Rogga Johansson - Entrance To The Otherwhere
Chronique
Rogga Johansson Entrance To The Otherwhere
Malgré un emploi du temps de ministre lié à ses très nombreux projets qu’ils soient principaux ou secondaires, le productif suédois semble n’en avoir jamais assez et doit visiblement redouter de s’ennuyer ou de ne pas savoir quoi faire de son temps-libre. Du coup pour maintenir son activité musicale débordante celui-ci a décidé également de se lancer sous propre nom (mais toujours accompagné par son fidèle ami et batteur Brynjar Helgetun), histoire de limiter les contraintes artistiques et de pouvoir ainsi enregistrer encore plus de choses. Cela est chose faite depuis 2017 où le sympathique premier album intitulé « Garpedans » a vu le jour, et depuis cette date il n’a plus cessé d’enchaîner les sorties en solo car rien que depuis le début de l’année il a publié deux EP qui sont parus sous son propre label RJ Recordings, sans pour autant avoir un fort retentissement. Se donnant quelques mois de répit relatif le voilà qui aujourd’hui revient avec son second long-format, mais cette fois-ci via Transcending Obscurity dont le catalogue ne cesse de s’épaissir et de gagner en qualité. Si le scandinave a l’habitude de jouer plus ou moins la même chose depuis ses débuts il arrive quand même à produire des disques plus mémorables que d’autres, sans pour autant en faire des chefs-d’œuvre, ce qui est le cas de ce « Entrance To The Overwhere » qui sans donner envie de sauter au plafond a suffisamment d’arguments positifs pour s’écouter facilement.
Car en à peine plus d’une demi-heure il offre probablement une de ses réalisations les plus accessibles de toute sa carrière, et ce même s’il n’a jamais été réputé pour offrir des disques brutaux et radicaux. Les amateurs de Death bas du front seront en effet déçus vu qu’ici la musique pratiquée n’est pas particulièrement violente, pourtant au départ ce sentiment n’était pas présent avec le très bon et entraînant « The Re-Emergers » où le mid-tempo remuant côtoie facilement les moments plus lents comme ceux plus rapides Le tout étant pratiqué à la sauce de son créateur c’est-à-dire techniquement simplissime et prévisible où l’on sait de suite où chaque variation de rythme va tomber, mais cela n’est pas un souci finalement car au moins on sait où l’on va même si la suite va être plus inégale voire surprenante. Ce mot n’est pas choisi au hasard vu qu’on trouve ensuite des choses étonnantes pour un disque aux sonorités électriques, car on peut y entendre des notes de clavier qui fleurent bon le nostalgique Bontempi (sur le redondant « Till Bergets Puls ») et le plus conventionnel avec le répétitif et mitigé morceau-titre. Le summum étant atteint avec l’interlude « Berget Vaknar » où l’on se croirait plongé dans une ambiance au coin du feu, installé dans l’immense forêt suédoise à côté de sa fameuse stuga (cabane locale) à regarder le soleil qui ne se couche jamais ou presque pendant l’été, tout cela grâce aux notes de piano qui amènent une ambiance apaisante propice à la détente.
Heureusement au milieu de tout cela il y’a quand même pas mal de bonnes choses, en premier lieu avec le varié et sympathique « When The Otherwhere Opens » très accessible au demeurant, ainsi que la doublette « Giants Walking At Night »/« As Evil Seeps Out » qui reste calée quasiment sur toute sa longueur en mid-tempo subtil et efficace, complété par de légères et courtes variations. C’est également le cas de l’agréable et dépouillé « A Journey Into Fear » qui revient aux fondamentaux avec en prime de bonnes ondes bien agréables, pour un rendu qui passe tout seul. Mais afin de surprendre encore un peu son auditoire le père Rogga va garder pour la fin sa compo la plus longue intitulée « In The Grip Of Garpedans ». Partant sur une rythmique particulièrement lente et presque Doom elle montre aussi une facette plus sombre, sans pour autant varier sur la durée vu qu’aucune accélération ne pointe le bout de nez, seule une légère secousse tellurique rythmée amène un soupçon de variété, concluant les débats d’une façon originale et différente, à défaut d’être franchement grandiose et agressive.
En effet là-encore le blondinet ne marquera pas l’histoire du Metal avec ce nouveau volet de ses aventures, qui se contente de recycler ce qu’il sait faire de mieux, même s’il y ajoute un peu de nouveauté bienvenue. Parfait en fond sonore cet opus se révèlera malgré tout trop juste pour se démarquer de sa pléthorique discographie, et manque surtout de compositions mémorables qui auraient pu lui permettre de viser plus haut. C’était également sans compter sur un manque de puissance chronique (à cause notamment d’une production très compressée) où l’on aimerait que son créateur se lâche un peu plus et qu’il fasse quelquechose de plus couillu et de mordant. Mais malgré tout la faible durée générale conjuguée à un ensemble relativement fluide aidera à faire passer la pilule, même si à l’instar de nombre de ses collaborations et réalisations antérieures cet album prendra tout aussi vite la poussière et ne ressortira de son étagère que de façon exceptionnelle.
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