Temple Of Dread - Blood Craving Mantras
Chronique
Temple Of Dread Blood Craving Mantras
"C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes", le dicton est certes bien connu mais reste aujourd’hui d’actualité au sein d’une sphère Metal qui (re)découvre les bienfaits des œuvres mythiques des précurseurs, quel que soit le style proposé. Alors qu’en Europe l’Allemagne est depuis un bon moment à la pointe de ce retour bénéfique et appréciable vers une époque pas si lointaine, la voici qui nous livre son dernier rejeton en date où l’on retrouve quelques vieux briscards de premier choix. A l’origine créé en 2017 par Markus Bünnemeyer (actuellement bassiste live pour SLAUGHTERDAY) celui-ci avait pour objectif de faire une musique proche des vieux opus de DEATH, BENEDICTION, PESTILENCE et MORGOTH. Avec l’aide d’un copain d’école (et psychologue de son état) qui s’est chargé de lui écrire les paroles TEMPLE OF DREAD était désormais actif, il ne restait plus qu’à sa tête pensant de trouver les bons musiciens pour la faire vivre sur scène comme sur disque. Pour cela il n’a pas été chercher bien loin puisqu’on retrouve à ses côtés le chanteur Jens Finger (ex OBSCENITY et actuellement co-leader de … SLAUGHTERDAY) ainsi que le batteur Jörg Uken (NIGHTFALL) qui joue également les sessionnaires de luxe dans la même entité que le hurleur en chef. Autant dire qu’au niveau du jeu pratiqué il ne va pas falloir s’attendre à de la nouveauté ni à une révolution de palais bien au contraire, car le trio ne s’en cache pas et balance un vieux Death-Metal primitif qui ne s’encombre pas de futilités.
Cela va sauter aux oreilles dès l’introduction terminée avec le redoutable « Suffocate The Fire » qui va lorgner du côté de MASSACRE de par sa vitesse et son riffing très simple, où l’énergie envoyée vers l’auditeur lui donne une pêche immédiate. Si quelques passages plus lents et en mid-tempo viennent ralentir l’allure afin d’éviter une redondance qui apparaitrait trop tôt, l’ensemble reste calé majoritairement en mode rapide et express qui ne fait pas de quartier et met d’entrée les points sur les i. D’ailleurs ce schéma basé sur l’explosivité et où quelques variations apparaissent va continuer par la suite, tout d’abord avec le varié et excellent « Sentenced To Life » où des parties plus lourdes densifient encore plus l’ensemble (mais où la rapidité reste prépondérante notamment via des blasts furibards), ainsi qu’avec le redoutable « Question Of Honour » où l’envie de headbanguer se fait instantanément sentir. Possédant une solide base mid-tempo où l’on ne peut s’empêcher de taper du pied, celle-ci s’efface de temps à autres pour laisser place à des moments plus énervés comme d’autres plus au ralenti, afin d’offrir le morceau le plus diversifié du disque, chose qui tranche avec l’ultra-court « Now You Will Die » qui s’ensuit dans la foulée. D’obédience Punk il montre également une facette encore plus primitive au niveau des guitares comme de l’écriture, car ici c’est à fond quasiment en continu et seules quelques courtes cassures viennent briser de façon relative cette force de frappe continuelle, qui va s’effacer dans la suite de l’album où l’équilibre va revenir sur le devant de la scène.
Car son dernier tiers bien que restant direct et accessible va être légèrement plus recherché, tout d’abord avec le massif « Straying The Battlefields » où la brutalité est mise provisoirement de côté mais où ça n’oublie cependant pas de tabasser quand il le faut. D’ailleurs cela s’enchaîne avec le radical « Gone But Still Here » qui ne s’éternise pas en longueur lui aussi mais qui inclut au sein d’un déluge de rapidité des passages plus posés et remuants, parfaits pour remuer la nuque une ultime fois, vu qu’avec « Cottage In The Backyard » c’est l’inverse qui va se produire. Outre le fait de laisser plus de marge aux ambiances pour s’installer, ici le tout est totalement différent du reste grâce à une noirceur renforcée via de longues plages écrasantes et oppressantes où la batterie ne s’excite qu’en de très rares occasions, histoire de renforcer ce sentiment d’obscurité et de putréfaction. Si le rendu s’avère étonnant de prime abord il ne fait cependant pas tâche et s’agglomère totalement avec le reste, d’ailleurs on aurait même souhaité entendre le trio pousser plus loin dans cette optique afin de voir de quoi ils étaient capables dans ce registre sur une plus longue durée.
Ça sera peut-être le cas à l’avenir, mais pour l’instant on salue quand même le travail effectué par les teutons qui sortent une très bonne galette à défaut d’être mémorable, mais portée par une production puissante, naturelle et équilibrée. Car le seul reproche qu’on pourrait lui faire est le manque de compositions marquantes qui se détachent du lot, au lieu de cela on a certes un très bon rendu mais une fois arrivé au bout de l’écoute on s’aperçoit qu’on ne retient pas grand-chose, même s’il y’a suffisamment d’arguments pour passer un agréable moment. Possédant assez de subtilités pour ne pas être répétitif (même si ça se montre néanmoins assez prévisible au fil de l’écoute) on sent que le vécu et l’expérience de ses créateurs a joué en leur faveur tant ils mettent la pêche et font du bien avec leur musique, même s’il est certain qu’elle ne marquera pas l’année de son empreinte. Cependant malgré ces quelques réserves il sera dommage de passer à côté de cette réalisation qu’on appréciera réécouter de temps en temps avec plaisir, et à cette époque où le synthétique est de rigueur un peu de son de la vieille école est toujours bon à prendre, surtout quand il est joué avec conviction et sans prétention particulière, ce qui est déjà une très bonne chose en soi.
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