Artwork de Paolo Girardi ; production de Kurt Ballou ; guest de Jacob Bannon… On ne va pas se mentir : ce premier essai tant attendu – par moi du moins – de Come to Grief sentait l’accident industriel. Une telle brochette de noms autrefois tendances et aujourd’hui usés ne pouvait que, chez ce groupe de vieux, faire craindre le coup de pompe, celui qui passe du délicieusement poussif sur un temps court – soit sur deux Eps, aussi inutiles qu’essentiels pour qui aime une certaine idée du sludge – au coma gênant lorsque arrive l’épreuve du longue-durée.
Verdict ? Malgré ces quelques choix inattendus,
When the World Dies a bien quelques trains de retard… mais pour le meilleur ! Cela faisait un moment depuis la dernière rencontre avec un album de sludge aussi daté, cochant toutes les cases des années 90 sans pour autant sonner excessivement passéiste. Certes, on pourra bien accuser les suspects ici, la production sonnant un chouïa trop metal – sérieux, Billy Anderson n’était pas disponible pour magnifier ce feeling punk parcourant l’album ? –, l’illustration s’avérant aussi absurde que fade. Mais, étrangement, Come to Grief donne assez d’étoiles dans les yeux à cet ancien teigneux de Jacob pour qu’il y retrouve une verve carnassière inentendu chez lui depuis quelques années (sur « Bludgeon the Soul / Returning to the Void » particulièrement).
Mais assez parlé de cette constellation d’invités, mise en avant dans la promotion d’un disque qui scintille avant tout d’un talent certain de ses créateurs pour le sludge venimeux et faussement mollasson. Clairement, le nouveau Grief n’est pas à la hauteur de l’ancien et, une nouvelle fois, là n’est pas l’essentiel. Cherchons plutôt du côté de cette sensation d’entendre ici un des meilleurs albums de Fistula, époque
Idiopathic s’il vous plaît, plutôt que dans la quête de la nouvelle saveur sick avant la prochaine. Tant de groupes faisant du long et lent stérile sur une vingtaine de minutes par titres, si peu hurlant ce blues acide de la fin qui vient… Come to Grief possède cette sensibilité depuis ses débuts et la conserve sur
When the World Dies, le long de compositions aussi régressives que fortes en gueule quand il s’agit de nous a mettre à terre, à la manière du pédalage dans la semoule de « Devastation of Souls », l’envie de décoller sans y parvenir du morceau-titre (cette basse qui s’essaye au vol plané…) ou encore l’émotivité incandescente de ces soli – hard rock d’édenté se rêvant flamboyant.
Transpirer autant l’humilité et la conviction n’est pas chose aisée, particulièrement avec ce genre d’habillage – ceux qui trouveront que j’insiste auront raison : les sentiments d’avant écoute ont leur importance dans le jugement de celle-ci et il n’est pas rien de parvenir à ainsi les chambouler. Come to Grief n’a pas pour autre but que de chanter la mort de toutes choses ; il le fait cependant de sa manière propre, à la fois respectueuse d’une certaine tradition et personnelle. Il y a bien sûr cette voix, uniforme et excessive, glaireuse et cristalline dans ce qu’elle raconte, une voix étouffée par sa propre haine, rongée par la douleur. Mais il y a aussi cette volonté d’inscrire au marteau des riffs toujours au bord de s’empêtrer dans leur propre marche forcée et s’écrouler pour de bon, de nombreux passages renvoyant aux souvenirs délicieux de
la mélasse dont Come to Grief tire son nom (« Scum Like You » notamment).
Malgré quelques timides sorties de route,
When the World Dies reste un album dédié aux amateurs d’un sludge qui n’existe quasiment plus aujourd’hui, à ceux guettant chaque sortie de ce style avec l’avidité de la personne subissant un jeûne contraint. Ils trouveront ici de quoi les sustenter, l’album tournant régulièrement et avec facilité, l’indulgence envers des titres peu aventureux se faisant aisément. Sans esbroufe mais souvent avec réussite (on regrettera juste une fin de disque en dents de scie, cf. la trop longue « Death Can’t Come Soon Enough »), Come to Grief parvient une nouvelle fois à transmettre cette énorme sympathie qui faisait déjà le prix de
The Worst of Times et
Pray for the End.
Il va quand même falloir mieux choisir ses mauvaises fréquentations pour la suite…
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