Curieusement sous représenté sur Thrasho en terme de chroniques, SEPULTURA a sans doute pâti d’un désintérêt croissant des membres de la team envers un groupe à multiples facettes, du thrash death des débuts combinant le meilleur de POSSESSED et SODOM (l’excellent
« Schizophrenia », le chef d’œuvre
« Arise ») au world death metal connu de tous (le classique « Chaos A.D. » et un « Roots » aux accents néo qui continue de diviser, malgré un énorme succès à l’époque), en passant par … par quoi au juste ? Car au-delà du flou artistique qui caractérise la période Derrick Greene –
sorte de hardcore tribal ponctué d’adjuvants mélodiques inédits jusqu’alors – c’est surtout le caractère très inégal de chaque sortie qui a précipité la chute des Brésiliens. Le solide
« Kairos » sorti l’année dernière ayant enfin ravivé une flammèche chez ceux qui y croient encore un minimum, penchons nous le temps de quelques lignes sur « Roorback », bon album un peu oublié (beaucoup, ok !) qui s’il n’est pas exempt de faiblesses, contient mine de rien quelques très bons titres.
Car si « Nation » corrigeait le tir au rayon carences de production du pâlot « Against », cet album concept trop ambitieux dispersait ses bonnes intentions dans la nature et 15 titres (jusqu’à 20 pour l’édition limitée !) donnant un avant goût prononcé de l’interminable. Autre défaut rédhibitoire, un sacré manque d’impact avec la seule « Revolt » et ses 56 misérables secondes de thrash débridé à se mettre sous la dent ! SEPULTURA qui pêche par manque d’agressivité, c’était du jamais entendu et sur ce point, « Roorback » rassure d’emblée avec un opener frontal à souhait, une « Come Back Alive » qui rend coups pour coups en caressant les thrashers dans le sens de la veste à patches ; toupa toupa endiablé, chant en cadence de Derrick, solis sauvages bien balancés par un Andreas Kisser qui semble bien décidé à recadrer tout le monde, tout y est, y compris la puissance ! Et si l’on peut déplorer le son un peu trop propret des guitares, on se réjouit vite de retrouver nos petits à travers les brutales « Leech », « The Rift » et « Activist », avec un bémol pour cette dernière qui manque un peu de consistance. Héritage attendu de la pierre angulaire « Chaos A.D. », le SEPULTURA mid tempo combinant power à l’américaine avec une bonne dose de groove est également de sortie avec les entrainantes « Corrupted » et « Mindwar » mais là où les Brésiliens emportent le bout de gras, c’est finalement sur les titres les plus posés de la galette. Car si l’on est parfois tenté de ressortir « Roorback » du placard au détriment d’un bon vieux
« Beneath The Remains », c’est essentiellement pour l’atout charme d’un « As It Is » et de « Bottomed Out », deux petites merveilles de rage contenue sur lesquelles Derrick Greene troque ses gueulantes d’écorché vif pour un chant clair envoûtant au possible. Ajoutez à cela une montée en puissance imparable à 2:45 sur « Bottomed Out » (le solo de Kisser est juste somptueux !), et vous obtenez au moins deux bonnes raisons de vous pencher sur cet opus, malgré la présence des défauts habituels du SEPULTURA mark III.
Car l’inspiration fluctuante, conjuguée aux errances stylistiques amorcées suite au départ de Max Cavalera, donne malheureusement lieu à des sautes de rythme dommageables, à l’image d’une première partie d’album où le groupe ne parvient pas à enchainer après le brûlot thrash death « Come Back Alive ». Et c’est pas moins de quatre titres mi figue mi raisin qu’il faut se coltiner (« Godless », « Apes Of God », « More Of The Same », « Urge ») avant la relance « Corrupted ». Des morceaux sans réelle ligne directrice, s’achevant bien souvent en queue de poisson, qui alternent maladroitement riffs dissonants avec des parties plus sombres, limite mélancoliques, sans qu’à aucun moment SEPULTURA ne donne le sentiment de maîtriser son nouveau sujet. Dans le même ordre d’idée, l’ « Outro » affligeante de fin de programme et la reprise dispensable du « Bullet The Blue Sky » de U2 (FEAR FACTORY s’en est mieux sorti avec sa cover de « I Will Follow ») laissent une désagréable sensation d’inachevé. Mais restons positifs, « Roorback » a suffisamment d’atouts à faire valoir pour mériter un petit détour, au contraire d’un
« Dante XXI » d’une insigne faiblesse, pour ne citer que lui. Car bien qu’inégal et parfois frustrant, « Roorback » reste ce qui ce rapproche le plus d’un solide album de SEPULTURA, dans une période récente comptant bien plus de déceptions que de réussites.
3 COMMENTAIRE(S)
23/09/2012 16:56
Mais bref, tout ça pour dire que Greene a apporté un sacré renouveau dans le style du groupe et que pour sa période, Roorback est un de mes albums favoris, avec Nation et Kairos (j'ai pas écouté Against). Ils sont partis trop loin avec Dante et A-Lex.
Roorback, c'est un bon mélange.
23/09/2012 15:23
23/09/2012 12:23
Pourtant je leur ai tous donné leur chance depuis. Même le dernier qui a été globalement apprécié par les "critiques" m'a laissé froid comme les bourses d'un ours polaire.