Cela fera trente ans l’année prochaine que Purgatory roule sa bosse dans l’ombre des plus grands avec pour seule reconnaissance la certitude d’avoir dans sa besace une tripotée d’albums particulièrement solides. Malheureusement, aussi bons soient-ils, ces derniers ont toujours été largement sous-estimés voir totalement ignorés par une grande partie des amateurs de Death Metal qui n’ont soit jamais entendu parler des Allemands ou qui alors ont toujours soigneusement réussi à les esquiver. Présenté tel quel, le tableau peut ne pas sembler très encourageant d’autant plus que nombreux sont ceux à avoir fait leurs valises au sein de la formation allemande qui en trois décennies a vu effectivement passer un certain nombre de musiciens (et notamment de bassistes) dans ses rangs. Néanmoins, cela n’a jamais plombé le moral de René Kögel (guitare, chant) et Lutz Göhzold (batterie) qui depuis 1993 ont réussi tant bien que mal à garder le navire à flot.
Six ans après le très bon
Ωmega Void Tribvnal, Purgatory fait son retour une fois encore sous les couleurs du label War Anthem avec la sortie en avril dernier de son neuvième album intitulé
Apotheosis Of Anti Light. Un disque à l’illustration mystérieuse signée par l’artiste indonésien Bahrull Marta (Centinex, Illdisposed, Insatanity, TON...) et qui pour l’occasion a été enregistrée par Lukas Haidinger (actuel chanteur et bassiste de Profanity) et masterisé une fois encore par l’infatigable Patrick W. Engel. Comme pour ses prédécesseurs, le résultat s’avère toujours aussi pertinent, offrant la puissance et l’impact que l’on peut attendre d’une approche dite "moderne" mais également le caractère et l’authenticité d’un Death Metal qui n’en oublie ni ses racines ni l’importance des atmosphères qu’il peut et doit développer. On notera également quelques petits changements de line-up puisque le bassiste Wolfgang Rothbauer arrivé en 2020 est passé ici à la seconde guitare alors que le groupe a accueilli dans ses rangs un certain Nico Solle à ce poste de bassiste dès lors rendu vacant.
Alors quoi de neuf après ces six années d’absence ? Eh bien pas grand-chose puisque Purgatory reprend naturellement le chemin de ce Death Metal virulent qu’il perfectionne depuis maintenant près de trois décennies. On va cependant y trouver quelques petites nouveautés, notamment ce chant mélodique déclamatoire utilisé, je vous rassure, avec beaucoup de parcimonie mais qui a néanmoins de quoi surprendre lorsque l’on connaît les Allemands et leur propension, au moins jusque-là, à ne jamais édulcorer leur propos. Ces instants très brefs et finalement peu nombreux ("(We Declare) War" à 0:47, "Ropes In November (Samhain's Curse Part III)" à 1:15, "Expectato Solis" à 2:10) ne gâchent en rien ces retrouvailles et n’apportent finalement rien d’autre qu’un soupçon de mélodie tout à fait acceptable à une formule restée inchangée.
En effet, c’est sur les chapeaux de roue que s’ouvre et que se mène principalement
Apotheosis Of Anti Light. Un rythme souvent très soutenu allant jusqu’à rappeler par moment un certain Angelcorpse ("(We Declare) War", "Ropes In November (Samhain's Curse Part III)", "We Where Forced Astray" avec, cerise sur le gâteau, cette voix arrachée et âpre évoquant effectivement un certain Pete Helmkamp...) mais néanmoins varié puisqu’il alterne régulièrement salves de blasts punitives ("(We Declare) War" et son entrée en matière particulièrement frontale, "Deny ! Deny !! Deny !!!" Et ses premiers instants très rentre-dedans, "God Loves None Of You" à 1:40...), accélérations thrashisantes plus ou moins marquées et toujours aussi entrainantes ("Ropes In November (Samhain’s Curse)" à 0:38, "Deny! Deny!! Deny!!!" à 0:39 et 1:11, "God Loves None Of You" à 2:30...) et nombreux ralentissements lourds et dominateurs (l’introduction posée et menaçante de "Accused, Sentenced And Buried Alive", les premières secondes de "The Moaning Of Dismal Halls" puis un petit peu plus loin à partir de 0:56 et ce jusqu’à 4:10, "Pantheon Of Slaughters" tout en mid-tempo pour une conclusion qui vient contraster avec ces débuts en fanfare et ainsi poser sur ces dernières minutes un voile brumeux...). Une nuance qui fait d’
Apotheosis Of Anti Light un disque particulièrement dynamique et qui jamais ne sombre dans la répétition malgré une durée que l’on pourrait jugée excessive (quarante-quatre minutes) de la part d’un groupe habitué depuis près de vingt ans à plafonner aux alentours des trente-cinq minutes.
Si le Death Metal proposé par les Allemands de Purgatory ne surprendra personne, celui-ci s’avère néanmoins suffisamment convaincant pour faire passer un excellent moment à n’importe quel amateur du genre. En musiciens expérimentés et vraisemblablement bien accompagnés à en juger une fois de plus par la qualité de ce neuvième album, René Kögel et Lutz Göhzold, ont su éviter tous les pièges dans lesquels peuvent tomber à la fois ces groupes qui succombent à une approche moderne et qui par exos de zèle en oublie leur âme au passage que tous ces groupes qui bloqués sur leurs acquis et leur réputation se contentent du minimum syndicale en imaginant que les auditeurs n’y verront que du feu. Le fait est qu’après trente ans de carrière, Purgatory n’a pas à rougir de quoi que ce soit et continue son petit bonhomme de chemin en seconde division avec une fois de plus sous le coude un nouvel album particulièrement solide qui ravira tous ceux qui poseront leurs oreilles dessus. Alors si vous en êtes encore à hésitez, ne le faites plus et lancer vous à la découverte de cet excellent
Apotheosis Of Anti Light. Vous ne le regretterez pas.
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