Avec le temps, j’ai fini par développer un attachement particulier au binôme Andreas Kisser/Derrick Greene. Ça doit remonter au printemps 2013, lors d’un passage des ex-cadors du thrash death à deux pas de chez moi. Et si à l’époque je n’aurais sûrement pas tapé 100 bornes pour m’enfiler une nouvelle rasade de « Mass Hypnosis » ou de « Refuse/resist », ce set surpassait tellement celui donné en 1ère partie de SLAYER à Marseille (1998, une autre ère …) qu’il m’a poussé à reconsidérer leur statut de vieille référence sur le déclin. Et si les retrouvailles discographiques ont tardé à se concrétiser (qui se souvient du retour manqué de Ross Robinson sur « The Mediator … » ?), 2017 a enfin marqué l’arrivée d’un skeud qui compte : novateur et virtuose, « Machine Messiah » reste un album unique en son genre où le groupe parvenait enfin à tirer le meilleur du brassage stylistique pratiqué depuis l’ouverture tribale sur « Chaos A.D. ».
Sans jamais renier ses fondamentaux thrash death, SEPULTURA semble avoir enfin trouvé l’équilibre entre la frontalité de compositions tournées vers l’offensive et les aspirations prog/expérimentales de sa principale tête pensante. Pour un « Guardians Of Earth » frappé par la foudre orchestrale, on a donc droit à une relecture furieuse du standard
« Arise » en titre d’ouverture, « Isolation » étant ce que le gang de Belo Horizonte a proposé de plus virulent depuis une paye. « Last Time » et ses accélérations meurtrières ? Un bon compromis entre deux tendances, SEPULTURA jouant au jeu du chat et de la souris sur un « Quadra » sensiblement plus brutal que « Machine Messiah », tout en conservant la même ligne directrice créative. Tour à tour sophistiqué, tribal et ultraviolent (« Autem » et son riff très NAPALM DEATH, quel pugilat !), ce 15ème full length donne l’occasion à Andreas Kisser d’exploiter un large spectre de sa palette de jeu. En bon virtuose du thrash, le guitar hero nous gratifie de solis absolument jouissifs sur « Agony Of Defeat », la mémorable instrumentale « The Pentagram » ou encore « Isolation ». On ne peut plus dynamique, le tracklisting s’appuie également sur une poignée de titres mid tempo pour bétonner (« Means To An End », « Capital Enslavement », « Raging Void »), « Quadra » bouclant son programme de démolition sur une touche émotionnelle bienvenue avec le caméo de Emmily Barreto (FAR FROM ALASKA), admirablement secondée par le jeu tout en nuances d’Andreas.
Et le Predator dans tout ça ? Toujours en forme le bougre, et c’est un réel plaisir de l’entendre gueuler à s’en faire péter la colonne vertébrale, quant il ne nous régale pas de son chant clair forcé sur des refrains participant à rompre la monotonie thrash death (« Raging Void », « Agony Of Defeat ») qui a toujours un peu plombé THE HAUNTED période Marco Aro. Comme en plus il sait pousser la chansonnette à merveille, c’est vraiment le 2ème atout maître de la formation actuelle, le fidèle Eloy Casagrande s’acquittant parfaitement de sa tâche derrière les fûts.
Le seul bémol finalement, au-delà de l’absence de titres aussi marquants que « Machine Messiah » ou encore « Phantom Self », c’est la production un peu inadaptée signée Jens Bogren. J’ai eu la désagréable impression de tomber sur un album d’IN FLAMES des années 2000 et clairement, ça m’a gâché les premières écoutes d’un disque qui aurait gagné en clarté, sans pour autant se départir d’une puissance bienvenue après des années d’errance en la matière. Très costaud tout de même dans l’ensemble, « Quadra » voit SEPULTURA, avec enfin deux très bons albums d’affilée, remonter au classement des groupes qui comptent. Et par les temps qui courrent, ça n'est pas la moindre des bonnes nouvelles!
2 COMMENTAIRE(S)
13/12/2020 22:39
J'aime de plus en plus la direction que prend le groupe. C'est sur qu'au fur et à mesure des années Sepultura est devenu la chose de Kisser,mais moi ca me va bien. J'aime l'inventivité du bonhomme, et sa volonté de pousser Sepultura dans d'autres sphères est à mettre à son crédit.
En plus, avec le temps, je trouve que les albums de la période Kisser/Green prennent du galon au fur et à mesure des ans.
C'est sur que Quadra n'a plus rien de commun avec Arise, ou Chaos AD. C'est un metal froid, urbain, et résolument à l'opposé du thrash/death des débuts. Ce qu'on pourrait éventuellement leur reprocher c'est de ne pas rentrer dans un style en particulier. Qui pourrait décrire précisément le style pratiqué par Sepultura aujourd'hui ?
Bref, aujourd'hui je ne me pose même plus ce genre de questions. Je profite et j'apprécie.
Et puis, merde, ce Eloy Casagrande est un monstre !
09/06/2020 19:14
Pour ma part, un album aussi lourd qu'inutile, au bout de 2 chansons je zappe, c'est franchement insupportable.