Mortuary avait accouché d'une bien belle œuvre en 2003, avec l'implacable
« Agony in Red ». Niveau death / thrash, aux frontières du grind, j'ai rarement goûté aussi belle offrande depuis cet opus là. Je quémandais depuis ici et là et des nouvelles du groupe, avec de moins en moins d'espoir au fil des années, et il aura fallu finalement attendre 7 longues années pour que les Nancéens refassent enfin surface, avec ce « G.O.D. » que nous allons disséquer ensemble.
Premier constat, Mortuary joue toujours du death / thrash, mais un peu moins extrémiste qu'antan : ici, fini le grind sulfureux d' « Exit » ou « Televiolence », les titres sont il me semble un peu plus variés et élaborés ici. Pour autant, les poussées de folie ne sont pas absentes, le tempo moyen étant bien suffisamment élevé pour réveiller des passions meurtrières chez le plus passionné des supporters de l'EDF (je ne parle pas des électriciens). La production a sa part de responsabilité dans l'affaire, car je trouve le son moins puissant dans l'ensemble que sur
« Agony In Red », plus naturel également il est vrai. Il faut apprécier au passage le travail fait au niveau du mixage, chaque instrument ayant son heure de gloire, notamment une basse qu'on est heureux d'entendre, pour une fois dans un album de métal extrême !
L'une des particularités de Mortuary, et qu'on sera heureux de retrouver, c'est son vocaliste, le rugissant Patrick, dont les éructements sont très personnels; ce ne sont pas des growls et franchement cela change agréablement, écoutez le myspace pour situer le genre. Et au passage, malgré le poids des années (le groupe écume quand même nos platines et les salles de concerts depuis plus de 15 ans) le gaillard met encore beaucoup de cœur à l'ouvrage, et rien que pour ça respect.
Musicalement parlant, le quatuor n'a clairement pas perdu la pêche donc, tant certaines compos prennent littéralement à la gorge (1m51 sur « Cubikophrenic Delirium » : WOW !). Pour autant, comme je le disais plus haut, Mortuary aère davantage ses compos ce coup ci : ainsi on retrouve davantage de mid-tempos (j'ai réécouté
« Agony in Red » pour m'en convaincre), allant même jusqu'à donner un successeur à l'excellent 8e titre de l'album précédent dont le nom m'échappe, en la présence de « (H)ate », titre plus ambiancé que la moyenne, à la limite parfois du *raclement de gorge* post-core, de par ses ambiances méphitiques, où les larsens répondent à l'absence d'instrument (c'est court mais c'est bon). On se surprendra aussi à l'écoute du surprenant instrumental « Reptilian » situé à mi-parcours, où guitares acoustiques et percussions me font mentir sur le style pratiqué dans l'ensemble sur cet album. Belle ouverture d'esprit les gars, et belle réussite tout simplement pour le coup.
Ce qui frappe, enfin, sur « G.O.D. », pour qui a flashé anciennement sur le groupe, c'est le nombre de riffs volontairement dissonants qu'utilise le groupe, donnant une nouvelle couleur au death / thrash des Nancéens. Mortuary n'est pas à l'instar d'un Dew-Scented (au fait vous pouvez de suite échangez vos 8 albums de DS contre 2 de Mortuary sans regret) un énième combo de death qui joue vite et bien sans réfléchir : ce groupe a une saveur toute particulière, et un sens de la composition qui fait passer un titre fleuve de 7 minutes comme « Omegalpha » de façon aussi aussi savoureuse et facilement appréciable qu'une ritournelle de melodeath de 3 minutes et des poussières.
Je ne sais pas si cela s'est senti, mais je suis dans l'ensemble un poil déçu par ce « G.O.D » : au regard de l'interminable attente qu'il a fallut subir pour en profiter, je regrette ce léger manque d'intensité en comparaison de « l'avant ». Mais à contrario jamais Mortuary n'a sonné aussi varié et riche musicalement parlant, et des œuvres comme « (H)ate » ou « Reptilian » montre que le groupe excelle dans autre chose que du simple « boum boum » ; bien que j'adore le « boum boum » hein !
Mortuary reste définitivement un de mes groupes référentiels dans le genre, d'autant plus que nous partageons la même nationalité, et en ces périodes de désillusion sportive il est réconfortant de se dire qu'en France on assure quand même au moins dans quelque chose. Aux cotés d'Impureza, chroniqué très récemment par mon confrère Squirk, Mortuary confirme son statut de valeur sûre de notre scène hexagonale, et à ce titre mérite franchement votre soutien, plus en tout cas que 23 loosers tout de bleu vêtu. A bon entendeur.
2 COMMENTAIRE(S)
27/02/2011 20:21
Par contre "Reptilian" ne te/vous fait pas penser à "Kaïowas"? Moi ça m'a sauté aux oreilles. Trop longue à mon goût d'ailleurs cet instrumental.
M'enfin ça tabasse suffisamment pour me plaire!
23/06/2010 21:06