Un Marcel Proust, vous lui faites goûter une madeleine trempée du bout des doigts dans une tasse de thé (
un peu comme ce que vous faites dans le café noir avec votre tartine de Maroilles), et bam, aussi sec toute son enfance maladive passée à traîner sa frêle carcasse dans la maison de sa Tante Léonie lui revient d'un coup d'un seul, comme un boomerang abandonné par un aborigène narcoleptique. Pour votre dévoué serviteur (
si si, c'est comme ça que Chris nous oblige à nous présenter à vous), c'est en me calant entre les oreilles le « Join The Army » dont il est question ici que me reviennent mes années lycée, le souvenir du doux ronron de ce vieux (
et gros !) walkman rouge mité, ou encore les K7s BASF de papa-maman, escamotées en douce et réaffectées à la copie des albums des copains sur la mini-chaîne à double lecteur … Ah, ça nous rajeunit pas tout ça (
arf ce début de chro de vieux con !) …
En 1987, Suicidal Tendencies n'a pas encore posé ses bandanas sur la major Epic, et bien que sa musique commence sérieusement à se métalliser sous l'impulsion d'un Rocky Georges fan de thrash et de soli, le groupe en est encore à faire mijoter son crossover hardcore/punk/skathrash dans le bouillon d'un prod' brouillonne, fleurant bon le garage huileux et le street fight keupon. Le son bien faiblard de la gratte rythmique ainsi que les pocpocs de la batterie en hérisseront plus d'un, c'est sûr. En même temps cela colle assez bien à ce côté gang HxCx punky qui torche ses morceaux en 2 minutes et des peanuts, et qui balance la sauce sans prise de tête, avec une bonne humeur communicative. Côté basse, le groupe n'aura pas attendu
Bobby Trujillo pour faire vrombir la bête au premier plan, et cultiver ce petit côté groovy, limite funky, qui le rend si sympathique. Côté gratte, les rythmiques alternent entre riffs harcore/punk plutôt basiques (
« War inside my head », « Cyco ») et excès de vitesse tantôt thrashcore joyeux (
sur « Human Guinea Pig », ou sur « No name, no words »), tantôt thrash
slayerien (
à 1:50 sur « Join The Army », ou encore dès 0:18 sur « I feel your pain »). Chaque morceau se voit gratifier de son solo, mes palmes perso allant à ceux de « Suicidal Maniac » (
à 1:43), de « Feel your Pain » (
à 1:41) et de « Two Wrongs Don't Make a Right » (
à 2:20). On trouvera même des réminiscences du tout premier
Iron Maiden sur le passage de 0:11 à 0:32 débutant « War Inside My Name » - si si, cette basse, cette guitare, ce son, allez quoi ... Côté batterie, mouais, ok, ça n'a jamais été le poste-clé chez ST, je passe, surtout avec cette prod' ... Enfin côté chant, Miko nous gratifie déjà de tous les registres auxquels ils nous habituera par la suite: les harangues véhémentes aboyées en mode accéléré, le chant de ralliement (
« Joint the Army »), le ton goguenard (
« Human Guinea Pig »), les plans sournoisement menaçants (
« A Little Each Day »)… même ses jérémiades – que j'ai de tout temps trouvé pénibles au possible – sont déjà là sur « You Got, I Want ». Mr Muir est par ailleurs souvent accompagné de mâles chorales bien typiques qui témoignent autant de l'époque qui a vu naître cet album que des influences hardcore du groupe.
Tout ce petit monde est mis au service de l'interprétation de morceaux qui vont du mouaif-bof (
« You Got, I Want », « A Little Each Day » ou encore le peu inspiré et tout mou « Possessed To Skate » - oui je sais, c'est sensé être l'une de leur hymne, mais vraiment je trouve que ça manque de pêche) au superbement tubesque (
« Join The Army », « Suicidal Maniac », « Human Guinea Pig » … - Quoi ? Et « War Inside My Head » ? Pas mal, vraiment, juste un poil trop poussif pour être vraiment exceptionnel). Dès cet album, ST pose donc les bases d'un style et d'une attitude qui accéderont par la suite à la première division, aidés en cela par les moyens plus conséquents d'une major, une basse encore plus magistrale, le backbone rythmique ultra-massif de
Mike Clark et une métallisation encore plus franche. Le groupe deviendra alors le monstre que l'on sait, arpentant les stades et atteignant jusqu'à la position 52 au Billboard américain (
avec « The Art Of Rebellion »). « Join The Army » n'est pourtant pas qu'un intéressant témoignage historique des débuts du groupe, c'est également un bon album que les fans ne devraient pas négliger.
New York, London, Venice
Why join a gang ?
Join the Army !
6 COMMENTAIRE(S)
21/12/2008 19:01
Putain Thomas: c'est la 2e fois qu'on est d'accord sur la qualité (ou le manque de qualité) d'un titre d'un album classique !!
21/12/2008 11:29
17/12/2008 19:59
allez Nikta, à toi de chroniquer les autres gros albums de ST que tu t'es égoistement réservé pour toi tout seul !!!!
Euh, oui oui ça va venir!
Très bon ce JTA sinon
17/12/2008 16:05
que des tubes sur cet album, War Inside My Head, Possessed To Skate...
"Possessed To Skate", je comprends pas ce qu'on lui trouve, si ce n'est le thème qui doit bien botter les skaters ...
17/12/2008 15:58
que des tubes sur cet album, War Inside My Head, Possessed To Skate...
17/12/2008 15:00
allez Nikta, à toi de chroniquer les autres gros albums de ST que tu t'es égoistement réservé pour toi tout seul !!!!