Trois ans après sa formation à Bello Horizonte et après avoir réussi à se faire un nom au niveau national grâce aux premières rafales « Bestial Devastation » et « Morbid Visions », Sepultura (qui aura alors ouvert pour Venom et Exciter) recharge son barillet et s’apprête à faire exploser les frontières brésiliennes avec ce qui sera le premier vrai succès commercial et international du groupe : « Schizophrenia ». Sortis tout d’abord chez les incontournables Cogumelo Records avant d’être réédité en 1990 via Roadrunner (agrémentés du réenregistrement survitaminé de « Troops Of Doom »), les neufs titres assénés ici propulseront Max, Igor, Paulo et Andreas sur le devant de la scène thrash mondiale annonçant la carrière que l’on connaît aujourd’hui. Malgré une implication minime dans le processus d’écriture (Jairo Guedz aura composé une bonne partie de l’album avant de quitter le navire) c’est également la première apparition d’Andreas Kisser – débarqué de son ancien groupe Pestilence et raodie pour Max à l’occasion – au sein du combo sud-américain. Il enregistrera les parties de basse pour l’album et y apportera tout de même lors de l’enregistrement ses qualités de soliste (en plus d’une compo de Pestilence, « Escape Into The Mirror » devenue ici « Escape To The Void » ).
Après une petite intro (
« aaaaainerhpozihcs !! »), « From The Past Comes The Storm » engage les hostilités avec son riff inspiré du fameux « Chemical Warfare » à l’image de ce qui se faisait à l’époque : simple et efficace. Et si l’entente n’a pas toujours été au mieux entre les deux frontmen, Slayer et Sepultura partagent au moins sur leurs premiers efforts cette approche très primaire (l’influence heavy en moins pour les Brésiliens). Approche primaire pour une accroche immédiate car quand bien même les compos de « Schizophrenia » ne possèdent pas autant de groove que pourront en avoir par la suite celles de
« Beneath The Remains » ou
« Arise », difficile pourtant de résister à un album dont l’entame demeure encore aujourd’hui d’une efficacité à toute épreuve (« From The Past Comes The Storm » - « To The Wall » - « Escape To The Void » feront l’unanimité chez n’importe quel thrasheux digne de ce nom). La complexité technique n’ayant jamais été le but ici, la paire Cavalera/Kisser mettra donc son talent au profit de riffs couperets dont bon nombre feront mouche dès la première lecture, ce dernier gratifiant l’ensemble de soli dans le même esprit faisant primer le rendu à l’étalage ostentatoire. Les Brésiliens s’autoriseront même quelques écarts au cahier des charges thrash virulent avec la longue instrumentale « Inquisition Symphony » et son intro tout en arpèges précédant une mélodie plutôt envoutante (avant d’envoyer la sauce pendant les cinq minutes restantes, faut pas pousser non plus !) ou encore « The Abyss », démontrant ainsi l’envie d’éviter les œillères tant que cela reste au service de compos tranchantes comme des rasoirs. Même les paroles de Max auront déjà quelque peu gagné en maturité, s’éloignant des clichés ‘’satan/la mort’’ de « Morbid Visions » et s’aventurant sur des terrains plus sociaux voire politiques (« To The Wall »), crachant son rejet de la dictature militaire et sa répression policière. Ce dernier gagne également beaucoup en terme d’intensité et de placement vocal.
Parvenant à éviter toute baisse de régime en deuxième partie de parcours en ayant bien recentré le propos (sept ‘’vrais’’ titres, pas de superflu), l’album se clôturera sur une « R.I.P. (Rest In Pain) » aux forts accents slayeriens une nouvelle fois et sur laquelle Igor fera comme tout au long de l’album étalage de son précoce talent (17 ans à l’époque le bougre !) : tchouka-tchouka dévastateur et descentes de toms en série sur son lit de double pédale. Classique mais d’une efficacité et d’une régularité qui imposent le respect (pas de retouche à l’époque…). C’est d’ailleurs persuadé du talent de son groupe que le jeune Max partira à New York bien décidé à revenir avec une signature sur un label international en main. Il n’en sera rien sur le moment mais la persévérance finira par payer, le nom de Sepultura ayant fini par retenir l’attention des célèbres Roadrunner Records.
Album de transition à plusieurs titres, musical (glissement vers un thrash moins teinté des influences death voire black des débuts) et commercial (début du succès international du groupe) « Schizophrenia », malgré un artwork douteux, imposera Sepultura comme les leaders incontestés de la scène brésilienne et comme espoir montant sur le plan international, on connait la suite… Même vingt-six ans après sa sortie et avec sa prod un peu poussiéreuse mais au cachet old school tellement appréciable, « Schizophrenia » conserve une force de frappe imparable. Bref, un classique !
NB : la réédition de Roadrunner de 1990 (et celle de 1997) comporte, en plus du réenregistrement de « Troops Of Doom », trois versions démo/rough mix (« The Past Reborns The Storm », « Septic Schizo » et « To The Wall »).
8 COMMENTAIRE(S)
20/04/2013 11:13
09/04/2013 13:57
J'aime bien aussi la prod old school de manière générale, mais j'avoue que le son des toms est quand même un poil ligneux.
09/04/2013 09:16
08/04/2013 19:59
/Monsieur Patel
08/04/2013 14:42
Chaque riff tue, de l'intro jusqu'à R.I.P
Et Sepultura conserve son atmosphère étouffé et sombre en plus de ça.
Putain l'intro de "Screams Behind the Shadows " et le riff qui arrive à 0:22 secondes aaargh !
08/04/2013 08:41
08/04/2013 02:14
Je vais me le remettre, trop écouté à l'époque, mais ça reste un excellent album, primaire et brutal, que je rapprocherai plus (de mon point de vue) du Pleasure To Kill de qui vous savez.
L'instumentale m'ennuie et casse le rythme.
Le reste, ras, ça envoie !
07/04/2013 19:45