Si l'on veut résumer – et donc forcément caricaturer – l'intégrale de la discographie STienne (
à ne pas confondre avec le palmarès de St Etienne) en quelques lignes, il faut distinguer 3 périodes logiquement liées les unes aux autres, mais néanmoins distinctes :
* tout d'abord la progressive montée en puissance qui a vu les kids de Venice passer d'un street skatecore punkoïde à une grosse machine à riffer forte en gueule et en thrash
* puis l'apogée, sur un triptyque bien joufflu constitué d'un
">« Lights... Camera... Revolution! » fougueux comme un jeune pur sang à l'heure de la saillie, d'un
« The Art of Rebellion » décevant le temps d'une première écoute distraite, mais se révélant une prise de risque couronnée de succès, et du présent « Suicidal for Life » - dont je vais te parler incessamment sous peu, patiente donc un peu petit scarabée!
* et enfin la période « Freedumb » et compagnie, où le groupe a sacrifié un peu la puissance et la metal edge au profit d'une approche plus sympatoche, funky et déconnante, visiblement en prise à un imbroglio incestueux impliquant le petit cousin Infectious Grooves.
Donc oui, si l'on en croit la lecture cglaumienne de l'histoire du gang à bandanas, ce « Suicidal for Life » fait bel et bien partie des moments forts de leur production métallique. Il faut dire qu'après la pause toute de rage intériorisée qu'était
« The Art of Rebellion », le groupe – sans doute en manque de ces grosses baffes dans la nuque qu'ils savaient administrer comme personne quelques temps plus tôt – revient sur le devant de la scène avec une patate grosse comme ça et l'envie de montrer que non, tout ça n'appartient pas qu'au passé, gare aux erreurs d'interprétations qu'aurait pu déclancher la sortie préalable de « Still Cyco ».
Premier signe qui ne trompe pas, Mike Clarke se débarrasse du silencieux qui aura obstrué quelque peu l'embouchure de son générateur à grosses rythmiques sur le précédent album, et fort d'une production lumineuse et chaude comme un samedi sur une plage californienne, s'en revient bâtir autour des prêchi-prêcha coreux de son homonyme chantant une solide charpente rythmique toute faite de riffs tranchants et de coulées épaisses de chauds décibels. En plus de ce retour du gros son des familles, le père Robert sort enfin définitivement de sa réserve pour faire vrombir et rebondir sa basse dans tous les coins, un peu à l'image de ces balles en caoutchouc que vous balanciez contre les parois de votre piaule étant mômes, et qui revenaient invariablement vous coller un crochet à la tempe après avoir percuté consécutivement murs, sol et plafond au cours de leur folle odyssée: profusion d'énergie et efficacité indéniable garanties. De leur côté, toujours fidèles au poste, les soli de Rocky conservent leur pertinence et leur feeling rock, et Mr Muir, harangueur de foules sans pareil, fait toujours dans son inimitable hyper volubilité. Bonne surprise de plus, la batterie prend enfin du grade avec un Jimmy DeGrasso bien plus expressif que R.J. Herrera, le gus sachant se faire entendre, varier les plaisirs et ne pas se cantonner au second plan.
Et tout ça, non seulement c'est bien beau, mais en plus ça aboutit à la création de belles petites pépites bien dans la ligne de ce à quoi ces gaillards nous avaient habitué. Prenez « Don't Give a Fuck » par exemple: quel autre début d'album demander que ce premier bon coup de latte dans les parties, hein franchement? Et « What Else Could I Do ? », sublimé des interventions magistrales de Mr Trujilo, qui s'emballe d'emblée, puis se relâche pour repartir à 3:07 sur un furieux accès de testostérone dévastateur, ça ne vous remue pas le dedans du caleçon peut-être (
je tiens à préciser que la description précédente s'applique à la dynamique du morceau, et non au déroulement d'un coït entre El Roberto et Madame)? Citons encore l'inquiétant et rageur « What You Need's a Friend », et surtout le fabuleux « Fucked Up Just Right ! » - qui n'aurait pas tâché sur
">« Lights... Camera... Revolution! » - hymne sans faille d'un gang qui fusionne über puissance, accélération dévastatrice et groove imparable à un niveau de maestria que les pauvres groupes de deathcore, qui pourtant manient ces ingrédients à pleine brouettées, auraient bien du mal à égaler (
Rhââââââ, ce passage à 2:57: « It makes no fuckin' sense, it makes no sense to me ! »).
