on trouve ça chiant dès la première écoute. Pourquoi? Parce que le death metal à l'ancienne du quintette se révèle ultra simple. Simpliste pourrait-on presque dire, ce qui n'est pas toujours faux tant les structures se révèlent enfantines et le travail sur les mélodies peu développé (quelques leads d'ambiance et des riffs pas dégueux mais aucun vrai solo). La vélocité n'est pas non plus le fort de la formation. Grievous Psychosis aime en effet se traîner sur du bon gros mid-tempo appuyé à base de bons gros riffs primitifs. Headbangant et efficace même si on a déjà entendu plus original et fouillé. Histoire de se montrer encore davantage écrasants, Les Slaves n'hésitent pas non plus à tomber dans le down-tempo doomy funeste avec ou sans lead mélodique discrète par-dessus ("Betrayed Trust" à 4'51, "Bloody Incarnations" à 0'23 et 0'43 aux miasmes finlandais puis à 2'01, démarrage de "Lucifer Rise", "Drowned In Void" à la troisième minute...), leads qu'on peut aussi retrouver sur du mid-tempo plombé. Là non plus rien d'extraordinaire mais ça passe tranquille. De l'autre côté du spectre rythmique, Martyrdoom appuie tout de même de temps en temps sur l'accélérateur en nous offrant quelques parties de tchouka-tchouka entraînantes ("Bloody Incarnations" sur trois-quatre passages, "Lucifer Rise" à 2'02, "Oldschool Death" à 0'37 et 3'05, "Face Without A Person" à 0'26 et 0'56, "Psychosis" à 0'20 et 1'37, "Corpsefuck" à 6'06...), jusqu'à s'aventurer dans les semi-blasts qui n'obtiendront toujours pas ma bénédiction mais qui ont le mérite de brutaliser un peu un débat qui manque parfois de mordant (fins de "Bloody Incarnations" et "Oldschool Death", "Lucifer Rise" à 1'45, "Face Without A Person" à 0'39 et 2'57, "Psychosis" à 0'30, 1'45 et en clôture ainsi que "Corpsefuck" qui termine sur ce que Martyrdoom sait faire de plus énervé).
Et tout ça, ça fait grave penser à Asphyx. Cet amour pour le mid-tempo poilu accentué par les lourdeurs sinistres du doom et contre-balancé par quelques accélérations bienvenues, ça sent fortement les Néerlandais. Une impression renforcée par le chant arraché très proche de celui de Martin van Drunen, avec plus de réverbération. Pas très original du coup, même s'il ne s'agit pas du groupe culte de death metal le plus copié par la nouvelle génération, et loin du meilleur niveau des Bataves, mais difficile tout de même de trouver ça à chier. On notera aussi une petite influence Cannibal Corpse pas déplaisante sur quelques riffs glauques ("Drowned In Void" à 2'12, début de "Face Without A Person") ainsi qu'un attrait certain pour le death finlandais sur certaines leads lugubres. Alors c'est sûr, ce n'est pas l'album de l'année, ce n'est pas toujours passionnant (coup de mou niveau inspiration à mi-parcours), c'est assez répétitif, c'est un peu trop mollasson surtout pour des Polonais plus habitués à blaster à tour de bras mais il y a un groove (miam la basse!), une ambiance qui se dégagent de ce Grievous Psychosis et qui donnent envie d'y revenir. C'est qu'il fait son petit effet mine de rien ce premier full-length du combo de Varsovie que devraient adouber tous ceux qui n'en ont jamais assez du death metal de la première moitié des années 1990, qui plus est quand il s'accompagne de forts accents doomy. Minimaliste mais attachant grâce à un sens du riff simple et efficace, un groove entraînant et une atmosphère dark séduisante, Grievous Psychosis fait le taf, sans avoir l'air d'y toucher. Comme quoi on peut faire beaucoup avec peu.
| Keyser 2 Août 2017 - 586 lectures |
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