[ A propos de cette chronique ] Jeune groupe formé en Biélorussie en 2004, PIAREVARACIEN n’a jamais vraiment fait parler de lui en Europe occidentale. Après un premier full-length en 2008 du nom de
Торны Шлях, c’est sans doute pour rattraper le tir que le jeune label français Crush The Desert propose aujourd’hui une version anglophone de
Spovieda Kryvi, traduit par
If No Sun. Intégralement traduites pour l’occasion, les paroles patriotes et vindicatives des slaves ressortent avec un savoureux accent slave qui écorche gentiment la langue de Shakespeare. Alternance jouissive de chant clair maîtrisé et de chant Black Metal, ce disque tantôt aéré et planant (« Missing the sun »), tantôt revendicatif (« On the wide boundless fields... », « Black candles song »), fera bien sûr penser à TEMNOZOR dans un premier temps, comme tout groupe de cette scène qui développe ce créneau. La force du combo composé de six membres est d’avoir une vraie personnalité, contrairement à un groupe comme VELIMOR par exemple qui sacrifie vraiment sa musique au profit de l’admiration qu’il a pour ses aînés.
On verra le talent très rapidement, lorsque PIAREVARACIEN développe par moments une atmosphère aérienne véritablement touchante. Si la production ne suit pas toujours, on voit que leur créativité reste intacte : les longs passages atmosphériques sur « Blessed My Europe » ou l’excellent « Missing The Sun » ont de quoi emporter plus d’un auditeur dans les limbes de la nostalgie. Le solo sur « Missing The Sun » est tout simplement magnifique : en plus d’être totalement maîtrisé, on pensera même à ce qu’on réussit à faire nos Français d’HIMINBJORG et à la force de leurs mid-tempos lorsque les Biélorusses mettent toutes leur convictions dans ces moments plus lents, et les plus beaux, tout simplement, moments soutenus par une voix claire qui rappellera notamment des morceaux comme « Lonely » sur
Haunted Shores ou « Songe de l’elfe » sur
Chants d'hier, Chants de guerre, Chants de la Terre. Une certaine grâce se dégage de ces passages plein de fluidité et d’inspiration. Une très belle réussite chez PIAREVARACIEN qui réussit à proposer quelque-chose de très fort dans un registre maintes fois exploré, à l’image notamment du dernier NOKTURNAL MORTUM et de ses interludes « pink-floydiens »…
Quelques défauts viennent pourtant gâcher cette mécanique bien huilée. La voix Black Metal manque de rage et de puissance, tout comme la production, qui bien qu’elle soit très nette, manque un peu de profondeur et de pêche. On ne distinguera pas PIAREVARACIEN sur la voix Black Metal, un des défauts majeurs de l’album. Si la batterie et la guitare manquent clairement d’énergie également, on notera tout de même une basse très bien mise en valeur par le mix. Cette production correcte malgré tout fera prendre la mesure de la maîtrise technique évidente des Biélorusses, qui sortent avec leurs tripes des compositions très variées, alternant passages rapides et vindicatifs et tempos plus lent et atmosphériques. Même si
If No Sun est composé de 10 morceaux pour une petite heure de Pagan/Black, on a jamais le temps de s’ennuyer à l’écoute d’un disque qui passe comme une lettre à la poste. Quelques longueurs tout de même, à l’image de l’enchaînement des morceaux « Silence » et « Spring », un ton en dessous malgré le niveau tout à fait acceptable de ces deux compositions. On pensera fortement à KRODA sur le premier morceau, mais sans cette agressivité jouissive qu'on aime retrouver chez les ukrainiens.
Un grand potentiel se dégage malgré tout de ce bon disque
If No Sun. En plus d’être un groupe inventif et honnête, on voit clairement que PIAREVARACIEN dispose d’un boulevard pour percer au niveau de cette scène de l’Est occupée par les meneurs qu’on a pu citer auparavant, puisque nos biélorusses ont clairement quelque-chose en plus. Qu’ils parviennent à renforcer leur production (malgré le manque de moyen évident dû à leur zone géographique peu favorable pour ce genre de méfaits) et à mieux exploiter leur haine et leurs belles revendications avec une voix Black Metal plus rageuse et couillue, et on tiendra un excellent groupe.
If No Sun, de par sa beauté et sa spontanéité première, séduira les auditeurs les plus exigeants, mais il manque encore un petit quelque-chose pour qu’on le ressorte aussi souvent qu’un
Folkstorm of the Azure Nights par exemple. Diantre, vivement le prochain, qui j’espère bénéficiera du même suivi qu’
If No Sun en Europe occidentale… Excellente découverte pour ma part, qui viendra conclure une année 2011 riche en offrandes païennes réussies.
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