Malheureusement, il me faut reconnaître la présence de « mais » qui font de cet album sans doute le plus faible du triptyque précédemment évoqué. C'est tout d'abord le virus Infectious Grooves (
maladie que j'apprécie pourtant tout particulièrement) qui commence à pointer le bout de son nez dans les terres STiennes, notamment à travers certains tics de Mike Muir qui a de plus en plus de mal à s'empêcher de rire niaisement ou à enquiller les voix dérangées à la « Groove Family Cyco » (
sorti la même année il est vrai). Rien de très grave, mais on peut trouver dommage que la pêche et le côté metal d'un Suicidal Tendencies aient à arborer le groovalistique gros nez rouge du turbulent petit frère. Mais le pire, c'est encore que, derrière la façade « gros bras / gros son » toujours fièrement arborée, il semble que le groupe commence par moment un peu à manquer de patate (
cf. « No Fuck'n Problem », gentiment soft, ou « Love vs Loneliness », bien trop mou) - voire pire ! – d'idées. C'est tout particulièrement sensible sur la doublette « Depression & Anguish » / « Evil », alors que le soufflé commence un peu à retomber avec les minutes et les morceaux qui passent, et que l'on commence à avoir l'impression que le groupe s'auto-parodie un brin, mettant tous les ingrédients dans la marmite, mais sans beaucoup de conviction. Même la pourtant ultra efficace intervention de Mr Clarke, à 1:30 sur « Depression & Anguish », après la petite pause de service qui comme d'hab' sert à faire monter la pression, semble un peu convenue. Bref, si le retour à la formule
">« Lights... Camera... Revolution! » fait plaisir, on a l'impression diffuse de sentir un manque de motivation. La syndrôme du retour en arrière mal vécu? Le succès parallèle de Infectious Grooves ? Allez savoir …
En résumé, cet album est du pain béni pour les fans de ST – dont je suis –, tous les ingrédients étant réunis pour faire mouche et les tubes calibrés répondant bien à l'appel. Il reste que la fraîcheur n'est plus tout à fait la même, et que le groupe semble avoir un peu de mal à se renouveler et à trouver sa voie, chose qu'il fera par la suite, en se rapprochant un peu plus fortement du Groove Infectieux. Album enthousiasmant donc, mais pas sans retenue. Je te lui collerais bien un 7,75/10 moi, si c'était possible tiens …
13 COMMENTAIRE(S)
21/12/2012 20:59
Pas un chef d'oeuvre OK. Mais pas une purge totale quand même...
21/12/2012 19:13
Comment peut-on aimer "Free Your Soul ..."? C'est une véritable honte cet album! Rien à sauver alors que sur "Freedumb", on pouvait encore trouver du positif.
21/12/2012 18:15
20/12/2012 20:09
Mais là d'accord avec Lapinou, un ptit coup de mou pour Miko "Cyco".
A côté de "The Art..." et surtout "Light, ....", il est un poil faiblard, trop convenu, trop en roue libre mais si tout les groupes en pilote automatique pouvait avoir cette classe...
20/12/2012 00:05
Non non, pas d'erreur: l'avant-dernier paragraphe pointe d'ailleurs du doigt les petits reproches que je fais à cet album...
19/12/2012 23:36
il est juste exceptionnel, Suicidal au sommet de son art, rien à jeter, une patate d'enfer.
Jimmy Degrasso apporte une touche technique et les riffs de mike clark pète le fion.
C'est minimum 9
04/09/2008 11:56
T'es jamais sorti avec un hare krishna gothique ?
Non je suis pas très world-gothic
04/09/2008 11:42
T'es jamais sorti avec un hare krishna gothique ?
04/09/2008 11:36
Ah la la, comment peut-on apprécier ST pour ses morceaux chamallow ?? (Ormis "Alone" et "Monopoly on Sorrow" qui reprennent les choses en main avec maestria à mi parcours). Un petit Céline Dion ou Rajna quand vous avez envie de faire des bisous à votre tendre, OK, ça vous regarde, mais pas ST voyons, soyons sérieux !!!!
Bah mon gars, ça doit pas être gai tes soirées aux chandelles
04/09/2008 11:15
Ah la la, comment peut-on apprécier ST pour ses morceaux chamallow ?? (Ormis "Alone" et "Monopoly on Sorrow" qui reprennent les choses en main avec maestria à mi parcours). Un petit Céline Dion ou Rajna quand vous avez envie de faire des bisous à votre tendre, OK, ça vous regarde, mais pas ST voyons, soyons sérieux !!!! D'autant + que la voix fluette / aigue de Miko - toujours à l'oeuvre sur ces types de morceaux - est un poil gonflante quand même ...
04/09/2008 11:09
Et quelle entrée en matière mon dieu!! Les 3 premiers titres, après cette intro langoureuse, sont totalement énormes, une patae grosse comme ça!!
Pour les moins, et là je ne serai pas non plus d'accord avec toi mon cher ( ), je citerai "Fucked up...", "What else could i do" (à part la fin) et surtout "What you need's a friend" un peu fadasses.
Et sinon comme mon collègue tennisman je trouve "Love VS Loneliness" très bonne!
Ah oui j'allais oublier "No funckin problem"!! Pas de patate?! Rah la la... elle est groovy au possible cette chanson avec son riff certes asse simple mais au combien entrainant!
04/09/2008 08:48
Mon négatif, mon yang, mon cher vilain siamois !
04/09/2008 07:55