Desaster - Angelwhore
Chronique
Desaster Angelwhore
Chacun d'entre nous a une attitude bien différente face au temps. Dans Feux d'ombre de Dean Koontz, mon livre de chevet, l'un des personnages divise les gens en trois catégories: les fervents du passé, les fervents du présent et les fervents du futur. Et bien j'ai l'honneur de vous présenter un magnifique spécimen de fervent du passé: Desaster. Si tout évolue de plus en plus vite au fur et à mesure que les années défilent, le temps semble n'avoir eu aucun effet sur les Allemands. A tel point que je ne vois que deux solutions à ce mystère: soit le quartette a découvert la machine à voyager dans le temps et débarque directement des années 1980, soit les gars sont enfermés depuis 20 ans dans une cave, sans contact avec l'extérieur et avec pour seule compagnie une guitare, une basse, une batterie, un micro et de quoi enregistrer le fruit de cette collaboration anachronique. Ah ou alors le groupe n'en a rien à foutre des modes et préfère jouer une musique qui lui plait vraiment et qui représente peut-être mieux l'idée dont il se fait du métal. Ouais, ça doit être ça et en plus ça a même un nom: l'intégrité!
Il n'est donc pas seulement question de quelques influences car tout ici renvoie deux décennies plus tôt. En allant sur le site Internet des Teutons (oui ils en ont un, incroyable non?! sûrement le seul effort de mordernité!), on apprend que Desaster s'est formé en 1988 pour faire comme leurs idoles Venom, Hellhammer et Destruction. Dire que leurs références n'ont pas changé suffit sans doute à décrire la musique du groupe: du old-school fucking thrash metal. Le tempo est ainsi souvent élévé avec riffs et rythmiques typiques du genre, mais aussi bien fourni en passages mid-tempo alourdis à grand renfort de double-pédale, pour un rendu aussi bien brutal que varié. Et dans son domaine de prédilection, Desaster se démerde carrément bien: bon nombres de riffs sont purement jouissifs, à la fois entraînants et entêtants ("The Blessed Pestilence", "Conqueror's Supremacy", "Havoc"...). En gros vous tapez du pied et headbanger tout le temps! Le thrash de Desaster a également un côté sombre, dont la production old-school un peu cradingue fait pleinement ressortir tout l'intérêt (l'intro de "Nihilistic Overtune" et le dernier morceau instrumental "Mournig Path" sont assez énormes). On est ainsi par moment pas très loin du black métal, genre dont le groupe était encore plus proche à ses débuts, notamment avec un chant très typé. Mais le chanteur n'est plus le même. On a maintenant le droit à des vocaux beaucoup plus graves, moches (comprendre "dans l'esprit") et qui partent souvent en couille. Rajoutez à celà la dégaîne ringard des musiciens, des titres de chansons qui parlent d'eux-même ("Downfall by the Blade" par exemple) et des pseudos ridicules: Sataniac (chant), Infernal (guitare), Odin (basse) et Tormentor (batterie) et vous voilà tout de suite dans l'ambiance! Pourtant, dans sa volonté de coller à une autre époque, Desaster a fait deux choix étonnants, dont un regrettable. Le premier est l'utilisation, avec parcimonie quand même, de blast-beats, mais qui au bout du compte se révèlent parfaitement adaptés et ajoutent une dose bienvenue de brutalité. Le deuxième, beaucoup plus discutable, concerne les soli. Et bien y'en a pas!? Ah si, un seul, sur "Revelation Genocide" (à 4'07 si vous le cherchez). Du coup ça manque un peu, surtout vu la longueur des morceaux. Mais en fait je me demande si les compos en ont vraiment besoin et si elles n'auraient pas été dénaturées. C'est peut-être donc mieux ainsi (et ouais je sais pas ce que je veux et je vous emmerde!).
N'empêche, sous ses airs clichesques et rétro, Desaster nous offre avec ce Angelwhore, un putain de bon album (son cinquième) qu'il faut savoir apprécier pour ce qu'il est: une sorte d'hommage à une époque où la scène métal était en effervescence et dont beaucoup restent nostalgiques. Et moi j'adhère complètement. Quand on écoute ça, on a qu'une envie, enfiler un pantalon moule-bite, sa ceinture à cartouches, sa veste à patches et se laisser aller. Cet album ne restera sans doute pas dans les annales mais quand on voit comment certaines choses évoluent, un retour 20 ans en arrière ne peut pas faire de mal.
| Keyser 10 Août 2005 - 2103 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | C'est marrant mais le jeu de batterie sur le mp3 c'est le style d'Abbadon tout craché. ça fait très rétro-thrash à la Hellhammer / Venom en effet. c'est sympa. |
citer | Keyser 10/08/2005 11:44 | note: 7.5/10 | Sortie le 22 août! |
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2 COMMENTAIRE(S)
10/08/2005 20:31
10/08/2005 11:44