Glassbone - Deaf To Suffering
Chronique
Glassbone Deaf To Suffering (EP)
Formé en 2021 à Paris, Glassbone est un groupe qui arpente la scène Hardcore depuis plus trois ans sans faire énormément de vagues. Il faut dire qu’entre son rythme de parution erratique (trois singles en trois ans) et une activité scénique elle aussi assez limitée (un Trabendo en première partie de Drain et Vein.fm, une participation au Paris Hardcore Fest ainsi que quelques scènes en France (Chelles, Hellfest) ou à l’étranger (Ieper Fest, Allemagne)), la formation n’est clairement pas l’une des plus actives ni l’une des plus plébiscitées. Une situation qui pourrait cependant être amenée à changer dans les les prochains mois grâce à la sortie encore toute fraîche d’un premier EP dont on risque bien de parler et cela pour plusieurs raisons.
Sorti il y a un peu moins de quinze jours d’abord sous forme numérique, Deaf To Suffering s’est vu proposer la semaine dernière un pressage cassette grâce au concours du label américain qui monte qui monte qui monte, Iron Fortress Records (Putred, Phlegmesis, Internal Decay, Deformed Christ, Festergore, Tenebro...). Une édition agrémentée pour l’occasion d’un titre supplémentaire puisque l’on y retrouve le morceau "Every Statue Falls" sorti initialement sous forme de single en février dernier. Afin de marquer le coup et attirer le chaland, les Parisiens ont fait appel à l’illustrateur italien Paolo Girardi pour réaliser l’artwork de ce premier EP. Une œuvre particulièrement sympathique (rehaussée par ce chouette logo signé Benoit Galeron) même si celle-ci semble recycler pas mal d’éléments empruntés à d’autres réalisations de l’homme aux slips.
Outre cette illustration engageante qui ne manquera pas de délier quelques langues en guise de préambule, Deaf To Suffering devrait surtout faire parler dans un premier temps ceux qui suivent de près la formation depuis ses débuts. Pourquoi cela ? Eh bien principalement parce que Glassbone a choisi de changer de braquet, laissant dorénavant de côté le Hardcore synthétique à fortes consonances industrielles grâce auquel il s’était fait jusque-là remarquer (une approche semblable dans les grandes lignes à celle de groupes tels que Jesus Piece, d’un Code Orange, d’un Knocked Loose ou d’un Vein.fm) au profit d’un Death Metal écrasant à la fibre Hardcore toujours très évidente.
Enregistré, mixé et masterisé par Thomas Crémier (Exhuminator, Hurakan, Psygnosis...) aux Soundblast Studios, ce premier EP bénéficie d’une production en béton-armé. Un son particulièrement costaud qui a le bon goût d’éviter les pièges inhérents à ce genre de productions modernes souvent synthétiques et sans âme. Une production massive qui sous un casque prend d’ailleurs une tout autre dimension. Musicalement, Glassbone a donc conservé l’ADN Hardcore de ses débuts avec tout un tas de plans et de gimmicks évoquant effectivement quelques-unes de ces formations mentionnées plus haut. De cette voix hurlée entendue sur "Post Mortem Declaration" à ces breaks assassins taillées pour briser des nuques et se mettre sur la tronche avec celui qui aura le malheur de croiser votre route ("Post Mortem Declaration" à 1:54, "In Your Guts" à 1:44 et 3:16, "Sanctified By The Blade" à 1:38 et 2:07, "Deaf To Suffering" à 2:00 et 2:43, de "Power Through Decay" à 1:32) en passant par toutes ces séquences chaloupées qui ne devraient pas manquer de vous faire remuer ("Post Mortem Declaration" à 0 :37, "In Your Guts" à 0:06, "Sanctified By The Blade" à 0:21 et 2:32, "Deaf To Suffering" à 0:40, les premières secondes de "Power Through Decay"), Deaf To Suffering ne manque clairement pas d’arguments pour convaincre l’amateur de pas de danse mouvementés et autres "move" Hardcore capables de faire transpirer.
S’il est ainsi davantage porté sur les mid-tempo et autres rythmes particulièrement lourdingues et écrasants, ce premier EP n’est pas exempt de coups de boutoir bien sentis et autres démonstrations de force relativement viriles. Quelques accélérations toujours assez brèves menées à coups de toupa-toupa et autres blasts et qui vont naturellement amener ce qu’il faut de contraste d’afin d’entretenir une certaine dynamique tout au long de ce gros quart d’heure pourtant bien plombé ("In Your Guts" à 1:32 et 2:54, "Sanctified By The Blade" à 1:17, "Deaf To Suffering » à 0:58 et 1:36, "Power Through Decay" à 1:51). Outre ces quelques coups de chaud, on appréciera également ces petites touches mélodiques dispensées avec parcimonie sous forme de leads et autres solos ("In Your Guts" à 1:08, "Sanctified By The Blade" à 0:57 et 2:43, "Deaf To Suffering" à 1:47...). Un moyen là encore pour les Parisiens de varier le propos et ainsi de nuancer subtilement tous ces instants "parpaings".
Pièce-rapportée sur la version cassette de ce nouveau EP, "Every Statue Falls" tranche seulement par sa production moins testostéronée et son growl légèrement moins profond et plus arraché puisque dans le fond ce titre paru en début d’année laissait déjà entrevoir de manière sérieuse la progression de Glassbone vers ce Death Metal imposant qui est désormais le sien. Une addition qui ne nuit en rien à l’homogénéité de Deaf To Suffering puisqu’il vous faudra avoir tout de même l’oreille bien tendue pour percevoir ces légères subtilités.
Passé d’un Hardcore métallique et industriel aux attributs synthétiques affirmés à un Death Metal de babouins tout en breaks et en groove, Glassbone a semble-t-il réussi sa transformation. On attendra de voir si le groupe parisien sera en mesure de conserver toute notre attention sur un format un petit peu plus allongé mais en l’état ces cinq / six titres s’avèrent particulièrement probants. Ainsi Deaf To Suffering s’impose rapidement comme une sortie de choix, déjà parce qu’elle permet à Glassbone de franchir un cap important, celui de ces groupes qui enchaînent les singles et nous font languir pendant des mois voire des années, ensuite parce qu’elle est tout simplement d’une efficacité incontestable et cela malgré une formule pourtant un peu limitée et redondante. Bref, préparez-vous à devoir ramasser vos dents car de son côté Glassbone n’est pas là pour faire semblant.
| AxGxB 18 Novembre 2024 - 421 lectures |
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