Tu peux déjà ressortir ta veste en jean recouverte de patchs (de groupes extrêmes de la fin des années 80 – début 90) ainsi que tes lunettes de soleil. Un mois après la sortie délectable du dernier opus d’Unleashed (
Odalheim), un nouvel album de « pur » death metal suédois ira encore titiller nos tympans en manque d’acouphènes. Le premier brûlot
The Esoteric Order (à l’artwork fort vilain) avait été l’une des très bonnes surprises de l’année (morose) 2011. Puteraeon avait en effet réussi à démarquer son death metal primaire dans cette scène « old school » surpeuplée. Un an et demi plus tard, revoilà déjà la bande suédoise pour un deuxième opus,
Cult Cthulhu. Le line-up reste le même, toujours sous la bannière teutonne Cyclone Empire (gage de qualité).
Là où
The Esoteric Order était une sorte de compilation des premières démos de Puteraeon (deux nouveaux titres uniquement), les Suédois iront cette fois proposer des compositions toutes fraîches. Seuls deux morceaux (« Flesh Architect » et « Shapeshifter ») sont tirés de leur démo de 2009
The Extraordinary Work Of Herbert West. Aisément reconnaissable sur ce deuxième opus par leur aspect « bas du front » caractérisant les prémices du groupe (le furieux et inédit « A Bolt From the Grave » à part). Puteraeon ira effectivement accentuer son death metal ambiancé et inquiétant, hommage encore plus marqué à H.P Lovecraft (le titre de l’album et la pochette restent assez explicites sur la thématique utilisée au premier coup d’œil). Une dominante mid-tempo où s’entremêlent chant guttural d’outre-tombe de Jonas (impossible de ne pas hurler les refrains abrutissant de l’album), riffs « tronçonneuses » aux forts relents du regretté Dismember (tout comme leurs collègues de Demonical) et rythmique « bulldozer » mimant la marche pachydermique du monstre Cthulhu. Pas franchement révolutionnaire sur le papier, nous en conviendrons. Mais là où la majorité des groupes du genre délivrent un death « fast food » relativement aseptisé que l’on oublie aussitôt, Puteraeon arrive à plonger l’auditeur dans son univers fantastique pendant 45 minutes (dès l’introduction de l’excellent « The Great Epidemic Of 1846 »). Bon nombre travaillent certes leur musique comme un fond pour un film d’horreur de série Z. Sur
Cult Cthulhu le niveau est un cran au-dessus et démontre le talent de composition face à une concurrence des plus fades. Des titres tels que « In The Vault » ou « Liberation » restent des arguments implacables.
« Dominante » mid-tempo oui, mais à la manière d’un Nominon (dont la sortie du nouvel album ne devrait pas tarder) les Suédois restent avant tout dans la case « death metal qui envoie du parpaing». Le « biker » Jonas Lindblood (compositeur principal attitré qui avait déjà su exposer ses riffs redoutables dans
Thorium et
Taetre) possède ce don pour vous balancer ce passage annihilateur (« Conlaceretus », « Shapeshifter ») qui « zombifie » vos cervicales et vous met dans une transe meurtrière… Destructeur ! La production écrasante quasi-parfaite portée par le mixage et le mastering d’Andy LaRocque saura atomiser vos pauvres esgourdes. Le son des guitares n’a jamais été aussi « crade » et « étouffant », maelström de scies sauteuses carrément orgasmique ! Le jeu de batterie carré et lourd d’Anders Malmström ainsi que la basse vrombissante enfonceront le clou. A écouter obligatoirement le volume au maximum pour savourer chaque salve. Puteraeon n’oublie évidemment pas ses aspects accrocheurs. Quelques mélodies et riffs/soli des plus entêtants, je pense à « The Great Epidemic Of 1846 » (refrain imparable), « Shoggoth » et « Walking With Shadows » (cette introduction brise nuque, épaulé par le grogneur boulimique Rogga de Paganizer). On regrettera comme pour son prédécesseur quelques légères baisses de régimes (« Children Of Dagon », « The Azathoth Cycle ») aussitôt rattrapées par un tsunami de riffs et de matraquage de fûts.
Face à une scène de « swedish old school death metal » saturée par les ersatz et les sorties vite oubliées, il devient bien difficile de faire son marché dans cet amas d’hommages (copies ?) à la scène de Stockholm des années 90. Puteraeon fait partie de ces rares exceptions et il le confirme par son deuxième album
Cult Cthulhu. Un death metal ravageur à l’atmosphère horrifique plus mûre mais du même calibre que son aîné
The Esoteric Order qui devrait ravir les adeptes du style et adorateurs du « Grand Ancien » Cthulhu.
Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn
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