Temple Of Dread - Beyond Acheron
Chronique
Temple Of Dread Beyond Acheron
Après un début de carrière mené au rythme effréné d’un album chaque année il était temps pour le trio de lever un peu le pied afin de recharger ses batteries, et aussi retrouver une inspiration qui s’était légèrement estompée sur son précédent opus. Car loin d’être raté
« Hades Unleashed » voyait néanmoins une certaine baisse de régime du côté de l’écriture, un point qui n’existait pas auparavant chez le combo et qui signifiait qu’il était peut-être temps pour lui de souffler un peu afin de revenir plus fort. Néanmoins nulle pause excessive ici vu que seulement deux ans se sont écoulés depuis ce disque qui fait place aujourd’hui à un successeur attendu encore plus que d’habitude, et qui confirmera (ou pas) que la formation en a encore sous le capot malgré son style dépouillé, accrocheur et prévisible. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on va être totalement dérouté par le démarrage de ce quatrième album qui met en avant une facette plus actuelle et synthétique, portée par des claviers pas vraiment attrayants et qui vont clairement gâcher toute cette première partie franchement ratée.
Car si le mélange entre modernisme et classicisme passe relativement bien sur le remuant et légèrement mélodique « Beyond Acheron », cela va nettement se compliquer sur le mitigé « World Below » qui avait pourtant tout pour être efficace. Proposant les habituelles parties enlevées idéales pour headbanguer, tout cela va ensuite s’enliser par l’apport des nappes de claviers éthérées au rendu plus que bizarre... tant ça tombe complètement à côté de son sujet et finit par casser complètement le rythme et l’accroche générale. Et cela n’est rien à côté de l’interminable « Damnation » qui s’étire à n’en plus finir sans qu’on n’en retienne quelque chose, la faute à une vision trop ambitieuse qui se loupe complètement et propose en prime un rendu synthétique dégoulinant de plastique et de froideur, où l’on peine à reconnaître l’identité musicale du groupe. Si l’on pouvait sans peine se demander ce qui lui est passé par la tête pour pondre un truc pareil les choses vont heureusement s’améliorer dès la plage suivante (le sobre et impeccable « Dance Of Decay »), et vont le rester jusqu’à la fin pour notre plus grand plaisir. Heureusement que les gars n’ont pas poursuivi l’expérience musicale sur toute la durée de cette galette, sans quoi il est évident qu’on aurait été en présence d’un massacre musical et d’un désastre au sein de leur désormais conséquente discographie, et du coup toute cette seconde moitié va revenir aux fondamentaux avec de suite une qualité plus conséquente.
Confirmant que c’est dans cette voie que l’entité est la plus à l’aise l’intérêt général ne va plus retomber jusqu’au bout, preuve en est l’équilibré « All-Consuming Fire » à la sobriété retrouvée et totalement sans surprises mais où l’envie de taper du pied reprend le dessus et fait plaisir à entendre. Et tout ça c’était sans compter sur une montée en puissance progressive qui arrive d’abord avec « The Plague » aux légers accents Hardcore et à l’énergie communicative, où explosivité et lourdeur se côtoient en bonne harmonie et nous renvoient directement à l’époque de
« Blood Craving Mantras » et
« World Sacrifice ». Ce ressenti de retour vers un passé proche va se confirmer dans la foulée via « Carnality Device » direct et sans concessions où la rapidité est prédominante, et ce avec un feeling de tous les instants et une forte envie d’en découdre en envoyant valdinguer tous les problèmes et emmerdeurs de tous poils. Cela sera encore accentuée sur le court et radical « Asebeia » aux fortes influences Punk et même légèrement Grindcore, pour offrir ici sans doute la plage la plus extrême et primitive jamais écrite par les Allemands.
Particulièrement énervés et tabassant comme jamais ceux-ci terminent les hostilités de la meilleure des façons (on passera volontiers sur l’outro « Hades » qui retombe dans les travers entendus au départ), et fait ainsi oublier tout ce démarrage raté et laborieux dont on espère ne plus entendre ces expérimentations hasardeuses à l’avenir. Car il y’a tout à parier que s’ils s’obstinent à vouloir faire une musique artificielle qui sent bon Nuclear Blast ils vont perdre une grosse part de leur public sans forcément réussir à le remplacer, tant celui-ci préfère quand ça carbure frontalement et sans se poser de questions. Du coup malgré ses qualités entendues dans sa deuxième phase ce nouveau chapitre est clairement en dessous des précédents, du fait des passages beaucoup trop inégaux qui s’y trouvent, et ce même si le retour à la simplicité entendu plus tard s’effectue sans heurts bien que tout cela sente le recyclage et le pilotage-automatique. A voir donc si les trois acolytes vont se reprendre sur leur prochaine livraison... et il va le falloir pour eux, au risque de voir leur intérêt se réduire à peau de chagrin et d’y perdre définitivement la crédibilité et la sympathie qui leur a toujours donnée jusqu’à présent et n’était pas usurpée.
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