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Ragnarok Tour

Live report

Ragnarok Tour Dayazell + Wardruna
Le 18 Novembre 2016 à Paris, France (Trabendo)
Trois ans après un premier passage parisien remarqué en compagnie du groupe Àrnica, les Norvégiens de WARDRUNA étaient de retour dans la capitale en ce vendredi 18 novembre pour un concert annoncé complet depuis déjà plusieurs semaines. Il faut dire qu’avec la série télévisée Vikings, le nom de WARDRUNA a depuis largement dépassé les frontières strictes de la scène Metal à laquelle il reste pourtant associé de part le pédigrée de ses membres fondateurs, Kvitrafn et Ghaal, tous les deux ex-Gorgoroth.
Organisé par Garmonbozia, cette date a longtemps été annoncée sans première partie laissant ainsi les esprits les plus optimistes s’imaginer voir débarquer sur scène l’excellent projet qu’est Skuggsjá dans lequel on retrouve Kvitrafn (aka Einar Selvik), Ivar Bjørnson d’Enslaved et Lindy Fay Hella de WARDRUNA. Finalement, la première partie sera assurée par un groupe Français du nom de DAYAZELL qui, comme l’annonce leur label : « proposent une musique métissée, librement inspirée des répertoires anciens et traditionnels du monde ». De quoi assurer à tous ceux ayant trouvés une place, la promesse d’un voyage dans des terres ancestrales.

Pour ma part, j’arriverai au Trabendo assez tardivement, loupant ainsi une grande partie de la prestation des Toulousains. J’y découvre un groupe en costumes d’époque piochant aussi bien dans les habits traditionnels médiévaux que dans des vêtements a priori plus orientaux. Ce qui me surprend par contre bien davantage en arrivant dans la salle c’est, en dépit d’une assistance plutôt respectueuse, le très faible niveau sonore des instruments. Est-ce la difficulté de les sonoriser ou bien un choix du groupe ? Je n’en ai aucune idée mais de là où je suis, c’est-à-dire quelques pas après l’entrée, on entend presque davantage les gens parler dans le Trabendo que la musique folklorique de DAYAZELL. Quoi qu’il en soit et même si je n’ai rien vu ou presque de leur prestation, les Toulousains semblent avoir réussi à captiver une grande partie du public présent en ce vendredi soir. De quoi se préparer au voyage épique que vont proposer par la suite les Norvégiens naturellement très attendus de WARDRUNA.

Après avoir réussi à trouver une place correcte dans cette salle bondée qui, décidément, n’est pas la meilleure (scène en contrebas, marches, poteau...) dans ce genre de contexte (concert complet), les lumières finissent pas s’éteindre après seulement vingt minutes d’entracte. Les six musiciens de WARDRUNA arrivent rapidement sous les applaudissements d’un public d’ors et déjà conquis et prêt au voyage. Alors que chacun prend place derrière ses instruments dans l’ombre, voilà que surgit dans la lumière Eilif Gundersen et Einar Selvik. Tous les deux portent un énorme lur en bronze, sonnant ainsi de ses mêmes notes puissantes et menaçantes le début de ce fantastique voyage dans cette Norvège d’une autre époque.
Depuis le départ de Ghaal en 2015, Einar et Lindy Fay sont donc désormais les seuls maîtres à bord et surtout les seuls à chanter (les quatre autres musiciens assurent les backing vocals). C’est donc évidemment vers eux que sont braquées toutes les attentions du public. Comme DAYAZELL, les membres de WARDRUNA arborent des costumes d’époque. Simples et sans fioritures, ces derniers rendent compte d’une certaine austérité (gris, noir, brun) et sont portés pour rendre l’immersion en terre scandinave encore plus aisée. A son pied de micro, Einar a apposé son bâton de chaman mais c’est la seule vraie décoration apparente, la scène étant finalement très peu décorée. Pour ce qui est de la communication, les interactions avec le public qu’elles soient visuelles ou vocales seront extrêmement limitées puisqu’Einar n’adressera la parole au public parisien qu’à la toute fin du concert. Un choix qui n’a rien de dédaigneux de la part des membres de WARDRUNA et qui s’inscrit davantage dans une démarche de cérémonie païenne totale et hors du temps que rien ne doit venir interrompre.
De fait, WARDRUNA va ainsi enchaîner quinze titres de son répertoire allant piocher dans ces trois albums qui constituent la trilogie Runaljod. De Gap Var Ginnunga à Yggdrasil sans oublier le petit dernier Ragnarok, il y en aura pour tous les goûts. A vrai dire, ma seule inquiétude concernait globalement le rythme et ma capacité à m’immerger dans l’univers des Norvégiens sur scène. Finalement, j’ai bien vite compris que ni l’un ni l’autre ne serait un problème. En dépit d’une première partie tournée essentiellement sur les titres de Ragnarok - peut-être parmi les plus atmosphériques de la discographie de WARDRUNA - on ressent tout de suite une force et une puissance incroyable à l’écoute de cette musique vibrante et sincère. Chargés d’histoires, de symboliques et d’images fortes propres à chacun d’entre nous, les notes que nous renvoies ces instruments que je ne connais pas pour la plus part d’entre eux (tambours ceints de peaux de cerfs, lyre kravik, tagelharpe, violon Handanger, corne de chèvre et corne de brume, lur, guimbarde…) ainsi que ces voix remarquables (celle d’Einar Selvik reste ma préférée, à la fois belle , menaçante et mélancolique) vous poussent inéluctablement dans un état de pure contemplation. Il faut dire que la qualité du son est remarquable, notamment concernant les voix qui sont aussi justes et puissantes que sur album. A tel point que j’en viens à me demander si le groupe ne joue pas en playback tant l’ensemble frise la perfection en terme de rendu. Bluffant.
Passé une cinquantaine de minutes, on note une subtile mais évidente monté en régime. Un niveau d’intensité devenu plus fort au fur et à mesure que nous approchons de la fin de ce set poignant et sincère et évite à l’auditeur la perte d’attention. Ainsi, après un « Odal » puissant où l’on retrouve ces samples d’enfants, Einar Selvik prend enfin la parole pour s’adresser au public. Quelques minutes durant lesquelles il va remercier les gens de s’être déplacés ce soir, expliquant que le groupe et lui continuent d’être étonnés de voir autant de monde assister à un concert de musique nordique, précisant que WARDRUNA serait bientôt de retour en France et introduisant ainsi le dernier titre de la soirée, le superbe "Helvegen" (quel final !).

Ainsi, après cette heure et demi incroyable, WARDRUNA tire sa révérence littéralement devant un public absolument conquis. J’ai rarement entendu des applaudissements aussi fournis et chaleureux entre chaque morceau. Les Norvégiens ne feront pas de rappel mais on ne leur en veut pas après autant de temps passés sur scène. Le seul regret concerna la configuration de la salle qui ne permet pas de jouir des concerts comme nous le devrions, cherchant tant bien que mal (malgré mes 1m87) à apercevoir ce qui se passe sur scène. Ah et si les gens en concerts pouvaient arrêter de se sentir obligé de jouer au cinéaste (toi la nana qui filme pendant près de 10 minutes, va bien chier) avec leurs téléphones portables, je pense que ça arrangerait tout le monde (encore plus quand les gens galèrent à voir ce qui se passe sur scène).

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