Dead Elephant - Unholy Blackened Sludge
Chronique
Dead Elephant Unholy Blackened Sludge
Il serait facile de faire une énième comparaison entre ce nouveau disque de ce groupe précieux de sludge qu'est Dead Elephant et... la merde. Car, ceux qui bouffent le Fistula des grandes heures, Grief, Dystopia et consorts – et qui, j'espère, ne m'ont pas attendu pour écouter ce disque – le savent : un bon disque de sludge est comme un bon passage aux chiottes, expéditif, sale, sans gêne et poussif, avec la jouissance qu'il y a à se vider. Désolé si ça fait rougir ; vous vous refusez certains plaisirs.
Mais essayons autre chose. Comme dire qu'il y a dans ce sludge qui n'oublie pas qu'il y a canon dans canonique (quelle beauté dans ce respect des codes qui garde la ferveur en son centre !) une volonté quasi-politique de remettre au centre la menace, la rage, le DIY qui a mu au départ un style gentrifié de nos jours. Point de post metal, de brasserie artisanale, de black metal mélodique ou de cuisine moléculaire dans ce quartier populaire :
Unholy Blackened Sludge a la même force de revendication qu'un certain « Unholy Black Metal » d'un certain
Under the Funeral Moon, la même intransigeance et la même horreur crue portée en étendard. Enregistrée une nouvelle fois avec les moyens du bord, la seule appréciation de ses créateurs comme validation, cette nouvelle œuvre est marquée par une éthique punk qui déborde à chaque instant.
Et ce, jusqu’à une ambiance de décadence et de menace qui va encore plus loin que sur le déjà réjouissant
Year of the Elephant. Qu’on se rassure, toujours aucune trace de finesse, d’esthétisme de galerie d’art, dans ce sludge qui envoie tout péter et ne souhaite faire que cela durant le temps qu’il s’accorde. Trente minutes, cela peut paraître trop modeste ; quand elles sont aussi bien tenues, allant au bout des choses dès le premier titre, on applaudit surtout l’exercice ! Le black metal autrefois particulièrement présent au détour de riffs se mêle désormais à l’ensemble, devient siamois d’un sludge offensif et misanthropique jusqu’à une voix au bord du râle sourd à autre chose que lui-même. Adieu psychédélisme (qui repointe seulement un bout de nez sur « Mirrored Misanthropy » et « Elephant Haze »), groove « moelleux » et « chaleur » : Dead Elephant recentre ici le débat, composant un sludge toxique, fier d’être néfaste, passionnément clochard, aussi court – et c’est bien son plus gros défaut – que libérateur.
Voilà qui ne révolutionne rien mais qui pourra vous apporter le plaisir d'envoyer tout chier, donc. Même vous.
| lkea 8 Novembre 2024 - 279 lectures |
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