Authorize - The Source Of Dominion
Chronique
Authorize The Source Of Dominion
De tous ces groupes suédois qui ont émergé à la fin des années 80 ainsi qu’au début des années 90, Authorize n’est probablement pas le plus connu. Paradoxalement, grâce aux différents moyens de communication aujourd’hui à notre disposition et grâce au travail de certains labels dédiés à l’exhumation de sorties oubliées, il se pourrait que ces mêmes groupes bénéficient aujourd’hui d’une exposition bien plus globale qu’à leur époque...
Saluons ainsi une fois encore le label américain Dark Symphonies pour ses rééditions de qualité qui ont toujours pris soin de rester le plus fidèle possible aux versions originales (artwork identique, remastering respectueux) tout en y apportant tout un tas d’informations (interviews, liner notes, photographies...) et de contenu supplémentaires (souvent par le biais de démos proposées en guise de bonus). Bref, du beau travail qui mérite le respect d’autant que bien souvent celui-ci permet de mettre en lumière des groupes largement méconnus.
Originaire de Söderala dans la région de Gävleborg, la formation suédoise voit le jour en 1988 d’abord sous le nom de Morbid Fear. Après une première démo intitulée Darkest Age (incluse ici à l’issu des titres de ce premier album), le groupe décide de changer de nom et opte alors pour celui d’Authorize. Une transition qui se fera sans heurt même si pour l’occasion le guitariste Larssa Johansson en profitera pour abandonner son rôle de chanteur au profit d’un nouveau venu du nom de Thomas Ek. La première production d’Authorize sortie en 1990 sera un split en compagnie de Nirvana 2002 et des thrashers d’Appendix et Fallen Angel. Un an plus tard, les Suédois passent à la vitesse supérieure avec la sortie sur le label français Putrefaction Records (structure fondée par André Lemesle sur lequel sont notamment passés Agathocles, Arcturus, Nomed (évidemment) ou Order From Chaos) de leur unique album intitulé The Source Of Dominion.
Si l’artwork un brin naïf signés Per Stjernström et Krister Björklind à de quoi faire sourire et laisse suggérer qu’effectivement nous sommes ici en compagnie d’un groupe de seconde division, cette oeuvre - couplée à cette longue introduction tout au synthétiseur - à au moins le mérite de poser les bases d’une ambiance inquiétante sur fond de clair de lune. Alors effectivement, ce n’est peut-être pas aussi saisissant et immersif qu’une oeuvre de Dan Seagrave mais bon, avouez qu’elle a quand même un peu de charme non ?
Musicalement, Authorize n’a évidemment rien inventé. La formule que le groupe va ainsi distiller tout au long de ces morceaux se rapproche beaucoup de ce que l’on a déjà pu entendre chez ses compatriotes de God Macabre, Toxaemia, Wombbath, Gorement et Grave. C’est à dire un Death Metal volontaire, jamais trop rapide mais néanmoins marqué par de nombreuses accélérations menées essentiellement à base de tchouka-tchouka toujours aussi entrainants et dynamiques ainsi que par tout un tas de ralentissements au groove lourdingue et un brin pataud. Une dualité qu’Authorize se plait à entretenir sur chacun de ses morceaux afin d’apporter davantage de profondeur et de relief à des compositions qui à défaut de pouvoir rivaliser avec celles des grands ténors de la scène suédoise, n’en gardent pas moins un véritable intérêt.
Car en dépit de ses qualités et de l’attrait qu’il peut revêtir pour les amateurs de vieilleries scandinaves, The Source Of Dominion se caractérise également par de nombreuses petites imperfections qui déjà à l’époque n’ont probablement pas dû aidé Authorize à se faire une place parmi l’élite mais qui, comme cet artwork, lui donne pour ma part un certain charme. Par exemple cette production qui loin d’être mauvaise, bien au contraire (le son des guitares et la place laissée à la basse ont de quoi tous nous réjouir), porte malgré tout les stigmates de son époque et traduit autant le manque de moyens que d’expertise de l’ensemble des protagonistes (c’est surtout vrai pour cette batterie un brin maigrelette qui n’aurait pas souffert d’un peu plus de puissance et d’attaque) et cela malgré un remastering signé Dan Lowndes. Ces solos mélodiques qui manquent d’un soupçon de feeling et paraissent parfois un poil forcés comme par exemple sur "Silent Nocturnal Symphony" à 1:59, "Broken Hypnosis" à 2:27, "Subconscious Nightmare" à 2:21, "Darkest Age" à 1:37, "God Of Christianity" à 2:41 ou "Within The Obscurity Of Tormention" à 4:11. Enfin, on pense également à ce clavier assez peu utilisé mais aux sonorités particulièrement désuètes ("Intro", "Broken Hypnosis", "Infanticide", "Nothingness") qui ainsi ne laisse aucun doute planer quant à la date de conception de cet unique album.
Avant de conclure cette chronique, évoquons rapidement les quelques titres bonus proposés par Dark Symphonies dans le cadre de cette réédition.Tout d’abord l’unique démo de Morbid Fear intitulée Darkest Age et sortie en 1990. À l’exception d’une introduction et du titre "Thy Kingdom" qui va servir de conclusion purement instrumentale, on y retrouve les titres "Broken Hypnosis", "Darkest Age" et "Mindless Confusion" dans des version beaucoup plus thrashisantes. D’ailleurs, comme évoqué un peu plus haut, c’est le guitariste Larssa Johansson qui tient ici le micro avec un chant beaucoup moins profond et bien plus orienté Thrash. Naturellement, la production est également plus sommaire ce qui confère ainsi à l’ensemble un côté plus primitif et sauvage. Un bon début (en tout cas pour l’époque) mais qui ne tient pas la comparaison face aux relectures proposées l’année suivante sur The Source Of Dominion. On trouve également une troisième version du titre "Darkest Age", plus Death et moins Thrash, proposée à l’origine sur le split en compagnie de Nirvana 2002, Appendix et Fallen Angel et avec cette fois Thomas Ek au chant. Sympathique là encore même si on lui préférera la version proposée sur album.
Boudée voir complètement ignorée à cause de tout un tas de raisons plus ou moins valables (circuit de distribution probablement beaucoup trop léger, promotion compliquée, concurrence impitoyable, nombreuses petites d’imperfections...), il n’y a rien d’étonnant à ce que le nom d’Authorize n’ait jamais vraiment circulé dans les milieux autorisés (hin hin) et que le groupe ait choisi d’en rester là après ce premier galop d’essai. Pour autant et en dépit de tous ces petits défauts évoqués un petit plus haut, je trouve que The Source Of Dominion est un album particulièrement solide encore aujourd’hui. Le riffing est en effet loin d’être anecdotique et fait preuve d’une efficacité constante tout en réussissant à poser des ambiances sombres et inquiétantes plutôt bien senties alors que d’une manière générale l’album se montre particulièrement dynamique et varié sans pour autant friser l’hystérie. Alors oui, malgré le travail de remastering, ce premier album porte sur lui le poids des années qui passent et souffrent évidemment de la comparaison avec les grands noms de l’époque mais pour autant, il reste encore aujourd’hui tout à fait légitime et extrêmement plaisant. Il serait donc bien dommage de s’en priver si vous êtes du genre curieux et à aimer gratter les fonds de caves en quête de pépites (mal dégrossies) oubliées.
| AxGxB 1 Mars 2021 - 731 lectures |
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