Hellspawn - The Great Red Dragon
Chronique
Hellspawn The Great Red Dragon
Histoire de ne pas changer les bonnes vieilles habitudes c'est une nouvelle fois en Pologne que nous allons nous rendre aujourd'hui. Encore un album de death polonais?! Eh oui! Le pays semble être un tel vivier en la matière que même les groupes de seconde zone parviennent à proposer des albums pouvant se targuer de rivaliser avec le haut du panier de la scène européenne voire mondiale. Je n'avais pour ma part jamais entendu parler de Hellspawn auparavant pourtant les Slaves n'en sont pas à leur coup d'essai puisqu'ils comptent déjà dans leur besace un premier full length « Child Of Hell » en 2010 ainsi qu'un split en compagnie notamment des frenchies d' Impureza (« Tworzenia, Resurrezione, Démence » en 2006). Contrairement à leurs confrères de Calm Hatchery récemment chroniqués par mon confrère Keyser et qui ne rechignaient pas à incorporer quelques éléments plutôt modernes à leur musique, Hellspawn - sans pour autant donner dans l'old school pur et dur - se révélera tout de même plus classique.
Le quatuor de Wieluń nous dessert donc ici un death metal sans fioriture fortement influencé par leurs illustres aînés à commencer par Vader ou encore Behemoth. Les riffs de la paire Garyga / Drosiński plutôt bien inspirés dans l'ensemble, construits sur ces bases death metal se fondent bien souvent d'influences thrash voire accessoirement black (« Revelation Of The Red Dragon »). Sans atteindre un degré de complexité extrême, ils possèdent une efficacité remarquable et ce dès la première écoute (ceux de « The First Banner In The Fields Of Devil », « Word Becomes Flesh », « Hellspawn » ou encore « Diabolic » la bien nommée vous resteront très vite en tête!). Soutenus par une assise rythmique privilégiant l'alternance (même si la part belle est donnés aux blasts tout de même) il ressort de l'ensemble un côté martial assez caractéristique des productions polonaises. Vous ne trouverez donc que peu de répit tout au long de ces dix titres - si ce n'est la petite interlude « Intro To The Revelation » - qui vous martèleront inlassablement les tympans jusqu'à la myringite. Robert Kolman, lorsqu'il ne s'appliquera pas à vous transformer en passoire à grand coups de blasts diablement efficaces sans être supersoniques (« The Dice Are Cast »), privilégiera l'exfoliation des conduits auditifs à grand renfort de double pédale (mention spéciale à « The Greatest King Among Demons » dont les saccades me font toujours un effet boeuf) accompagnant des riffs sachant se faire plus accrocheurs le moment venu (« Word Becomes Flesh » à 1'29, « Diabolic » à 33'', « The Greatest King Among Demons » à 1'35). Les amateurs de longue envolées guitaristiques seront néanmoins déçus, la paire de six-cordistes ne s'adonnant qu'à quelques leads assez courts et plutôt axés sur l'ambiance que sur la technique (« The First Banner In The Fields Of Devil », « Diabolic », « The Greatest King Among Demons »). La production puissante et claire permet d'éviter la bouillie sonore, conférant notamment aux guitares un son froid totalement en adéquation avec la musique de Hellspawn. Je serai plus mitigé quant au son de la batterie (spécialement des cymbales et la grosse caisse un peu sèche) mais ne disposant que de mp3 pour l'écoute je pense que le vrai CD corrigera ces quelques détails (je verrai quand je l'aurai en main propre). On pourra néanmoins regretter la quasi absence de la basse dans le mix, toutefois Mariusz Konieczny se rattrape amplement avec son growl guttural mais compréhensible (pas si éloigné de ça que Nergal) agrémenté de quelques percées dans les aigus fort à propos.
Le seul gros bémol réside dans le fait que le groupe ne varie que très peu sa recette au long de « The Great Red Dragon » qui finit par manquer quelque peu de surprise (« The Greatest King Among Demons », malgré sa qualité, donne un peu dans la redite et la piste de clôture « An Obelisk Of The World » restera comme la moins marquante de l'opus). Heureusement les titres sont assez courts (entre 2min30 et 3min en moyenne) et l'album compte – seulement – 27 minutes au compteur mais ce qui pourrait sembler trop court se révèle finalement être un avantage puisqu'au bout de ces dix titres la messe est dite. Pas besoin d'en rajouter au risque de donner dans le remplissage sans intérêt. « The Great Red Dragon » restera finalement comme une bonne surprise de ce début d'année qui, sans prétendre squatter le haut du podium pourra allègrement briguer les places d'honneur.
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