Ah Desaster, que de souvenirs! C'était en 2005 avec
Angelwhore, l'un de mes premiers promos reçus, grosse émotion. Et un sacré bon promo en plus qui m'avait fait découvrir ce vieux groupe et son old-school fucking thrash metal légèrement blackisant, ultra efficace malgré une répétitivité certaine. Mais bizarrement, j'ai boudé l'album suivant,
Satan's Soldiers Syndicate, pourtant acclamé par la critique. Je me suis en fait plutôt penché sur les œuvres précédentes des Allemands, plus black et raw, notamment le couple
Tyrants Of The Netherworld /
Divine Blasphemies, vu par beaucoup comme ce qu'ont fait de mieux ces vétérans. Car rappelons-le, la formation des Teutons remonte à 1988! Une longue aventure qui amène Desaster en 2012 avec un septième album,
The Arts Of Destruction (nouvel hommage à la bande de Schmier!), qui prouve, si besoin en était, qu'il reste un des meilleurs représentants actuels du black/thrash, même si l'appellation thrash/black ou blackened thrash serait désormais plus adéquate.
Quoique! Après une intro samplée classique, "The Arts Of Destruction" nous ferait presque mentir avec ces blast-beats d'entrée et son riff principal purement black metal. Un titre d'ouverture énorme qui nous renvoie à
Divine Blasphemies. La production est agressive et puissante, la batterie de ce bon vieux Tormentor lourde et naturelle, le chant de Sataniac toujours aussi arraché et old-school. Bref, que c'est bon! Mais désolé de décevoir les fans de la première heure, le quatuor ne revient que de temps en temps à ses racines black metal toutefois plus présentes que sur
Angelwhore. En fait, le combo de Koblenz a eu la bonne idée de composer un album plus varié que d'habitude en nous dévoilant ses différentes facettes: thrash, black/thrash et épique.
Les morceaux thrash ("Lacerate With Hands Of Doom", "Splendour Of The Idols", "Queens Of Sodomy", "Troops of Heathens – Graves Of Saint", "Beyond Your Grace") sont les plus nombreux. Du tchouka-tchouka endiablé, du mid-tempo pour taper du pied, des riffs acérés... toute l'efficacité du thrash en somme! Le riff d'intro de "Lacerate With Hands Of Doom" aurait d'ailleurs pu se retrouver sur le dernier Necronomicon. Quant à "Queens Of Sodomy", son riff énergique et entraînant rehaussé d'une bosse dose de brutalité lui rapporte le titre de la piste la plus efficace de l'album. Desaster nous y gratifie même d'un bon solo. Une pure tuerie jubilatoire de 3 minutes qui va faire un malheur en live! Aussi efficaces qu'ils soient, ces morceaux ne sont toutefois pas les meilleurs. J'aurais aimé, en particulier, plus de solos. Et "Beyond Your Grace" se pose clairement comme le morceau le plus faible de
The Arts Of Destruction. Pas mauvais mais trop générique avec ces influences Slayer. Une formation de seconde zone comme Legion Of The Damned s'en contenterait mais pour du Desaster, c'est un peu léger. Et puis, il manque d'accélérations.
Ensuite, les compos plus typées black/thrash. J'aurais pu y placer "Queens Of Sodomy" qui a le cul entre deux chaises mais c'est surtout à "The Arts Of Destruction" et "At Hell's Horizon" que je pense. J'en ai déjà parlé, le premier défouraille sévère comme à l'époque pré-
Angelwhore. Le deuxième se fait un peu plus nuancé mais fait aussi très mal entre blasts, riffs BM froids et mid-tempos plus headbangants, avec toujours ce sens inné de la mélodie. Cela a toujours été le gros point fort de Desaster et de son guitariste Infernal, seul membre originel. Des riffs en béton armé aux mélodies accrocheuses bien trouvées qui restent en mémoire. À ce petit jeu, les Allemands sont presque au même niveau que Deströyer 666, pour vous dire!
Enfin, les titres aux touches épiques. Là, le groupe développe davantage son aptitude à la mélodie et dévoile une facette plus raffinée. Moins sauvage certes mais toujours extrêmement plaisant. C'est sur la plage 5 qu'on rencontre le premier de ces petits bijoux. "Phantom Funeral" démarre par un tremolo à la superbe mélodie froide et lancinante que vient ensuite appuyer une batterie qui n'accélérera que par quelques coups de double pédale par la suite. Un titre émotionnellement puissant toutefois surpassé par la pièce-maîtresse de
The Arts Of Destruction, "Possessed And Defiled". Derrière ce titre bourrin cliché comme les aiment nos Teutons se cache en fait un joyau mélodique aux atours mélancoliques de plus de 8 minutes. Je trouve presque un côté folklorique dans le thème principal. Somptueux! L'opus se termine également sur une touche plus mélodique avec l'"Outro". Introduction acoustique enchaînée par un riff black froid assez triste puis roulement de caisse claire et apparition d'une mélodie magnifique, le tout sur un rythme mid-tempo plus ou moins appuyé. Une fin instrumentale de toute beauté...
...pour un album remarquable. Avec ces compos naviguant entre pur thrash old-school, black/thrash vindicatif et envolées épiques délectables,
The Arts Of Destruction nous montre un Desaster complet dans tous les domaines. Voilà en plus un bon moyen de découvrir le groupe pour les retardataires, ce nouveau blasphème présentant les différents visages des Allemands tout en restant cohérent. On regrettera juste un ou deux morceaux plus anecdotiques et la quasi absence de solo. Sinon c'est du tout bon. Desaster reste une valeur sûre et ce
The Arts Of Destruction s'impose déjà comme une sortie marquante de 2012. Un candidat sérieux pour le titre d'album black/thrash de l'année, en attendant d'écouter le nouveau Ketzer. L'Allemagne est un modèle qu'on vous dit!
2 COMMENTAIRE(S)
20/02/2012 08:25
Mais là, si tu dis que cet album est du niveau de Angelwhore, alors là je fonce. Merci pour la kro mister Keyser !
Pareil celui là il va finir entre mes mains sans tarder. Par contre j'avais bien apprécié "SSS" moi!
Sinon je viens de recevoir "Tyrants" que je ne connais pas encore, j'espère qu'il est du même accabit parce que ce groupe, quand il veut, il déboite!
20/02/2012 00:49
Mais là, si tu dis que cet album est du niveau de Angelwhore, alors là je fonce. Merci pour la kro mister Keyser !