Temple Of Dread - God Of The Godless
Chronique
Temple Of Dread God Of The Godless
Décidemment on ne se refait pas du côté de la formation d’outre-Rhin qui continue sur le même rythme infernal d’un nouvel album chaque année, et ce malgré le léger ralentissement observé lors de la sortie de
« Beyond Acheron » l’an dernier. En revanche si ce disque avait mis plus de temps que d’habitude pour voir le jour cela ne s’était pas fait sans heurts, car bien qu’agréable celui-ci montrait un ralentissement rythmique pas forcément tenable sur le long-terme ainsi qu’une durée globale plus longue... qui finissait par faire poindre une certaine monotonie regrettable. Du coup on pouvait se demander si ce cinquième opus depuis 2019 allait continuer sur cette voie mitigée, ou bien revenir aux fondamentaux bas du front et débridés pour notre plus grand plaisir auditif. Visiblement conscients du rendu pas forcément toujours attractif de leur précédente livraison les trois acolytes signent un certain retour aux sources sur ce nouvel enregistrement, sans pour autant totalement renier leur facette plus dense et moderne... ce qui a pour effet d’offrir un bon cru mais qui ne sera finalement qu’une réalisation de plus dans une discographie désormais conséquente, malgré quelques titres imparables et taillés pour la scène.
Si ce point ne va pas apparaître tout de suite sur le sympathique mais inégal « Carnage Ritual », en revanche dès la plage suivante (« Spawn Of Filth ») les choses vont aller dans un meilleur sens vu que celle-ci va offrir tout l’habituel panel entre lourdeur massive et parties débridées où l’on entend une vraie cohérence à la noirceur amplifiée. Avec sa montée en pression progressive et ces accents syncopés forts sympathiques ce morceau sert de tremplin à ceux qui vont suivre, et qui vont être du même tonneau qualitatif... à l’instar de « Black Scream » débridé au possible et où nulle trace de ralentissement n’est à l’ordre du jour, vu que même quelques blasts sont de sortie pour donner franchement envie d’en découdre. Et pour continuer sur cette très bonne lancée « Sacrificial Dawn » va mettre en avant la rythmique en médium idéale pour secouer la tête et offrir quelque chose de plus épique et guerrier, toujours en possession d’un groove communicatif qui fait mal aux cervicales tout en donnant franchement le sourire. En revanche on regrettera l’essoufflement perceptible de « God Of The Godless » qui s’il contient de bonnes idées et une grosse densité du côté des tempos, a malheureusement du mal à se terminer en s’étirant un peu trop longuement pour clore ainsi une première partie quand même réussie et qui contient ce qu’il faut de bonnes choses pour qu’on tende l’oreille.
On pourra dire exactement la même chose pour la seconde moitié de cette galette, et ce malgré un sentiment de roue-libre un peu plus présent quand on écoute l’équilibré « Prophetic Misanthropy », le tribal et étouffant « Monstrosity Divine » (où l’ambiance pénétrante et grassouillette est particulièrement jouissive) et même le frontal et varié « Terminal Putrefaction » qui va à l’essentiel sans se poser de questions en jouant l’alternance permanente. En revanche concernant la conclusion intitulée « Demise Of Olympus » on a de quoi être plus circonspect, car si l’originalité est présente avec l’apparition de doux arpèges froids joués dans le vide cosmique on ne peut néanmoins s’empêcher de trouver que l’ensemble a du mal à être cohérent dès lors que ça s’énerve à foison, et que les ralentissements permettent ainsi de faire redescendre la pression générale. Bref c’est d’autant plus regrettable qu’il y avait les moyens de faire un résultat plus accrocheur et fluide, au lieu de ça tout tombe un peu comme un cheveu sur la soupe... même si au final ça ne nuira pas plus que cela à la bonne tenue de ce long-format dans l’ensemble quand même bien en place et réussi.
Si on reste encore en-dessous des redoutables deux premières livraisons du trio cette dernière en date a quand même de quoi occuper et vider la tête quelques temps, à défaut de mieux finalement... une récurrence depuis la création de l’entité qui malgré ses membres réputés a toujours souffert de ne pas arriver à franchir un cap (un peu comme leurs compatriotes de SLAUGHTERDAY finalement...), et ça n’est pas encore cette fois-ci qu’une éventuelle promotion à l’étage supérieur sera à l’ordre du jour. En attendant cet hypothétique résultat on se contentera volontiers de cette bonne sortie de deuxième division, dont on peut vanter l’acharnement et la motivation intacte de son line-up qui malgré un manque criant de notoriété et de publicité continue sur son petit bonhomme de chemin contre vents et marées. Cette motivation en dit long sur son état d’esprit irréprochable, et ce malgré les petites sorties de piste qui heureusement sont souvent rattrapées au vol et sont compensées par les compositions positives et impeccables de bout en bout, ce qui n’est déjà pas si mal et rattrape finalement le tout.
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