Martyrdoom - As Torment Prevails
Chronique
Martyrdoom As Torment Prevails
Mine de rien avec le temps on avait fini par complètement oublier l’existence du combo de Varsovie qui avait pourtant publié en 2017 le très bon
« Grievous Psychosis », sauf que depuis ces six années il y a eu un silence radio quasi-intégral des Polonais qui reviennent enfin avec de la nouveauté tant attendue composée ici de huit titres impeccables et d’une reprise très réussie d’AUTOPSY. Car ceux qui avaient aimé ce premier album ne pourront normalement qu’aimer son successeur qui reprend les choses où elles en étaient restées, grâce notamment au fait que line-up n’a pas évolué hormis le départ du bassiste qui n’a pas été remplacé (vu que désormais c’est le hurleur en chef qui est chargé aussi de cette tâche). Evoluant toujours dans un gros Death/Doom bien putride et froid qui sent fortement l’influence d’ASPHYX le désormais quatuor a cependant gagné en densité et en accroche, éliminant ainsi les quelques petites faiblesses que pouvait avoir sa précédente réalisation et faisant ainsi de son successeur une très bonne réalisation typique du genre (où quelques relents de CORPSESSED font aussi leur apparition) qui va parfaitement faire le boulot.
Il faut dire que les gars vont directement nous balancer à la figure une des meilleures compos de ce disque avec « Voidcreeper » à la fois violente et oppressante, tout en n’hésitant jamais à accélérer autant qu’à ralentir au maximum de leurs possibilités afin de créer un rendu pachydermique et dynamique, où l’envie d’écraser tout le monde côtoie celle de remuer la nuque sur fond de reverb’ putride et graisseuse. Si tout cela est sans surprises et exécuté avec simplicité sans jamais faire d’excès techniques le rendu est ultra-efficace, vu qu’il crée une sensation oppressante et malsaine où l’on est pris en étau devant ce déluge de froid aux ambiances tribales. Néanmoins tout ça n’est jamais bourratif notamment grâce à un groove permanent et instinctif qui va se retrouver tout du long de ce long-format de façon plus ou moins présente (mais toujours bel et bien là !), selon si les plages vont à l’essentiel ou s’étirent plus sur la durée. Car si « 93 » va être le morceau le plus expéditif il va aussi montrer un vrai talent pour y glisser l’ensemble des tempos voulus sans chichis, vu que les longs passages instrumentaux entrevus jusque-là (et qu’on va ensuite retrouver jusqu’à la fin) vont laisser place à une écriture plus directe et ramassée qui passe également très bien, où ça a le temps de jouer les montagnes russes sans fioritures... un constat que l’on fera également plus loin sur les tout aussi impeccables « Purtenance » et « Festering Existence ».
Et puis progressivement que l’on va avancer dans l’écoute la facette lente et rampante va prendre le dessus en obscurcissant encore plus une météo déjà totalement impénétrable, et à ce petit jeu « Katatonic Ascension Of Cirrhosis » va donner le change tout en conservant encore des parties explosives et enlevées pour faire passer là-encore un excellent moment sans fausses notes et qui passe comme une lettre à la poste. Si effectivement tout cela donne parfois le sentiment de recyclage (aussi bien du côté des riffs que des patterns) on ne saura en tenir rigueur à l’entité, qui arrive toujours à accrocher l’auditeur sans jamais le lasser et ce même de manière plus flagrante quand vont débouler les tempétueux et excellents « Shedding Of The Soul » et « Garden Of Flesh », où les moments débridés sont absents pour laisser le champ libre à un tempo écrasé et massif. Si tout était réuni pour se cracher en vol de par un certain minimalisme cela est compensé par cette dynamique constante où l’absence absolue de lumière atteint son paroxysme et fait ressentir ainsi la fin des derniers espoirs d’échapper à son destin, qui pouvaient entendre apparaître ici et là. Nihilistes dans leur façon d’être jouées ces deux moments de gloire concluent ainsi un enregistrement imparable qui a tout pour faire grimper ses géniteurs dans la hiérarchie aussi bien nationale qu’internationale, confirmant une fois encore la qualité de la scène Polonaise qui ne se dément pas avec les années (à l’instar de la reprise fidèle offerte en bonus de « In The Grip Of Winter » de Chris Reifert et ses acolytes – tirée initialement de « Mental Funeral » en 1991).
Gardant sa ligne de conduite sans pour autant totalement se répéter (solos plus présents, variété en quantité supérieure...) la formation signe une œuvre haletante qui projettera l’auditoire dans les tréfonds de l’âme humaine et les caveaux les plus humides, prouvant qu’elle a franchi un cap et qu’il va falloir compter avec elle dans le futur. En attendant même si tout ça a peu de chances de finir dans les bilans de fin d’année on se laissera totalement embarquer dans ce voyage pas de tout repos mais jouissif au possible, prouvant une fois encore que c'est dans les meilleurs pots qu’on fait les meilleures soupes et qu’il n’y a pas besoin d’en faire des caisses pour être efficace... tout à fait ce qu’on retrouve ici et qui contentera facilement tout le monde.
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