Un an après l’enregistrement de
The Plague, les New-Yorkais de Nuclear Assault prenaient à nouveau la direction de Los Angeles pour y retrouver le producteur Randy Burns (Death, Kreator, Possessed, Megadeth...). Une collaboration renouvelée qui aboutira cette fois-ci sur la sortie d’un deuxième album intitulé
Survive. Illustré par Sean Rodgers dont le résultat fait ici directement écho aux précédents travaux de Gerald McLaughlin et Ed Repka, ce nouvel album paraît sous la direction des labels I.R.S. pour les États-Unis et Under One Flag pour l’Europe.
Particulièrement attendu par tous les amateurs de Thrash tombés deux ans plus tôt sous le charme de l’énergie et de l’intensité de
Game Over,
Survive viendra installer durablement Nuclear Assault comme l’un des meilleurs groupes de Thrash américain en activité à la fin des années 80 (ça et quelques tournées particulièrement musclées). Malheureusement, s’il est encore aujourd’hui très facile de mettre la main sans se ruiner sur des albums comme
Game Over ou
Handle With Care, c’est loin d’être le cas de
Survive dont les derniers pressages remontent à... 1988. Dommage pour un album de ce calibre.
Doté d’une production qui trente ans plus tard conserve encore toute sa fraîcheur et sa pertinence,
Survive est le genre d’album capable de passer les décennies sans pour autant donner la sensation d’avoir particulièrement (mal) vieillit. Bien entendu, le travail de Randy Burns porte en lui les caractéristiques de son époque (on est en effet bien loin des productions en béton-armé que l’on nous sert régulièrement aujourd’hui dans le Thrash) mais qu’importe car après toutes ces années, le charme continue d’opérer sans qu’il y ait besoin de (se) forcer.
Marchant dans les pas de son prédécesseur,
Survive va néanmoins s’en distinguer en laissant désormais de côté ces accointances Punk/Hardcore jusque-là relativement évidentes (notamment sur l’album
Game Over) pour se focaliser désormais sur une musique 100% Thrash. On le constate d’ailleurs assez rapidement par l’absence de mélodies catchy et faciles (celles que l’on pouvait alors trouver sur des titres tels que "Cold Steel", "Stranded In Hell", "My America" ou "Vengeance") ainsi que par un riffing un peu plus élaboré. Certes, le débit de paroles de John Connelly renvoie toujours à ce qui se faisait au sein de la scène Hardcore new-yorkaise à l’époque mais pour le reste, Nuclear Assault a clairement procédé à quelques ajustements (sans pour autant dénaturer l’aspect mélodique de ses compositions). Et pour le coup, même si j’ai toujours eu une affection toute particulière pour ces genres que sont le Punk et le Hardcore, les meilleurs albums de Nuclear Assault restent pour moi ceux où leurs influences, évidemment toujours présentes, s’entendent le moins (
Survive donc et
Handle With Care).
Ainsi, sans pour autant changer son fusil d’épaule, Nuclear Assault va donc s’affirmer à l’aide d’une formule encore plus Thrash que par le passé, continuant ainsi de faire la nique à pas mal de groupes de l’époque grâce à un degré d’intensité toujours aussi élevé. Il n’y a qu’à regarder la durée bien peu excessive de ce
Survive (trente et une minutes) pour comprendre à quel point les Américains continuent de mener leurs assauts la tête dans le guidon et la rage au ventre à coup de riffs toujours aussi nerveux et incisifs là où d’autres commencent petit à petit à allonger leurs compositions ou à tout simplement baisser la cadence. Vous vouliez du shred ? Pas de souci en voilà ! De "Rise From The Ashes" à "Survive" en passant par "Great Depression", "Equal Rights" ou bien encore "Technology", vous trouverez largement de quoi faire travailler vos cervicales. En plus de ces riffs, on trouve également de nombreux solo toujours aussi jouissifs et efficaces, expédiés là encore à toute berzingue. De quoi accompagner ces séquences de headbanging mouvementées par quelques parties d’air guitar ! Le tout sur fond de cavalcades quasi-interrompues ou de breaks à se briser ce qu’il vous reste de nuque. Un rythme soutenu (on trouve encore une fois un titre flirtant allègrement avec le Grindcore - "PSA") marqué cependant par quelques passages plus en retenus comme l’attestent des titres tels que "Brainwashed", la première partie tout en douceur et en mélodie de "Fight To Be Free" et puis surtout "Wired", un titre Thrash/Hard particulièrement plan-plan pour du Nuclear Assault mais avec un petit côté voyou, notamment à cause de cette rythmique très appuyée qui donne sérieusement envie de dodeliner de la tête. L’album se conclue enfin par une reprise du célèbre "Good Times, Bad Times" des Anglais de Led Zeppelin. Un exercice toujours assez sympathique même si bien souvent je n’en raffole pas lorsque cela est fait par un groupe de Thrash ("My Sharona" par Destruction, "Anarchy In The UK" par Megadeth, "Immigrant Song" par Dark Angel et quelques autres encore, pour le meilleur et pour le pire). M’enfin bon, comme pour tout le reste, Nuclear Assault met ici du cœur à l’ouvrage et cela s’entend. Un bon moyen de conclure sur un ton un peu plus léger.
Si
Game Over était le premier album d’un groupe qui cherchait encore à affirmer son identité,
Survive est celui avec lequel Nuclear Assault vient confirmer ses penchants Thrash au profit des sonorités Punk/Hardcore reléguées non pas aux oubliettes mais plutôt en simple trame de fond. Pourtant, ce deuxième album ne surpasse pas son prédécesseur de beaucoup (un petit demi-point finalement) mais tout ici est bien plus maîtrisé et surtout les riffs tuent encore un peu plus ! Thrash ou Crossover, la frontière avec Nuclear Assault a toujours été bien mince mais quoi que l’on puisse dire ou penser,
Survive fait clairement un pas en avant vers ce Thrash intense et incisif qui fera de
Handle With Care le point d’orgue de la carrière des Américains. La suite au prochain épisode. En attendant, voilà de quoi perdre quelques kilos superflus avant vos vacances du mois d’août.
3 COMMENTAIRE(S)
18/08/2018 15:36
06/08/2018 10:06
27/07/2018 17:11