Une semaine après la chronique tardive de
Reeking Gunk Of Abhorrence et un petit peu moins de deux ans après une sortie qui n’aura pas manqué d’attirer l’attention de tous les amateurs de Death Metal baveux et putride, le duo anglais à la tête de Cryptworm revient aujourd’hui faire parler de lui avec sous le bras ce que beaucoup attendait de pied ferme, un premier album capable de faire durer un petit plus longtemps le plaisir. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, c’est une fois encore sous les couleurs des labels Me Saco Un Ojo Records (vinyle) et Pulverised Records (CD) que paraît en ce vendredi 11 mars 2022
Spewing Mephitic Putridity dont l’artwork a été confié pour l’occasion à l’Islandais Þorvaldur Guðni Sævarsson aka Skaðvaldur (musicien chez Graveater et Urðun et illustrateur de talent pour des groupes tels que Hellripper, Hexorcist, Koffin, Naðra, Nekro Drunkz, Ripped To Shreds et quelques autres encore...).
Si tous ceux qui savent déjà de quoi est capable Cryptworm ne se feront probablement pas prier pour poser leurs oreilles sur ce premier album, les autres, ceux qui sont encore dans l’ignorance de tout ce talent, ne manqueront pas d’être attirés par cet artwork verdâtre et ces cadavres rampants et décharnés qui à eux seuls préfigurent des atmosphères dégoulinantes qui planent sur ce premier essai longue durée affiché à seulement trente-trois minutes. Une durée contenue qui pourra probablement en frustrer quelques-un mais qui à néanmoins le mérite d’éviter une trop grande redite et donc que s’installe par la même occasion un sentiment de lassitude face à une formule qui d’un titre à l’autre va pourtant rester identique.
Pour draper ces huit nouvelles compositions de la meilleure façon qui soit, Cryptworm a une fois de plus fait appel à Árpád Szenti, musicien hongrois et collègue de Tibor Hanyi au sein de Mörbid Carnage, pour assurer le mixage et le mastering de ce premier album. À l’instar de
Reeking Gunk Of Abhorrence,
Spewing Mephitic Putridity jouit donc d’une production tout à fait idéale pour ce genre de Death Metal avec notamment des guitares toujours aussi grasses et abrasives, un growl profond et baveux et une batterie dépouillée et naturelle qui confèrent à l’ensemble une authenticité évidente ainsi qu’une forte impression de crasse et de moiteur dans laquelle l’auditeur va pouvoir se vautrer avec délectation.
Bien décidé à ne pas changer son fusil d’épaule, Cryptworm va donc se contenter de reprendre les choses là où il les avait laissé deux ans auparavant. Un choix qui personnellement me convient très bien puisque, souvenez-vous, je m’étais montré particulièrement enthousiaste au sujet de l’excellent
Reeking Gunk Of Abhorrence. À la manière d’un Cerebral Rot (les leads déglingués en moins) ou d’un Undergang à qui il me fait d’ailleurs de plus en plus penser, le duo anglais va reprendre le chemin de ce Death Metal putride et dégoulinant qui à défaut de chambouler quoi que ce soit ne devrait pas manquer d’enthousiasmer tous ceux chez qui ces quelques groupes à l’identité définitivement bien marquée évoquent la promesse de réjouissances particulièrement appétissantes.
Car derrière la relative simplicité de ces compositions, de leurs structures et de leurs riffs se trouve deux garçons qui ont tout compris, en tout cas de cette formule qu’ils défendent et de comment la dispenser. De ce riffing faisandé et particulièrement entêtant qui va permettre de nourrir ces ambiances de mort à ces alternances bien senties et tout à fait essentielles de passages lourdingues ("Immense Cerebral Decomposition" à 1:24, le début de "Premature Entombment", la première moitié de "Amorphous Transmutations"...) et d’accélérations aussi jouissives qu’efficaces ("Disgorged Chunks Of Life" à 1:35, "Immense Cerebral Decomposition" à 0:05, "Reduced To Liquified Mass" à 1:32, "Disembowelment (Draped In Gore)" à 1:01, les premières notes de "Spewing Mephitic Putridity"...) en passant par ces séquences absolument délicieuses au groove demilichien aussi absurde qu’irrésistible (l’entame de "Disgorged Chunks Of Life" puis plus loin à 0:42, les premières secondes de "Disembowelment (Draped In Gore)" ainsi qu’à 1:23, le début de "Septic Phlegm Asphyxia" ainsi qu’à 1:44, "Spewing Mephitic Putridity" à 0:23...) ou bien encore ce growl monocorde d’une profondeur abyssale et autres dégueulis vocal, rien ne manque et surtout tout est fait ici avec beaucoup de talent et d’efficacité.
Vous l’aurez donc compris, si
Spewing Mephitic Putridity ne surprend pas (que ce soit l’auditeur qui sait exactement de quoi il retourne ou bien le petit nouveau qui débarquera la bouche en coeur mais devrait rapidement y trouver ses repères), celui-ci confirme néanmoins que Cryptworm est de ces groupes sur lesquels il faudra désormais compter. Alors oui, vous avez tout à fait raison, le duo anglais n’invente rien et se contente de reprendre à son compte ce que d’autres ont déjà fait avant lui. En ce qui me concerne, cela n’a aucune espèce d’importance, surtout lorsque l’on est capable de pondre de telles compositions aussi redoutables d’efficacité et d’atmosphères. Car si le Death Metal de Cryptworm ne respire ni la grande intelligence ni l’originalité, le duo a su y apporter juste ce qu’il fallait pour rendre particulièrement addictive sa formule grâce à des riffs entêtants, une certaine nuance dynamique alliant effectivement lourdeur et brutalité, un groove tout à fait indécent et enfin des ambiances moites et putrides à l’image de cet artwork aussi dégueulasse qu’irrésistible. Bref, l’une des premières bonne surprises de ce début d’année.
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