Falkenbach - …En Their Medh Riki Fara…
Chronique
Falkenbach …En Their Medh Riki Fara…
Petite mise au point : même s'il est le premier à voir le jour, cet album n'est pas le premier composé par Vratyas Vakyas pour Falkenbach. L'enregistrement d'Heralding - the Fireblade ayant précédemment été un échec, il ne sortira remis en boite qu'en 2005, devenant finalement le quatrième opus du one man band.
Qu'on se le dise, si le matin tu mets du viking dans ton metal, sache que tu n'as absolument rien inventé. Des hollywood-brutasses en fourrure de chez Amon Amarth (à côté desquels les Spartiates bodybuildés de « 300 » font clairement petits sexes) aux plus subtils Thyrfing, Moonsorrow et assimilés, on aura vu défiler dans nos enceintes toute la descendance de Siegfried et ses copains. Des hommages plus ou moins convaincants à une même culture auxquels vient s'ajouter celui de Falkenbach qui, étonnamment, affirme avoir en sa possession quelques clefs lui permettant d'éviter un bis repetita supplémentaire. Sa recette ? Vratyas Vakyas prend exemple sur son homologue Quorthon (Bathory, bande d'incultes) pour ce qui est de se poser seul face au vent, allant ensuite puiser dans son séjour islandais ce qu'il faut de mythes nordiques, puis y ajoutant une bonne dose de folk. Jusque là rien de démentiel, oui mais voilà : l'alliance contes & légendes / chants traditionnels est ici le véritable fer de lance du projet, dont les hymnes guerriers (de rigueur dans ce type de musique) s'immiscent dans le répertoire d'un jeune barde un peu immature, mais néanmoins poète.
Pour ce qui est de ce « premier » jet, la fougue du viking wanabe donne un ton forcément plus vigoureux et extrême aux compositions dont le côté black metal ressort le torse bombé et la tête haute, au pas de marche forcée. Le voilà le bon mid tempo qui met du baume au cœur et du cœur à l'ouvrage, parfaitement adapté lorsqu'il s'agit de voir du pays. Des exploits, des faits d'armes et des épopées, en bref un vrai petit guide du Cap'tain Drakkar, oui mais pas que. Si ici le maître mot est bien « épique », ce n'est pas celui des bourrins mais bien celui qui chante l'exile du héros, noble, triste et solitaire évidemment. Quoi de mieux pour instiller cette nostalgie un peu clichée que de bonnes rengaines, ressemblant étrangement à d'authentiques chansons populaires ? Une démarche qui n'est pas désagréable et qui fait mouche dès que Vratyas dégaine son chant clair. À la fois pur et juvénile, celui-ci porte des mélodies simples, mémorisables aisément, dont le côté un peu cheap cède face à la sincérité de l'interprétation. Quoi de mieux également que le renfort de flûtes, nappes de claviers et passages acoustiques pour accompagner avec entrain ce petit voyage.
Le dosage entre folk et black metal épique est déjà plutôt maîtrisé, bien que ce soit encore le second élément qui prédomine. Il y a cependant dans le riffing de Vratyas une « patte Falkenbach » qui permet de reconnaître instantanément sa musique. Il est chantant sur les tempi moyens (pas sautillant, c'est du sérieux), s'autorisant aussi quelques cavalcades plus classiques et viriles, comme par exemple sur « Leaknishendr ». Ce titre pose d'ailleurs de manière assez complète les bases de l'univers développé par l'Allemand : outre ces élans plus rapides, il y a au programme de ce morceau une accalmie toute en arpèges médiévaux et cristallins, un passage entraînant orchestré avec un goût certain pour le péplum et le ressac de la Mer du Nord, et enfin une de ces lignes de chant clair qui emballe le tout non sans un regard vers l'horizon et une passion sage pour la tradition. Pour les flûtes et autre vents il faut plutôt ce pencher du côté de la très folk « Asum Ok Alfum Naer… ».
Quoiqu'il en soit l'important c'est que l'on tape gentiment du pied, surpris de fredonner les quelques jolies mélodies revenant comme autant de leitmotivs. Mais tout n'est évidemment pas idillyque, comme cette partie finale sur « Heathenpride » (à partir 6 :00 environ), dont le pipeau bondissant est franchement ridicule, écueil d'un manque de maturité encore handicapant. L'album pèche également au niveau des structures, puisque les différents plans sont parfois juste apposés sans réelle transition, prouvant que Vratyas à découvert le bon filon mais n'est pas bien sûr du comment emboîter ces bonnes idées (en tête « Asum Ok Alfum Naer… » où une bête pause sépare chaque partie). Niveau production, pas grand-chose à redire : ce n'est pas là complexité qui vous étouffera, donc aucun problème pour distinguer les différents instrus. La puissance de feu n'étant pas non plus recherchée, on se retrouve avec un équilibre pépère qui distribue chant, guitares et instrumentations à parts égales, de quoi cerner le bestiau rapidement.
En résumé, Falkenbach s'invente un style personnel avec peu de choses, si ce n'est un chant et des mélodies particulières, un univers épique et folklorique dans un sens très classique du terme. Suffisamment simple ou simplement suffisant pour que j'adhère à son propos avant tout sincère et authentique. Globalement moins inspiré et caractéristique que ses successeurs, ...En Their Medh Riki Fara... n'en reste pas moins une mise en bouche sympathique.
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