Phobophilic - Undimensioned Identities
Chronique
Phobophilic Undimensioned Identities (EP)
On ne va pas se mentir, réussir à signer sur un label dont la réputation n’est plus à faire est bien souvent le gage d’une visibilité accrue. C’est en tout cas ce qui est arrivé aux Américains de Phobophilic dont les deux premières démos parues respectivement en 2017 et 2019 sont passées relativement inaperçues. Il faudra alors attendre l’arrivée du groupe dans les rangs du label suédois Blood Harvest Records pour que les choses se décantent un peu et que le nom du groupe commence à circuler dans les milieux autorisés.
Intitulé Undimensioned Identities, ce premier EP sorti il y a un tout petit peu moins d’un an au seul format cassette s’est vu proposer en février dernier un pressage vinyle et CD naturellement bienvenue. Pour ce dernier, il est à noter que le label américain Rotted Life Records (Exaugurate, Coagulate, Coffin Rot...) est également de la partie. Enfin, outre le sympathique logo réalisé par l’Australien Festering Phlegm (Bloodsoaked Necrovoid, Cavurn, Charnel Altar...), on appréciera également l’artwork chargé, pour ne pas dire brouillon, signé des mains d’un illustre inconnu baptisé Bloodthrower.
EP oblige, nous sommes ici sur un format relativement court. En effet, avec ses seulement quatre morceaux, Undimensioned Identities n’arrive même pas à accrocher les vingt minutes. Autant vous dire que "la question elle est vite répondue" comme il se dit sur Internet. Pas le temps de niaiser donc et ça Phobophilic l’a bien compris. Ainsi bien décidé à ne pas perdre de temps, le groupe originaire de Fargo (oui, comme le film des frères Coen) va poser ses attributs sur la table, profitant tout de même de l’occasion pour soigner son entrée. Pour se faire, le groupe va parer ses instruments d’une production épaisse et particulièrement abrasive qui au-delà de mettre tout le monde d’accord dès les premiers accords de "That Which Swallowed The Sun" va également insuffler un brin de caractère à ce qui pour beaucoup sera la porte d’entrée au Death Metal de Phobophilic.
Comme ses compatriotes de Coagulate dont on a récemment causé ici même, le groupe américain n’entend pas bouleverser le cours des choses avec son Death Metal à l’ancienne mais tout simplement se faire plaisir en reprenant à son compte ce que d’autres ont fait avant lui. Le groupe qui vraisemblablement ne jouit pas d’une expérience des plus significatives s’en tire donc avec les honneurs et même davantage tant la formule, aussi simple et convenue soit-elle, parait ici maitrisée sur le bout des doigts. Comme évoqué un peu plus haut, on appréciera en premier lieu, outre cette production fort sympathique, l’énergie déployée par Phobophilic tout au long de ces dix-huit minutes. Un sens de l’action rappelant quelque peu leurs ainés de Morgue et qui passe ici par des compositions très dynamiques marquées par un riffing affûté et ultra efficace et des séquences particulièrement musclées menées à coups de blasts et autres accélérations fulgurantes ("That Which Swallowed The Sun" à 0:23 ou 1:51, le début de "Subterranean Miscreation" ou bien encore à 2:00, "Diminished To Unbeing" à 0:20, "Synaptic Vessel" à 0:54). On appréciera également ces quelques moments plus en retenue qui permettent d’apporter du relief à l’ensemble et ainsi varier les plaisirs le temps de passages plus lourds ("That Which Swallowed The Sun" à 0:30, le début de "Synaptic Vessel", etc), plus groovy (notamment sur "That Which Swallowed The Sun" mais également sur "Subterranean Miscreation" à 2:29) ou même plus mélodiques comme avec ce chouette solo posé sur "Synaptic Vessel" à 3:18). Bref, vous avez compris l’idée, il y a bien quoi de faire durant ces dix-huit minutes rondement exécutées.
A l’heure de faire les comptes, Undimensioned Identities s’avère être une bonne petite surprise qui a défaut renverser l’ordre établi va permettre de passer un bon petit moment en compagnie d’un groupe vraisemblablement prometteur. Pour le coup, Blood Harvest a encore eu le nez creux. Il n’y a plus maintenant qu’à espérer que le groupe transforme l’essai le temps d’un album que l’on souhaite au moins aussi réussi. En attendant, on ira se pencher sur leur split avec Sedimentum sorti il y a peu et dont je vous parlerai une fois que celui-ci sera arrivé dans ma boîte aux lettres.
| AxGxB 4 Septembre 2020 - 666 lectures |
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