Ekulu - Unscrew My Head
Chronique
Ekulu Unscrew My Head
Trois titres, c’est tout ce qu’il a fallu aux New-Yorkais d’Ekulu pour réussir à se positionner sur les radars d’à peu près tous les amateurs de Hardcore et de Thrash / Crossover bien informés. En activité depuis 2018, le groupe dont le nom évoque la sagesse et l’intuition (ou bien encore une rivière du Nigéria pour les plus calés d’entre-vous en Géographie) compte dans ses rangs des membres de Candy, Ecostrike, Glory et Illusion. Un pédigrée particulièrement alléchant qui bien évidemment n’a pas manqué d’attiser la curiosité et l’intérêt de certains à commencer par le label Triple B Records qui s’est empressé de les signer à son roster. Après deux EPs et seulement cinq morceaux, Ekulu est aujourd’hui de retour avec la sortie de son premier album intitulé Unscrew My Head.
Paru sur Cash Only Records, petite structure extrêmement discrète a qui l’on doit notamment la réédition il y a maintenant plus de dix ans du premier album de Cro-Mags (groupe dont je finirai bien par vous parler un jour ici, c’est promis...), ce premier album d’ores et déjà sold out (1000 copies écoulées en moins de trois semaines, quand même) à de quoi intriguer. Entre ce nom étrange et cet artwork qui l’est tout autant, ceux qui n’ont jusque-là jamais posé leurs oreilles sur la musique des New-Yorkais ne seront pas beaucoup plus avancé sur ce à quoi ils peuvent s’attendre ici. Alors oui, le line-up et l’origine des musiciens ont tout de même de quoi mettre la puce à l’oreille mais pour autant, ce n’est pas forcément ce à quoi on pouvait s’attendre. Non pas qu’Ekulu soit du genre à sortir des sentiers battus ni même à révolutionner quoi que ce soit mais plutôt que le mimétisme qu’entretiennent les New-Yorkais avec le Thrash / Crossover des grands patrons qu’étaient à l’époque Cro-Mags et Leeway a de quoi surprendre et surtout réjouir n’importe quel amateur du genre.
Alors oui, en effet, on repassera pour ce qui est de l’originalité dans la mesure ou cette petite demi-heure s’apparente à un véritable hommage à la scène new-yorkaise de la fin des années 80 et du début des années 90 avec également quelques clins d’oeil plus ou moins évidents à d’autres formations comme par exemple Tool sur "Becoming / New Life Jam" avec ces percussions tribales évoquant un titre comme "Triad", Integrity sur "Pick Your Fight" et ce chant rugueux rappelant naturellement celui de Dwid ou bien encore Metallica sur "Crossed" avec cette entame calquée sur celle de "Creeping Death". Bref, Ekulu a choisi de piocher ici à droite et à gauche sans trop se soucier d’avoir ou non de la personnalité. Un choix qui aurait pu être problématique si Unskrew My Head n’avait pas été si redoutable d’efficacité.
Car s’il y a bien une chose dont je peux m’accommoder lorsque j’écoute un album, peu importe le genre, c’est bien son manque flagrant d’originalité. Enfin si tant est que ce léger point de détail est effectivement compensé par tout un tas de titres particulièrement bien ficelés. C’est le cas ici puisque Ekulu enchaine avec une aisance déconcertante les punitions Thrash / Crossover faisant toutes échos à l’âge d’or de la scène new-yorkaise. De ce riffing nerveux et incisif qui de morceau en morceau nous régale de ces shreds imparables qui en feront dodeliner plus d’un, moi le premier, à ces nombreux solos amenant cette pointe de mélodie toujours aussi réjouissante ainsi que ce côté Metal forcément assumé ("Proven Wrong" à 2:01, "Half Alive" à 2:45, "Pick Your Fight" à 1:15, "Who's In Control?" à 2:25, "Wake Up" à 0:48, "World Of Uncertainty" à 2:29) en passant par cette dynamique de tous les instants grâce à une succession de fulgurances explosives ("Proven" à 0:30, "Pick Your Fight", "Crossed" à 0:46...) et de décélérations qui devraient naturellement briser quelques nuques au passage ("Proven" à 2:33, "Half Alive" à 3:22, "Wake Up" à 2:02, l’entame de "World Of Uncertainty"...) sans oublier surtout ce p*%#!& de groove présent ici à chaque seconde, que ce soit dans ce riffing qui en fera chalouper plus d’un, ces changements de rythmes ou dans le chant arraché... Bref, un cahier des charges ici largement respecté et qui ne devrait pas manquer de ravir n’importe quel amateur de groupes comme Cro-Mags ou Leeway qui sont ici indiscutablement la plus grosse source d’inspiration d’Ekulu.
Après deux EPs déjà forts savoureux, les New-Yorkais confirment en l’espace d’une petite demi-heure tout le talent entraperçu jusque-là. Alors oui, c’est vrai, cette recette qui pue à plein nez les rues de New-York à la fin des années 80 et au début des années 90 n’est pas des plus fraîches mais à l’exception de ces parallèles évidents que l’on peut effectivement tracer entre la musique d’Ekulu et certains grands noms de l’époque, ce n’est pas cette absence flagrante d’originalité que l’on a en tête à l’écoute de ces quelques morceaux. Non, ce que l’on retient ici c’est bien l’efficacité indéniable qui s’en dégage, cette capacité à aller marcher avec une aisance déconcertante dans les pas de formations ayant largement contribué à l’essor de ce genre de Thrash / Crossover et ces traces laissées sur notre petit corps meurtri à coups de riffs, accélérations, breaks et autre séance du groove tout simplement imparables. Bref, on s’en souviendra.
| AxGxB 5 Juillet 2021 - 1392 lectures |
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