Évidemment que l'on est au départ déçu par
The Worst of Times. Pouvait-il en être autrement ? Come to Grief, groupe réunissant deux anciens membres de Grief, décide finalement de sortir quelque chose de neuf, après des mois à se faire plaisir à rejouer quelques vieux morceaux cultes d'une formation culte à laquelle on a vouée un culte, des morceaux qu'on a tourné et retourné, qui ont fait de même avec nous. Forcément qu'on attendait, trop déçu par de nouvelles œuvres de sludge à l'ancienne (
les récentes bouses de Fistula qui, comme les ennuis, sont venues
par paire), ces quatre petits tacles comme autant de leçons, prêt à les accueillir en saints sauveurs. Et donc, évidemment, une fois ces derniers entrés dans l'imparfaite réalité, l'on est au départ déçu.
Puis on les écoute, plusieurs fois, on les ronge comme ils nous rongent. On se souvient qu'on a passé l'âge d'avoir des héros, que l'on n'a pas d'affiche de Grief, de Batman ou de Macron dans sa chambre. Qu'on a trente ans et qu'on est un peu au-delà des attentes juvéniles façon « retour du roi ». On voit que Come to Grief n'est pas Grief. Non, non : il est trop vieux, trop riffu, moins pataud, presque entraînant lors de certaines accélérations « party hard » qui foutent le sourire (« No Savior », presque du Weedeater), finalement adulte comme nous, amateur d'idioties d'une certaine époque mais appréciant trouver autre chose sous la crasse qu'une autre croûte à gratter. Fini le nihilisme pour lui-même, l'envie de creuser et creuser encore :
The Worst of Times, lui, fait du sludge, du pur mais pas si dur, sans prétention aucune à offrir autre chose qu'une session de blues urbain où des cramés gueulent (tout dans ce disque gueule, d'ailleurs) qu'ils ont été « tués par la vie ». On accepte et très vite, on apprécie.
On aime à sa juste valeur, sans espoir particulier. De toute façon, il n'y en a pas beaucoup ici. On se rend compte des nombreux flashs que contiennent ces courtes vingt minutes, de ces rappels au punk comme ancêtre direct du sludge, où les notes sont si nues, « à vif », qu'elles paraissent l'image d'une existence en lambeaux. On se dit, à chaque fois, que ça gueule, décidément, que ça crisse (ce solo sur « Futility of Humanity », mama !), que ça groove, que ça vit, que ça brûle même, malgré la vieillesse et ses cendres. Que, mine de rien, ça fait beaucoup pour un petit EP de sludge d'un petit groupe. On aime à sa juste valeur et on tombe amoureux.
Évidemment que l'on est au départ déçu par
The Worst of Times. On attendait du rêve rendu réel de la part d'un nouveau partisan du sludge, genre qui sera toujours uniquement du côté du réel. Ce que rappelle bien Come to Grief avec ses riffs de vieille bétonneuse, comme un père de famille ankylosé ressortant ses outils d'autrefois du garage. On a été con et on s'en rend compte. On finit par l'écouter, simplement, sans chichis et questions sur qui est le plus fort, l'ancien, le nouveau, l'autre. On remarque qu'on en veut plus, bien sûr, vite, c'est trop court et trop bon, mais surtout on note qu'on n'a pas humé telle odeur de squat et autant dodeliné joyeusement de la tête depuis... depuis un moment. On finit par l'écouter, simplement, et on pense déjà à la prochaine fois qu'on l'écoutera. On aime à sa juste valeur et on tombe amoureux. En plein « JunkLove ».
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