Sulphurous - Dolorous Death Knell
Chronique
Sulphurous Dolorous Death Knell
Parmi toutes les engeances portées par une scène danoise aujourd’hui en pleine ébullition, une n’a pas encore été évoquée en ces pages. Il s’agit de Sulphurous dont les premiers pas remontent à plus de dix ans. C’est en effet en 2008 que le groupe voit le jour sous l’impulsion d’un certain Mathias Friborg. Si ce nom ne vous est pas inconnu c’est normal puisque le garçon gratte également les cordes de sa guitare chez Taphos et Hyperdontia. Aussi, après avoir végété quelques années, le projet semble enfin pouvoir avancer avec la sortie de sa première démo en 2012. Malheureusement les réjouissances seront de courte durée puisqu’il faudra attendre quatre années supplémentaires pour voir le groupe refaire surface à nouveau. Après un sévère remaniement de line-up ponctué par l’arrivée de Paweł Tunkiewicz (Apparatus, Hyperdontia, Phrenelith...), Sulphurous qui évolue depuis sous la forme d’un simple duo se met à enchainer les sorties. Après un court EP prometteur paru en 2017 (Abomination Temple), le groupe sort en fin d’année dernière son premier album via Dark Descent Records (CD), Extremely Rotten Productions (K7) et Night Shroud Records (LP).
Dans la continuité de ce que proposent déjà des groupes comme Hyperdontia, Taphos, Phrenelith ou Undergang, la musique de Sulphurous s’inscrit dans le registre d’un Death Metal à l’ancienne porté par une production un poil plus moderne signée ici des mains des deux seuls protagonistes de l’album. Les premiers noms qui viennent à l’esprit à l’écoute de Dolorous Death Knell sont Incantation et Dead Congregation (voir Lvcifyre) tant le riffing sombre et menaçant de Mathias et l’atmosphère qui s’en dégage en appelle à ces deux monstres du Death Metal. Clairement, l’originalité n’est pas l’atout premier de Sulphurous qui se contente de reprendre à son compte une formule depuis longtemps éprouvée. Faut-il alors tirer une tronche de six pieds de long, maugréer dans sa barbe qu’il y en a marre de ces pales imitations d’Incantation et que de toute façon les choses étaient mieux avant ? Et bien tout dépend évidemment de votre âge, de votre seuil de tolérance en la matière mais aussi de votre capacité à accepter tout ce qui sonne de près ou de loin comme du Incantation. Etant en ce qui me concerne plutôt ouvert sur la question de l’originalité, je ne suis pas du genre à m’offusquer d’une telle ressemblance, préférant toujours prendre une bonne dérouillée dans les dents plutôt qu’une leçon sur les bienfaits d’une personnalité épanouie.
On trouve donc tout au long de ces trente-trois petites minutes l’essentiel de ce qui fait le charme de ces deux groupes. Outre ce riffing torturé et particulièrement inquiétant ponctués par de nombreux leads et autres solos malfaisants (Sulphurous s’est néanmoins gardé de pousser le vice jusqu’à reprendre ces harmoniques sifflées si chères à McEntee), le Death Metal des Danois s’inscrit dans une dynamique relativement identique avec notamment beaucoup de passages extrêmement soutenus (Paweł Tunkiewicz continue d’impressionner grâce à un jeu puissant et varié alors que Mathias enchaîne les riffs sombres et sinistres avec tout autant d’hystérie) auxquels vont venir s’opposer des séquences moins éprouvantes dotées d’un certain sens du groove ("Mass Death Mass" à 2:16, "The Flickering" à 4:37...) ou tout simplement plus lourdes et écrasantes. Une construction rythmique tout en relief qui permet à Sulphurous de développer un tas d’atmosphères fuligineuses et menaçantes pendant plus d’une demi-heure menée le couteau entre les dents. Des morceaux relativement longs (à l’exception du contestable "Incoherent" qui du haut de ses quarante secondes n’apporte à vrai dire pas grand-chose) que les Danois font vivre et évoluer à l’aide de ces changements de rythmes bien entendu mais aussi de ces mélodies sinistres et diaboliques. Enfin, l’ambiance ne serait pas la même sans le growl profond et implacable de Mathias Friborg qui me fait pas mal penser à celui de T. Kaos de Lvcifyre. Un chant extrêmement puissant, situé légèrement en arrière-plan et occupant pourtant une bonne partie de l’espace sonore par un travail de réverb très bien pensé.
S’il manque effectivement un peu de personnalité, ce premier album de Sulphurous compense cette lacune par une puissance implacable et une nature sauvage absolument redoutable. Certes, Dolorous Death Knell n’est pas non plus l’album le plus brutal ni le plus impressionnant qui soit mais il se dégage néanmoins de ses trente-trois minutes une impression de force brute qui ne prête pas du tout à sourire. Ce disque constitue également une preuve supplémentaire que la scène danoise est sur le point de devenir depuis quelques mois l’une des plus intéressantes dans le genre avec notamment quelques sorties particulièrement gratinées que tout amateur de Death Metal à l’ancienne qui se respecte se doit de ne pas occulter. Vous êtes prévenus.
| AxGxB 20 Février 2019 - 879 lectures |
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