Ygg - Ygg
Chronique
Ygg Ygg
Je n'aime pas les surprises, car elles font en général d'autant plus d'effet qu'on ne les attend pas, et c'est le cas avec l'album éponyme de ce jeune groupe créé en 2010 par le triumvirat Helg, Odalv et Vrolok, qu'on a déjà vu jouer dans d'autres groupes talentueux de leur pays, des combos qui portent fièrement les belles couleurs de l'Ukraine, comme NOKTURNAL MORTUM, KHORS, ou encore THUNDERKRAFT. Le mystère plane autour de cette sortie : pour le moment très mal distribué en Europe occidentale, le disque s'intitule sobrement YGG et présente une pochette plutôt minimaliste, un soleil couchant peint avec un rouge somptueux et observé par un arbre slave qui brille par son ancienneté. Les efforts du jeune groupe se retrouvent donc à plusieurs niveaux, le premier étant leur pochette : discrète, humble, superbe.
Et dès « ...Знаю, висел я в ветвях на ветру... », l'introduction, l'auditeur se voit happé par cette atmosphère naturaliste fabuleuse qui se dégage en permanence de ce grand disque, qui n'est pas sans rappeler l'anthologique Voice Of Steel des compatriotes NOKTURNAL MORTUM, légende d'Ukraine dont sont issus deux des trois êtres qui forment le mystérieux projet du nom de YGG: Vrolok & Odalv. Les deux hommes ont visiblement été marqués par leur expérience de sessions sur Voice Of Steel puisqu'on y retrouve le son cristallin, pur et limpide du fameux disque des têtes de pipe ukrainiennes. De même, les samplers bruitistes et forestiers évoquent bien entendu les excellents DRUDKH. La comparaison avec les rois de Kharkov ne s'arrête d'ailleurs pas là, puisque le riffing des compositeurs de YGG rappelle par certains moments la rage mélancolique de leurs brillants collègues. Ce côté extrêmement poignant et hypnotique semble tout droit hérité d'un Forgotten Legends. Dans le même ordre d'idée, le groupe utilise finalement assez peu de claviers ou d'instruments folkloriques, en se contentant de quelques touches discrètes sur quelques passages pour faire ressortir un classieux riff de guitare. A noter également, l'usage de la guimbarde qui rappellera ce qu'a pu faire un combo comme KRODA sur Fimbulvinter par exemple, notamment sur la pièce « Гимн природы » où elle introduit avec brio un énorme morceau de bravoure.
Ajoutez à cela le fabuleux vocaliste Helg, qui rappellera WALKNUT de par son timbre exceptionnellement criard et sincère. L'homme adopte un ton très mélancolique et nostalgique dans son travail de voix pour se lamenter de la déliquescence de sa terre en invoquant les légendes et le côté mystique de son pays pour en célébrer dans sa langue maternelle la grandeur de manière intense, respectueuse et puissante. De même, on retrouve comme il se doit une référence au paganisme traditionnel, avec le nom Ygg, qui fait référence à la descendance d'Odin. Bien que la voix ne soit pas l'élément le plus présent sur ce disque, la majorité des atmosphères étant constituée par de longs passages instrumentaux hypnotisant l'auditeur, le vocaliste harangue à plusieurs reprises, et avec grande efficacité, les oreilles qui se posent sur son œuvre. On pourra voir quelques longueurs ici et là, quelques riffs prolongés de manière un peu abusive... mais l'osmose entre YGG et son atmosphère générale reste complète, tant la force de ce rituel païen est prenante.
Les nombreuses références aux groupes parallèles de ma part ne doivent pas occulter le fait que YGG respire l'inspiration et se forge ici dans le fer et dans le sang une authentique personnalité. Marquées par le label de qualité ukrainien, chaque composition, de « YGG » la magnifique, qui prend aux tripes dès le début de la grosse heure qui va suivre à « Гимн природы » ou « Ритуал », font ressortir les points fort d'YGG de manière homogène tout en suivant une ligne monolithique et ensorcelante... pas une n'est en dessous des autres, toutes m'ont véritablement transporté. Bon, certains verront aussi quelques faiblesses, notamment sur « ...Знаю, висел я в ветвях на ветру... » et « ...Стеная, их поднял и с дерева рухнул... » (trop inspiré par DRUDKH pour le coup...), respectivement introduction et outroduction du disque, mais cela n'occulte en rien le fait que ce disque reste grand: la mélancolie permanente et hypnotique, alliée à une haine poignante, véhémente et à une atmosphère naturaliste magnifique, s'exprime ici sous un relief de froideur typiquement slave pour accoucher d'une tuerie en règle… cette œuvre barrée du sobre nom de YGG s'imposerait-elle pour le moment comme LE disque de 2011, tout style confondu ? Il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas pour désigner cet authentique coup de cœur. Alors, 2011, année païenne ? Avec le nouveau KRODA qui s'annonce bien puissant lui aussi, les amateurs de traditions et de riffs chargés d'émotions nostalgiques vont à coup sûr en prendre pour leur grade, moi le premier.
| Voay 1 Juin 2011 - 4272 lectures |
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