Tribal Gaze - Godless Voyage
Chronique
Tribal Gaze Godless Voyage (EP)
On peut dire ce que l’on veut au sujet du peintre italien Paolo Girardi, notamment lui reprocher une certaine redondance dans quelques unes de ses oeuvres, il faut quand même bien reconnaître que ses visions infernales, monstrueuses, grotesques et apocalyptiques qu’il se plait à dépeindre régulièrement ne manquent pas de charmes... La preuve, si vous en êtes à lire ces quelques lignes c’est probablement parce que vous avez été attiré par cette illustration ici à votre droite plus que par le nom de Tribal Gaze qui a priori ne doit pas vous dire grand chose.
À cela rien d’anormal puisque les Texans viennent tout juste de sortir leur premier EP sous l’étendard du label américain Desert Wasteland Productions (Astriferous, Boethiah, Charnel Altar, Desecrator, Fleshrot, Path To War...). Intitulé Godless Voyage, cette première mise en bouche affichée sous la barre des dix-neuf minutes n’entend clairement pas bouleverser les fondements du Death Metal mais plutôt y apporter modestement sa pierre à l’édifice. Et si personne n’ira crier au génie, vous devriez néanmoins être nombreux à apprécier le voyage.
Ainsi, outre ce logo et cet artwork qui ne devraient pas manquer de vous mettre en confiance, Godless Voyage brille surtout pour l’efficacité de ses compositions et le simple fait que celui-ci s’éloigne sensiblement des groupes de Death Metal caverneux que l’on nous (vous) sert à tout bout de champs. C’est donc vers une formule alliant davantage de technique et de brutalité que Tribal Gaze va se tourner, Desert Wasteland Productions citant bien volontiers Morbid Angel, Decapitated, Immolation et Cannibal Corpse pour évoquer en effet la musique des Texans. Des influences naturellement alléchantes que l’on va retrouver distillées intelligemment tout au long de ces quelques titres servi par une production compacte et moderne qui heureusement à le bon goût de ne pas tomber dans les travers de notre époque (batterie synthétique, triggs trop prononcés, trop de compression au détriment d’une véritable dynamique...).
Loin de chercher à trop en faire et soucieux de se montrer relativement concis (si aucun titre ne dépasse les quatre minutes, la moitié d’entre eux s’affiche ici sous la barre des trois minutes), Tribal Gaze va donc se concentrer sur l’essentiel sans pour autant perdre de vue l’idée d’offrir une certaine variété à son propos. Le Death Metal des Texans se caractérise ainsi par un riffing particulièrement dense (pour ne pas dire pesant), complexe et versatile rappelant effectivement par moment le Morbid Angel de Covenant ou Immolation ainsi que par un goût relativement prononcé pour les séquences mid-tempos écrasantes entrecoupées bien évidemment par de nombreux et systématiques soubresauts dynamiques se faisant nettement plus soutenus et intenses.
Alors effectivement, tout ceci, on l’a déjà entendu des centaines de fois auparavant. Il n’empêche que c’est ici particulièrement bien fait et surtout extrêmement convaincant. De ces riffs parpaings qui vous écrase le visage, à ces accélérations providentielles sur lesquelles l’auditeur va pouvoir s’exciter à bon escient ("Towers Of Illness" à 1:21, l’entame musclée de "Until The Savior Returns" ou un peu plus tard à 1:45, les premières secondes de "Astral Nameless" et même encore brièvement un peu plus tard, "Unrelenting Nothingness" à 0:43...) en passant par ces passages lourdingues et vicieux typiques de la scène texane et naturellement taillés pour briser des nuques lentement dans un mouvement de va et vient particulièrement appuyé ("Towers Of Illness" à 1:23, "Until The Savior Returns" à 1:18, "Astral Nameless" à 0:49, le début de "Unrelenting Nothingness" ou encore à 1:13), on ne peut pas dire que ce Godless Voyage manque d’atouts à faire-valoir. À cela on peut également y ajouter ces quelques petites touches mélodiques bien senties, comme par exemple le sympathique solo de "Until The Savior Returns" à 1:42 (il est d’ailleurs dommage que le groupe n’en propose pas davantage) ou bien encore ces quelques notes de synthétiseurs aux sonorités vaporeuses (les premières secondes de "Towers Of Illness" ainsi que sur "Valley Of Suffering" à partir de 0:51). Bref, voilà une affaire plutôt bien menée.
Pour son premier EP, Tribal Gaze s’en sort donc très bien. Bon, on n’aurait peut-être pas craché sur davantage de brutalité et de séquences menées tête dans le guidon mais dans l’ensemble ces quelques tires se montrent suffisamment variés et dynamiques pour ne pas souffrir d’un quelconque manque de rythme. Quoi qu’il en soit, si vous chercher un Death Metal capable de vous fracasser le crâne comme il se doit, les petits gars de Tribal Gaze ne sont clairement pas là pour faire de la figuration et devraient pouvoir répondre à vos attentes. En attendant de voir de quoi seront capables ces Texans pour la suite, Godless Voyage constitue à n’en point douter une très bonne entrée en matière.
| AxGxB 11 Mars 2021 - 763 lectures |
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