Que le temps passe vite... Cela fait déjà un an et demi que je vous parlais ici avec enthousiasme des Américains d’Enforced lors d’une chronique que je concluais comme ceci :
"Et puis merde hein, Power Trip n’a pas sorti d’album depuis 2017 alors en attendant que les patrons soient de retour, je ne vais certainement pas me gêner pour m’enfiler un album aussi rondement mené que celui d’Enforced.". Sauf qu’a priori, les patrons ne reviendront pas. En tout cas pas sous la forme que l’on a connu...
Le trône désormais vacant, il n’y a pas grand monde capable de se dresser devant Enforced pour l’empêcher d’en prendre possession. Et a vrai dire, à l’écoute de ce deuxième album intitulé
Kill Grid sorti non plus chez War Records mais chez Century Media qui n’a pas tardé à sentir le potentiel des garçons de Richmond, je vois mal ce qui pourrait effectivement lui résister. Alors bien entendu, Power Trip aura toujours cette place bien particulière dans mon petit coeur brisé d’amateur de Thrash, déjà parce qu’ils étaient là avant et qu’ils n’ont jamais cessé de mettre tout le monde à l’amende, mais c’est un fait, Enforced impressionne...
Toujours dans des tons très gris, c’est cette fois-ci Joe Petagno que l’on ne présente plus qui signe l’artwork de ce deuxième album. Si le résultat est plutôt cool, on ne peut pas dire que ce soit son oeuvre la plus aboutie. Peut-être qu’un petit peu de couleurs comme il l’a déjà si bien fait avec Motörhead, Angelcorpse ou Diabolic n’aurait pas été du luxe. Au final peu importe puisque la chose est en effet bien vite oubliée une fois les premières secondes de "The Doctrine" entamées...
Côté production, Enforced à sollicité une nouvelle fois l’expertise de monsieur Bob Quirck (Antichrist Siege Machine, Cryptic Brood, Iron Reagan, Left Cross...) qui pour l’occasion s’est fait accompagner d’un certain Ricky Olson. Et puisqu’on ne change pas une équipe qui gagne, c’est évidemment Arthur Rizk qui s’est vu confier les opérations de mixage et de mastering pour un résultat final absolument impeccable entre puissance, clarté et naturel.
Il n’en fallait en tout cas pas moins pour faire honneur à ces titres diablement efficaces (doux euphémismes vu le panard que je prends à chaque écoute) et toujours aussi largement inspirés par Slayeeeeeeeeeeer ! Oui, les rabat-joie de service pourrons effectivement la ramener en arguant, à raison, que tout cela a déjà été fait dès la seconde moitié des années 80 par un groupe ô combien plus emblématique. Le truc c’est qu’aujourd’hui cela n’a pas vraiment d’importance. Déjà parce que Slayer n’est plus, ensuite parce que malgré tout l’amour et le respect que j’ai pour les Thrashers de la Bay Area, elle remonte à loin la fois où le groupe californien nous a infligé pareille dérouillée. Alors oui, ne vous étonnez pas si pendant l’écoute de
Kill Grid certains riffs ou certaines séquences vous rappellent la bande de Tom Araya puisque l’affiliation est ici évidente et de toute façon parfaitement assumée (sérieux, c’est pas flagrant sur des titres tels que "Malignance" ou "Curtain Fire" ?).
Mais au-delà de cette parenté avec Slayer, c’est surtout à Power Trip que l’on va encore penser durant toute l’écoute de ce
Kill Grid. Une fois de plus le mimétisme est assez saisissant et pourrait presque en être gênant si Enforced n’était pas aussi redoutable d’efficacité. Aussi on lui pardonnera bien volontiers son manque évident de personnalité face à des titres qui concentrent l’essentiel de ce que doit être un album de Thrash/Crossover digne de ce nom. Comme avec
At The Walls, on va ainsi passer ces quarante et une minutes particulièrement musclées à transpirer à très grosses goûtes, Enforced nous imposant par la force des choses une cadence des plus intenses et soutenues à coups de riffs sauvages et infernaux où le shred règne en maître absolu (je ne vais même pas perdre mon temps à vous citer quelques exemples puisqu’en fait il n’y en a pas un seul qui ne me rend pas complètement zinzin), de solos chaotico-mélodiques au feeling late 80’s/early 90’s ("The Doctrine" à 2:13, "UXO" à 2:23, "Beneath Me" à 1:18, "Malignance" à 3:24, etc), d’accélérations absolument redoutables taillés pour se taper la tête contre les murs (s’il y en a bien évidemment tout une tripotée, on pourrait néanmoins citer celles de "Beneath Me" à 0:17 et "Hemorrhage" à 1:50 qui là encore me rendent dingues) ainsi que quelques breaks et autres passages mid-tempo idéals pour faire fumer les cervicales et se muscler le cou (les premières et dernières secondes de "The Doctrine", "UXO" à 3:04, la seconde moitié de "Beneath Me", "Malignance" à 2:03, la fin de "Curtain Fire"...). Bref, c’est une véritable punition que nous inflige ici Enforced, une punition sans aucun temps mort ni faiblesse. Et nous on en redemande, encore et encore...
Si Enforced avait déjà fait forte impression lors de la sortie de son premier album il y a un an et demi, force est de constater que le groupe a ici élevé d’un cran son niveau de jeu.
Kill Grid est une putain de branlée qui ne faiblit jamais d’un poil. Un disque sauvage et intense d’une efficacité particulièrement redoutable dont le seul défaut - si c’en est un - est effectivement son manque de personnalité tant celui-ci transpire les noms de Power Trip et Slayer par tous les pores. En attendant que la brigade de l’originalité viennent taper du poing en commentaire ici ou ailleurs, Enforced lui botte des culs et ferme des bouches à la chaîne, sans faiblir un seul instant. A priori il n’y aura pas trop à sourciller, on tient là l’album Thrash/Crossover de l’année 2021.
7 COMMENTAIRE(S)
17/04/2021 19:05
19/03/2021 17:43
17/03/2021 18:10
OUI
08/03/2021 08:01
Oui, j'aurai très bien pu me contenter de cette phrase pour ma chronique haha
07/03/2021 22:35
07/03/2021 15:37
Côté crossover thrash 2021, j'ai déjà un faible pour Terrordome - Straight Outta Smogtown, surement beaucoup plus propre et plus lisse que Enforced, sans doute la patte polak, mais très réjouissant...
06/03/2021 10:02