Ebola - Infernal Revelation
Chronique
Ebola Infernal Revelation
Comme le disait ce cher von_yaourt dans sa chronique de Non Opus Dei, la scène death metal polonaise n'a plus le rayonnement dont elle bénéficiait il y a une dizaine d'années. Un constat un peu dur mais pas tout à fait erroné. Pourtant, elle reste à mes yeux l'une des meilleures d'Europe, notamment dans la profusion de combos de qualité qu'elle propose. Les éternels Vader et Behemoth n'ayant jamais fait partie de mes groupes préférés, c'est surtout auprès de formations plus underground que je trouve de quoi sustenter ma soif de blasts et de blasphèmes. Et dans cette masse grouillante de groupes liés par un son reconnaissable au premier coup d'oreille, les confidentiels Ebola ont su capter mon attention grâce à leur album Infernal Revelation sorti en 2007 chez Old Temple.
Livret volant photocopié en noir et blanc, digipack numéroté à la main (j'ai le 746) aussi fin qu'une blague de Jean-Marie Bigard, membres inconnus au bataillon, le trio fleure bon l'underground et le DIY. Formés en 2000 et déjà auteurs de quatre démos, un split avec les thrasheux de Bloodthirst et une compilation, les Polonais n'en sont pourtant pas à leur coup d'essai. Une petite expérience que l'on ressent bien sur ce premier full-length d'une efficacité redoutable. Le death metal d'Ebola va en effet droit au but et ne s'encombre d'aucun artifice, tout juste laisse-t-il la place à quatre brefs interludes aux samples indus concoctés par leurs compatriotes de Horologium. Des interludes sombres et menaçants pas très intéressants d'ailleurs car trop monotones (les deux derniers, "Death With Us" et "Final Execution", se révèlent heureusement un peu plus variés). Et puis la musique se suffit à elle-même, pas besoin de samples d'ambiance. Dépassant rarement les trois minutes, les morceaux se font courts, directs et efficaces, avec ce côté virulent et evil typique de la scène nationale. Blasts et riffs blasphématoires sont ainsi au programme, auréolés d'une production adéquate crue et agressive comme je les aime qui fait son petit effet. Le son de batterie naturel donne notamment plus d'impact aux nombreux blasts, un vrai bonheur, d'autant que les riffs par-dessus, à défaut de sonner neuf, s'avèrent assez jouissifs. Ebola joue vite la plupart du temps, sans tomber dans l'excès toutefois, évitant ainsi de sombrer dans la répétitivité et lui permettant de garder un visage humain. Du blast donc, mais pas que, le trio infernal nous livre aussi du thrashy entraînant (les débuts d'"Infernal Revelation" et "Burn The Holy Bible", "Z.G. Slaughter" à 0'22, "Death To All!" à 0'46, etc.), des mid-tempi parfois un peu banals mais toujours efficaces (le riff principal de "Z.G. Slaughter", les intros de "Ebola: Plague Devouring Dhristianity", "Desecrated Messiah" et "Death To All!", "Unholy Prophet" à 0'38, "Vomit On Crucifix" à 2'13...), ainsi que deux-trois breaks plus lents ("Unholy Prophet" à 1'12, "Desecrated Messiah" à 2'11, "Vomit On Crucifix" à 0'15 et 2'05). Bref, que du classique mais peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse, n'est-ce pas? Et l'ivresse vous l'aurez, croyez-moi, surtout qu'au-delà de l'ambiance blasphématoire et du ratio de blast satisfaisant, Ebola nous offre une basse classique mais bien audible, quelques solos bien branlés apportant la petite touche de mélodie et certains riffs aux relents black metal appréciables ("Burn The Holy Bible" à 1'11, "Desecrated Messiah" à 0'28, l'ouverture d'"Unholy Prophet"). Mais le vrai plus, c'est le chant, malgré à nouveau le manque d'originalité. Ces growls vomis et haineux, accompagnés de shrieks, moi ça me parle! À noter enfin la présence de deux guests: Zyklon d'Infernal War/Iperyt, qui vient poser quelques solos, et Belial des blackeux de Moontower au chant sur"Secular Order".
Ebola est l'exemple même du groupe qui ne réinvente rien mais qui fait les choses bien. Certes trop court (27 minutes!) et sans grande personnalité, Infernal Revelation n'en reste pas moins un album de death metal ultra efficace, haineux et blasphématoire comme il se doit, qui fait du bien par où il passe. C'est bête et méchant (à l'image des paroles clichées de "Z.G. Slaughter", jugez un peu: Running wild with no remorse/we are furious terror squad/Metal is the way of life/ crush the posers/make them die ou we spit on the foolishness of masses, rule in hell not serve in heaven/Drinking, fucking and headbanging/That's the way we live our lives) et c'est ça qui est bon! Na zdrowie!
| Keyser 10 Mars 2011 - 1925 lectures |
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