Il m’arrive parfois d’avoir quelques scrupules lorsque je me lance dans la chronique d’un album que je n’ai écouté que deux ou trois fois seulement. Déontologiquement parlant, ce n’est en effet pas forcément très propre puisque cela sous-entend l’idée d’un jugement à l’emporte-pièce manquant cruellement de recul pour espérer être véritablement pertinent. Pourtant, certaines premières écoutes sont d’une telle évidence que l’éventualité de voir son avis évoluer ne s’envisage même pas. Un constat ferme et définitif pouvant sembler quelque peu hâtif mais qui cependant n’en demeure pas moins sincère. Evidemment si je vous raconte tout cela, c’est parce que je n’ai écouté que deux ou trois fois ce nouvel album d’Enforced au moment où je rédige cette introduction. Alors effectivement, j’aurai très bien pu ne pas l’évoquer mais c’est aussi la seule idée qui m’est venue pour introduire cette chronique de
War Remains, troisième album des Américains de Richmond sorti il y a quelques jours seulement chez Century Media.
Pour ce nouvel album paru un tout petit peu plus de deux ans après l’excellent
Kill Grid, le groupe a fait le choix de s’entourer des mêmes collaborateurs (à peu de chose près puisque Bob Quirk n’est cette fois-ci pas de la partie). Ricky Olson signe donc à nouveau l’enregistrement de ces dix nouvelles compositions alors que le mixage et le mastering ont été confiés sans surprise à l’infatigable Arthur Rizk. Moins flagrant car assez éloigné de ses travaux habituels, cette nouvelle illustration signée une fois encore des mains du talentueux Joe Petagno (Motörhead, Angelcorpse, Diabolic, Abhorrence, Incantation, Autopsy, Vital Remains...). Si celle-ci reste relativement cool, elle ne me convainc pas non plus pleinement. Surtout, j’aurai bien aimé pour une fois qu’Enforced choisisse d’apporter un peu de couleurs afin de changer de ce gris récurrent qui l’accompagne depuis maintenant trois albums…
Mais laissons derrière nous le seul petit point de contrariété relatif à ce troisième album (qui à vrai dire n’en est pas vraiment un) et intéressons-nous plutôt à l’essentiel, ce Thrash / Crossover de haute volée grâce auquel Enforced a rapidement su se faire un nom et une réputation. C’est naturellement sans surprise que l’on retrouve les Américains exactement là où on les avait laissés deux ans auparavant avec une formule déjà parfaitement rodée qui doit tout ou presque à Slayer et Power Trip. Certains seront probablement quelque peu agacés pour ne pas dire irrités par ce mimétisme aux formes multiples (de ces nombreux riffs qui sans mal évoquent l’un ou l’autre à ces constructions rythmiques sans équivoque en passant par ce chant abrasif et plein de rage) mais du seul point de vue de l’efficacité, il est vrai qu’il n’y a tout simplement rien à redire. Aussi on préfèrera évidemment se concentrer sur ce point plutôt que sur l’absence flagrante d’originalité et de personnalité évidente dont fait preuve une fois de plus Enforced tout au long de ces trente-trois minutes particulièrement musclées.
Mené le couteau entre les dents,
War Remains n’entend pas faire dans la dentelle. Affichant au compteur dix minutes de moins que son prédécesseur et cela malgré un titre supplémentaire, ce troisième album n’est en effet pas là pour faire semblant. Aussi en dépit de nombreux changements de rythmes, les temps morts se font extrêmement rares tout au long de cette grosse demi-heure qui enchaîne les bourre-pifs comme j’enchaine les poignées de M&M’s crispy lorsque je vais au cinéma. Du coup, que vous dire de plus que je n’ai pas déjà évoqué en long, en large et en travers lors de mes deux précédentes chroniques concernant Enforced ? C’est bien simple, absolument rien... Comme toujours, si les Américains continuent de nous régaler avec autant de succès c’est grâce à un riffing incroyablement efficace ("Aggressive Menace", "The Quickening", "Hanged By My Hand", "Avarice" et tous les titres qui suivent), à des cavalcades Thrash aussi haletantes que redoutables ("Aggressive Menace" à 0:08, "The Quickening" à 1:46, "Hanged By My Hand" à 0:09, "Avarice" à 1:20...), à des ralentissements dont le groove devrait rendre dingue n’importe quelle personne saine d’esprit ("Aggressive Menace" à 2:10, "The Quickening" à 0:24 et 2:56, "Hanged By My Hand" à 0:33 et 2:29, les premières mesures d'"Avarice"...) ainsi que de nombreux leads et autres solos contribuant largement à l’hystérie collective ("Aggressive Menace" à 0:07, 1:25 et 2:22, "The Quickening" à 1:14 et 2:39, "Hanged By My Hand" à 1:48, "Avarice" à 2:39...). Alors je sais ce que vous vous dites, prendre en guise d’exemples les quatre premiers titres n’est pas forcément représentatif de tout l’album sauf que dans le cas présent, ceci l’est tout à fait. Ainsi de "War Remains" à "Mercy Killing Fields" en passant par "Nation Of Fear", "Ultra-Violence", "Starve" ou "Empire", on va retrouver l’ensemble des éléments évoqués un petit peu plus haut pour un résultat final ô combien efficace et immédiat. Une leçon de Thrash / Crossover par un groupe qui en l’espace de quelques années et trois albums seulement s’est imposé comme l’un des meilleurs représentants d’un genre capable de réunir sous une même chapelle les amateurs de Punk, de Hardcore, de Thrash et de Death Metal.
En dépit d’une absence flagrante de personnalité et d’originalité, difficile de ne pas s’enthousiasmer une fois de plus à l’écoute de ce nouvel album d’Enforced et de son Thrash / Crossover particulièrement virulent. Evidemment, il est tout à fait impossible de ne pas penser à Slayer et à Power Trip à l’écoute de ces dix nouvelles compositions mais on pardonnera bien volontiers aux garçons d’Enforced ses rapprochements éhontés étant donné la énième mise au point radicale faite par ces derniers. Entre ce riffing carré et ultra-nerveux, ce rythme franc et soutenu, ce groove absolument indécent, ces petites touches mélodiques diaboliques et cette énergie virile et communicative, je vois mal comment il serait possible de faire la fine bouche. Tout chez les Américains invite à la bagarre qu’elle se fasse dans votre salon, dans la rue, dans le métro ou plus probablement devant une scène. Bref, Bref, attendez-vous à transpirer abondamment !
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