Comme quoi Meth Drinker est finalement un peu plus qu’un énième groupe de sludge « trop sick », comme j’avais pu le juger à l’époque. Il faut dire que les Néo-zélandais cochaient tant les bonnes cases du sludge qu’ils en devenaient assez anonymes, entre pochettes provocatrices, nom vénérant la clochardisation et musique faisant penser à une copie sans éclat de Fistula sur
Oil, dernier album de la formation depuis retournée dans le silence.
Heureusement, l’excellent label Throne Records m’a fait réenvisager la bande, notamment au travers de la présente compilation regroupant un EP sans titre ainsi que les splits sortis avec Moloch, Leechfeast ou encore Dead Instruments. Soit une heure de sludge misanthropique, dédiée aux amateurs de Dystopia, Noothgrush et autres Grief ! Certes, par rapport au longue-durée de 2014, peu de différences sur le papier. Pourtant, Meth Drinker possède ici une aura bien à lui, rendue visible par la magie de la compilation, format capable dans ce genre particulier de faire particulièrement des miracles.
En effet, un peu comme les compilations de
Seven Sisters of Sleep et
Dystopia (qui nous aura fait le coup
deux fois), Meth Drinker attrape ici cette ambiance de menace, de négativité constante, qu’il n’a pas selon moi quand il s’étale en une fois sur un long format. Mis bout à bout, les douze morceaux ci-présents conservent l’urgence inhérente à la nécessité de tout dire en peu de temps faisant le sel des splits et EPs tout en développant une ambiance commune. Il y a clairement de quoi se faire correctement arracher la gueule ici, à commencer par les titres « Spleen Splitting Pavement », « Stare » ou encore « Two Minutes Hate ». La bande n’épargne aucune occasion de transmettre un mal-être constant, par un dynamisme ensuqué et une lourdeur plongeant au cœur de la dépression de façon viscérale, à la manière de ces motifs musicaux allant et venant sur « Desperation », « Loss », « White Cell » et « Sewer ». Quatre compositions concluant parfaitement un ensemble aliénant au point de rendre grande la tentation de mettre Meth Drinker, ce groupe pourtant si appliqué à respecter un certain sludge, dans la case des aliens.
Mais le saut ne sera pas fait, le groupe étant définitivement à voir comme destiné aux amateurs d’un sludge d’une certaine tradition, pur dans l’impur, tout en attrapant, presque accidentellement, une personnalité propre où le mot « sordide » semble prendre tout l’espace. Aucune joie, aucune libération, aucune respiration dans cette compilation : comme un certain
Come to Grief, Meth Drinker vise ici le noir constant, la misanthropie comme seul principe de vie. Trop sec, voire scolaire, sur un temps court, il profite de cette plongée dans l’excès, l’heure en sa compagnie finissant par avoir ces teintes grises, parcourues de jaune et de vert salis, rendant virales ses compositions. En somme, cette générosité qui lui manque au sein de ses titres, il l’attrape ici dans la durée. Le seul coup de chance que vous trouverez dans ce disque marqué par la poisse.
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