Come to Grief - Pray for the End
Chronique
Come to Grief Pray for the End (EP)
Un bonbon. Rien de plus, rien de moins : on a eu beau se décider à prendre comme telle la musique de ces vieux Ricains entrés dans la légende (rappelons que Come to Grief contient des anciens membres de Grief, soit le meilleur groupe de sludge de tous les temps), c’est toujours cet effort mental que l’on doit s’obliger à faire quand vient l’heure – rare – d’écouter une de leurs nouvelles œuvres. Et
Pray for the End ne déroge pas à la règle.
Car on ne peut que tirer la gueule devant ces seize petites minutes arrivant trois ans après
The Worst of Times, malgré un split avec Fistula nous ayant un peu rassasié par l’étrangement mélancolique « Take me in my Sleep ». Clairement, c’est peu, pas assez pour calmer l’estomac qui grogne d’envie d’images de rues ternes, de photographies de misère en noir et blanc, de sordide grouillant et envahissant, la bouche en cœur devant les bouches d’égouts.
Pray for the End n’existe donc pas pour calmer les appétits, lui et sa pochette austère, presque timide après une pendaison affichée en grand avec
The Worst of Times. Mais là ne semble pas être son but : avec ses riffs délicieusement sludge, implacables et mollassons, sa voix stridente qui hurle après on-ne-sait-trop qui (les riches ? la douleur ? la vie ?), sa batterie qui paraît s’emmerder toute seule, il est une friandise pour qui aime un certain sludge aujourd’hui renvoyé aux archives. Et impossible de le mettre en défaut sur ce plan-là, tant il ravive ce blues des bas-fonds avec talent durant le peu de temps qu’il s’accorde ! Que ce soit lors de l’entame punk « Ignorance is Surely Bliss » ou avec les deux titres se taillant la part du lion « March of the Maggots » et « Raping the Willing », il effectue un sans-faute dans son sludge de fautifs boiteux dans la vie comme dans leur musique, « traditionnel » tout en possédant une aura bien à lui, imperceptible au départ avant de comprendre qu’elle existe dans cette absence de lumière qui entoure l’ensemble. Morose, bilieux, acariâtre... Le lexique du neurasthénique expert est présent dans chaque note de ces vieux de la vieille, avec un naturel qui finit par convaincre.
Pray for the End est un bonbon, donc. Forcément frustrant, forcément mettant en grogne l’estomac, rendu avide de plus. Mais l'amateur de ce type de sludge ne pourra que se jeter sur cet EP dogmatique dédié aux fanatiques (dont je fais partie). Après tout, quand on écoute des gens aussi rageurs de n’avoir rien, il faut bien apprendre à se contenter de peu.
| lkea 15 Février 2020 - 653 lectures |
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