Difficile d’exister au sein d’une scène aussi concurrentielle et saturée comme l’est de nos jours la scène Death Metal. Certes, Cruciamentum n’a plus à se tracasser à l’idée de se faire un nom parmi toutes ces nouvelles formations qui voient le jour quotidiennement mais dans un monde qui bouge aussi vite que le nôtre et où les gens se donnent rarement la peine de patienter pour quoi que ce soit, six années d’absence peuvent très vite s’avérer préjudiciables. Cependant et à l’instar d’un Dead Congregation que l’on attend tous de pied ferme, pas sûr que ce genre d’assertion s’applique à une entité à la réputation aussi bien ancrée que celle de Cruciamentum. Une entité devenue depuis quelques années un projet mené à l’international puisque si son histoire a bel et bien débuté à Londres en 2007, les nombreux changements de personnels ont finalement eu raison de son identité géographique. Celle-ci réunit ainsi aujourd’hui dans ses rangs deux anglais (Daniel Lowndes et Daniel Rochester) mais aussi deux américains puisque Chris Eakes (Exaugurate...) et Matthew Clark Heffner (Cemetarian, Imprecation, Oath Of Cruelty...) ont effectivement rejoint les rangs de la formation en 2019 et 2023.
Des mains de ce line-up partiellement renouvelé vient de paraître ce deuxième album intitulé
Obsidian Refractions. Une sortie effectuée une fois de plus sous la bannière du label canadien Profound Lore Records et qui pour l’occasion voit Cruciamentum réitérer certaines de ses précédentes collaborations sans pour autant manquer de solliciter l’expertise de nouveaux intervenants. Si Dan(iel) Lowndes s’est bien évidemment chargé du mastering de ces quelques compositions, le mixage et le re-amping ont été confiés là encore à Greg Chandler. C’est donc surtout du côté de l’illustration que les choses ont changé puisque le groupe a cette fois-ci mandaté Dávid Glomba afin de réaliser l’artwork de ce nouvel album. Comme à son habitude, le Slovaque nous offre une œuvre des plus réussies et c’est ainsi plus enthousiaste que jamais (les quelques extraits diffusés au préalable n’ont pas manqué d’y contribuer) que l’on se lance alors dans la découverte de cette sortie qu’à vrai dire nous n’attendions plus...
Naturellement après six ans d’absence (et huit depuis son premier album) il était tentant d’imaginer que certaines choses auraient pu changer du côté de Cruciamentum. Cependant, force est de constater que ce n’est pas le cas puisqu’en dehors des quelques points évoqués précédemment, le Death Metal de la formation semble se contenter de reprendre les choses là où elle les avait laissées en 2015 après la sortie du très bon
Charnel Passages. Une continuité d’ailleurs largement suggérée par l’intitulé de ce premier titre qui effectivement ne pourrait pas faire plus évident même s’il le souhaitait... Bien entendu, certains trouveront sûrement à y redire mais en ce qui me concerne, cette absence de prise de risque me convient tout à fait.
Si la découverte de ces quarante et une minutes ne réserve donc aucune surprise, on terminera néanmoins l’écoute de ce deuxième album avec la certitude d’avoir entre les mains un disque particulièrement solide voir meilleur que son prédécesseur. Car Cruciamentum n’a en effet strictement rien perdu de son talent et continue, porté par cette production à la fois puissante et moderne qui à le bon goût de ne jamais trop en faire, à dérouler un Death Metal d’excellente facture ne nécessitant pas plus d’une écoute (allez, disons deux pour les plus indécis) pour être totalement validé.
Prenant le temps de formuler ses ambitions, le groupe n’a pas hésité ici à étirer encore davantage ses compositions, notamment
"Charnel Passages" et "Drowned" qui flirtent respectivement avec les huit et dix minutes. Pour autant, si les formats se sont de nouveau allongés, Cruciamentum n’a rien perdu de sa puissance de feu puisqu’il continue en effet de délivrer un Death Metal mené essentiellement le couteau entre les dents. Bien entendu ces durées qui s’étirent sont l’occasion pour le groupe de nuancer son propos, d’étoffer ses atmosphères toujours aussi sombres et fuligineuses et finalement d’amener du relief à ses compositions. Parmi ces ralentissements et autres séquences plus atmosphériques on retiendra par exemple les premières mesures de l’excellent
"Charnel Passages" ou encore cette transition entamée dès 4:17, les deux premières minutes de "Necropolis Of Obsidian Mirrors" suivi par cette conclusion bien plombée, cette séquences entamée dès 2 :14 sur "Scorn Manifestation" et menée à grand renfort de nappes synthétiques et bien entendu tous ces moments entendus sur "Drowned", pièce-maitresse qui clôture
Obsidian Refractions et dont la dynamique va régulièrement fluctuer tout au long de ses dix minutes.
Album habilement contrasté,
Obsidian Refractions n’en conserve pas moins panache et brutalité. A ces moments moins soutenus viennent naturellement s’opposer nombre de séquences plus radicales menées à grands coups de blasts et autres démonstrations de force. Une cadence pour le moins appuyée qui devrait à n’en point douter réjouir tous ceux qui estimaient que depuis la sortie de
Charnel Passages le groupe avait quelque peu perdu en intensité. Car de
"Charnel Passages" à 1:48, 3:28 et 5:38 à "Abhorrence Evangelium" mené pied au plancher quasiment tout du long en passant par "Necropolis Of Obsidian Mirrors" à 1:41, 4:01 et 5:14, "Scorn Manifestation" à 0:09, 0:48 et 3:26 ou "Interminable Rebirth Of Abomination" à 1:05, 1:39 et 3:58, on ne peut pas dire que Cruciamentum ait choisi de lever le pied. Des coups de boutoirs violents et bien viriles qui ne manqueront pas de remettre le nom de Cruciamentum sur toutes les lèvres en suscitant au passage de nombreux sourires de satisfaction. Oui, la formation anglo-américaine a effectivement pris tout son temps pour nous revenir mais une chose est sûre, ce retour aux affaires n’à rien de timoré, bien au contraire. La liste des bonnes choses et autres atouts ne s’arrête pas là puisque l’on peut également évoquer le soin apporté aux solos et autres leads mélodiques (dont certains participent à l’intensité de l’ensemble) que l’on va retrouver disséminés tout au long de ces quarante et une minutes tout comme le growl de Chris Eakes moins poussif que celui de Daniel Lowndes qui était assurément l’un des "points faibles" de son prédécesseur.
Bref, vous l’aurez compris, ce retour de Cruciamentum est certainement à marquer d’une pierre blanche car on tient là un disque encore un petit peu plus solide que son prédécesseur. On aurait pu penser que toutes ces années d’absence et ces changements de line-up a répétition auraient eu raison du groupe, que ce soit de sa motivation ou bien encore de sa capacité à se surpasser, mais il faut bien se rendre à l’évidence que celle-ci nous est revenue plus en forme que jamais. Certes, comme beaucoup d’autres formations contemporaines, Cruciamentum n’a rien inventé en continuant de piocher allègrement du côté d’Incancation, Immolation et quelques autres têtes bien connues pour son riffing et ses atmosphères mais il est néanmoins difficile de ne pas se montrer dithyrambique et extrêmement enthousiaste à l’égard de ce
Obsidian Refractions mené effectivement d’une main de maître. Attendu au tournant, Cruciamentum vient remettre les pendules à l’heure d’une bien belle façon. Parfait pour clôturer cette année 2023 particulièrement chargée.
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