Falkenbach - Tiurida

Chic, un nouveau Falkenbach ! Attendez une seconde que je réfléchisse… Depuis ses débuts, Vratyas Vakyas n'a cessé d'affiner son style en se faisant plus folk et traditionnel, parvenant sur Ok Nefna Tysvar Ty à en proposer une synthèse idéalement digérée et éclairée d'une nostalgie irrésistible. Avec Heralding – The Fireblade, dernier album en date du one man band (se voulant l'enregistrement tardif de ses premières compositions), il renouait logiquement avec son essence Black Metal. Un opus intéressant car développant des sonorités un peu plus variées, bien que mettant à nu les limites de son style, dont l'esprit moyenâgeux finissait par se mordre un peu la queue (hop-là je te ressors tel plan ou bien carrément tel morceau, et ce n'est pas la première fois). Aujourd'hui Tiurida, « La Gloire » : Falkenbach est-il ce vainqueur-là ?

Pas de suspense, vous avez vu la note. Cette fois-ci c'est dès l'intro que l'on se sent floué puisque l'on a déjà entendu ce même cor sur « Vanadis » (premier titre d'Ok Nefna Tysvar Ty) qui avait le mérite de ne pas trop faire traîner la chose en longueur et de la faire suivre d'un morceau digne de l'intérêt suscité par cet incipit brumeux. Non, là il faut se farcir la moins-à-propos-tu-meurs « ...Where His Ravens Fly... » (on a compris, Vratyas aime les points de suspension), aux allures de comptines pour colonie de vacance dans les Vosges (aïe le pipeau de « Tanfana », récidive instrumentale). Autant je pardonnerais volontiers un nouveau riff médiéval convenu pour retrouver une ambiance passéiste et digne, autant je sèche sur cette joyeuse désinvolture qui fait passer la musique du Teuton du côté poussif de la mince barrière qui jusque-là l'en gardait. Des mélodies déjà entendues, des structures au point mort, des chœurs et instrumentations folk en état de stase, bref on assiste bien à une complète stagnation stylistique au moment où il eu justement fallu relancer la machine par un twist audacieux. Bien sûr le bonhomme consomme sa passion avec ferveur et sincérité, et si l'on accepte cela il n'y a pas de raison pour que ce nouvel album déçoive tant son exécution est similaire aux préavis tantôt envoyés (avec des leads plus systématiques et un jeu de cymbales plus mis en avant peut être). Il n'y a guère que « Runes Shall You Know » qui me redonne envie de fredonner tristement les cheveux au vent, même si son thème principal tiens là encore du recyclage, moins dommageable car finalement très classique. Une bonne chanson suivie du titre « In Flames » (pardon pour le track by track) qui rappelle avec « Time Between Dog and Wolf » que Vratyas sait encore rugir, mais dont l'intérêt réside plutôt dans les arpèges au son moins acoustique que de coutume (ceux qui ce souviennent de « Homeward Shore » y verront une nouvelle référence). Enfin c'est sur « Sunnavend » que l'album se conclut, ultime – mais honnête – repompe (celle-là je vous laisse la trouver) de ce Tiurida décidemment peu glorieux.
Pourtant, rien de désagréable à son écoute, mais un ennui qui démange pour un album d'à peine quarante minutes. Si vous ne connaissiez pas encore la musique pratiquée ici, il y a des chances pour que vous adhériez à ces compositions en forme d'hymnes épiques et reposants à la fois. Leur charme tient comme à l'accoutumée sur des rythmes moyens (presque trop ici), des motifs chevaleresques très évidents, repris et déclinés suivants l'intervention de leads et d'éléments folks (vents ou guitare). La composante électrique y fonctionne généralement comme un accompagnement classique, ne proposant aucune brisure susceptible d'en faire un élément de premier plans. Ce dernier reste avant tout monopolisé par le chant clair de Vratyas, dont le bercement lisse et ingénu saura vous séduire.

Alors oui, Falkenbach fait du Falkenbach, et pour les groupies avec qui cela marche à tous les coups, la sauce devrait prendre à nouveau. Probablement la recette restera-t-elle inchangée au risque de devenir metal-variété, dont les occurrences se manifesteront alors avec une rigueur proportionnelle à mon indifférence. Ou votre impatience, mais il faut reconnaître que l'on a connu l'Allemand plus ambitieux dans ces choix d'orchestrations, plus généreux sur ses tempi, plus subtil dans l'emploi des instruments à vent, et finalement plus inspiré et poétique dans ses ambiances. Il manque ici le petit frisson qui vous raconte une histoire et, si simple soit-il, un état d'âme.

DONNEZ VOTRE AVIS